La famine de 1932-1933 en URSS
Après le Parlement européen en 2008, c’est le Bundestag (chambre basse allemande) qui, en 2022, a adopté un texte condamnant le prétendu "Holodomor" comme un génocide très meurtrier. De quoi s’agit-il ?
A l’hiver 1932/1933 l’Urss a connu une famine (ou une grosse disette, les historiens varient), qui a fait des victimes en Ukraine, au Kazakhstan et dans les républiques du nord du Caucase, la récolte de 1932 ayant été catastrophique. Alors que les diplomates occidentaux n’en ont rien fait à l’époque, les Nazis ont accusé le gouvernement soviétique d’avoir sciemment provoqué cette famine pour se débarrasser de paysans ukrainiens rétifs à la collectivisation, sans jamais mentionner le fait que l’Ukraine fut loin d’être la seule république soviétique touchée.
Pour planter complètement le décor, il faut d’abord rappeler, ce sera important dans la suite, que la RSS d’Ukraine ne comprend, à l’époque, que la partie est (avec Kiev), mais que les régions de l’ouest (Galicie, Ruthénie, Volhynie) font partie majoritairement de la Pologne et minoritairement de la Tchécoslovaquie et la Hongrie.
Enfin, de sa formation originelle au Xème siècles jusqu’aux XIXème et XXème siècles, la Russie a connu un long passé de famine (plus de 400 recensées). Nourrir une population nombreuse sur un territoire aussi étendu a toujours constitué un casse-tête pour des pays longtemps confrontés, avant leur développement industriel, aux famines dites “d’ancien type”, et l’URSS a dû se confronter à cette question. Après la guerre civile, en 1922, Lénine a mis en place la NEP (Nouvelle Economie Politique) qui impliquait une réintroduction de privé capitaliste dans certains secteurs. Or, si la NEP produisit une certain dynamisme économique, elle ne permit pas d’éradiquer le fléau, comme en témoignent les famines de 1924 et 1928, ce fut une des raisons qui poussa les dirigeants soviétiques et notamment Staline à en terminer avec la NEP et à lancer la collectivisation des terres. Et, pour citer l’historien états-unien Mark Tauger, spécialiste de l’histoire de l’agriculture : « De fait, après la famine de 1932-1933, il n’y eut pas d’autres famines majeures avant celle de 1946, qui se situait dans les difficiles conditions de l’après-Seconde Guerre mondiale Autrement dit, ce n’est pas la collectivisation qui a créé la famine, mais c’est au contraire la collectivisation qui l’a éradiquée. » (1)
Quelques avis de personnalités peu soupçonnables de philosoviétisme
Beaucoup d’informations n’étant pas accessibles en France, il faut aller les chercher à l’étranger. Les fonds publiés du Foreign Office « sur l’Ukraine et la grande famine de 1932-1933 » (2) évoquent une opération de propagande allemande de 1933 à forte portée de politique extérieure. Pour les Britanniques, les appétits allemands à l’Est ont été exacerbés par la crise de 1929. La famine de 1932-33 n’est pas prise au sérieux. Ce que confirment d’autres documents émanant de personnalités très antibolcheviques. Ainsi, André François-Poncet (1887-1978), représentant du Comité des Forges (l’ancêtre du MEDEF) et Ambassadeur de France à Berlin de 1931 à 1938, a écrit que « la campagne sur les famines est déjà amorcée car Berlin a besoin d’une sécession [de l’Ukraine]. » Au même moment, il évoque des « bruits de complots à la tête de l’Armée Rouge » et il confirme que « l’Armée en Russie doit prendre de plus en plus d’importance ». Et ailleurs : « les tendances subversives dans l’Armée Rouge sont encouragées par la Reichswehr (nom que portait l’armée allemande sous l’empire des Hohenzollern, qui fut maintenu pendant la République de Weimar). L’enjeu du complot, évoqué par plusieurs sources est le suivant : après un putsch dirigé par Toukhatchevski le nouveau gouvernement russe accorderait son indépendance à l’Ukraine où entrerait la Reichswehr.
Campagnes allemandes.
Otto Schiller, était avant la Deuxième Guerre mondiale, attaché agricole à l’ambassade d’Allemagne. Par parenthèse, il deviendra pendant la guerre un responsable nazi assez haut placé pour jouer un rôle dans la réorganisation de l’agriculture ukrainienne au bénéfice des Allemands. Schiller passe son temps à sillonner l’URSS, surtout l’Ukraine, et il prend énormément de photographies. En 1933 les Allemands publient un rapport sur la famine “inévitable” en Ukraine, tellement inévitable qu’on ne la voit toujours pas venir. Quant aux photos de Schiller, elles ont disparu. Elles ne devaient sans doute pas montrer beaucoup de cadavres puisque, dans les campagnes de propagande qui s’amorcent, on utilise les photos de la “vraie” famine, celle de 1921-1922 (après la guerre civile russe, une famine terrible, générale, et bien documentée). La France était également très informée de la situation intérieure soviétique grâce à un dense réseau d’espionnage organisé en 1922 depuis Riga, alors qu’elle n’avait pas encore de relation diplomatique avec l’URSS. Or aucun document français n’évoque de véritable famine en Ukraine au début des années 1930.
La campagne allemande sur la “famine en Ukraine” commence dès 1932. Les “mouvements ukrainiens”, tous financés par l’Allemagne, colportent une série de “témoignages” relatifs aux “enfants mourants”, à des “faits de cannibalisme”, etc. Ces “témoignages” sont très stéréotypés et on les retrouve dans toutes les campagnes de ce genre, jusque dans les années 1980. A l’époque, cette campagne est relayée par le journal “Renaissance” (3) des Russes blancs, financé par l’Allemagne et par Sir Henry Deterding (fondateur de la Royal Dutch Shell, qui a soutenu par ailleurs toutes les révoltes du Caucase puisque les pétroles de cette région avaient été nationalisés par les bolcheviques).
Toute la campagne est venue du centre allemand et du Vatican, passé du rôle de bras idéologique de l’Empire Austro-Hongrois à celui d’appui idéologique de la République de Weimar et du IIIe Reich. Le Concordat, signé avec celui-ci en juillet 1933, prévoit une collaboration étroite dans tous les territoires concernés par une future expansion allemande, surtout en Ukraine. L’évêque uniate de Lvov, André Szepticky, est au centre de toutes les campagnes.
A l’été 1933, la récolte ukrainienne et soviétique est excellente. C’est l’une des meilleures sur plusieurs décennies. Or c’est justement là que la campagne se déchaîne sous l’égide de l’Archevêque de Vienne, le cardinal Innitzer, un Allemand des Sudètes artisan de l’Anschluss, qui se voit chargé d’un “Comité de la Famine en Ukraine”. Ce prélat lance un appel pour demander “des éclaircissements” sur la situation alimentaire en URSS et surtout en Ukraine en septembre 1933. Il est relayé par des fédérations d’Ukrainiens à l’étranger. Tout ce battage provoque les ricanements de l’ambassadeur François-Poncet : « …on comprend bien pourquoi l’Allemagne se lamente sur le sort de ces pauvres Ukrainiens. »
Dès 1933, une contribution états-unienne
Douglas Tottle, un syndicaliste et journaliste canadien a particulièrement dénoncé les menées des nazis et de leurs sous-traitants nationalistes ukrainiens dans un ouvrage non traduit intitulé "Fraud, Famin and Fascism". Or, il évoque dans son Chapitre 1, “Thomas Walker, l’homme qui jamais ne fut“, un soi-disant journaliste ayant effectivement traversé l’URSS de la frontière polonaise à la frontière mandchoue du 12 au 25 octobre 1934 et qui, en si peu de temps (dont l’essentiel dans le Transsibérien) aurait vu dans les villages russes, les ravages d’une famine de “six millions” de victimes dont il abreuva de photographies et d’articles plusieurs titres de la Presse Hearst. En fait, Walker était un repris de justice évadé (un certain Robert Green) embauché par la presse Hearst. Arrêté à son retour, il reconnut que tous les articles et toutes les photos étaient des faux. Ce fiasco n’empêcha nullement le pro-nazi William Randolph Hearst (le “Citizen Kane” d’Orson Welles), qui avait rencontré Hitler en 1934 juste avant de commencer sa campagne sur la “famine ukrainienne” de poursuivre celle-ci en 1935, en relayant les affirmations du Comité Ukraine du cardinal Innitzer et en publiant les fabrications d’une série d’autres faux témoins.
Pendant l’immédiat après-Guerre et la guerre froide
En attendant la reprise de cette campagne avec les mêmes faux témoignages et faux documents, dans les années Reagan, le travail souterrain s’est poursuivi aux USA sur fond de réutilisation des nationalistes ukrainiens. En effet, l’origine se situe au niveau des mêmes associations d’immigrés ukrainiens, localisées dans des zones géographiques précises, aux USA et au Canada (Toronto). C’est là que s’étaient installées, avant la Première Guerre mondiale, les premières colonies d’immigrants ukrainiens qui furent rejointes par un nouveau flot arrivant après 1917. Il est bon de rappeler le vieil antisémitisme des milieux autonomistes qui, en Ukraine, avant 1917, mais surtout pendant la guerre civile russe s’étaient livrés à de nombreux pogromes en 1919 et 1920. De même, Tottle remarque que, pendant la Seconde Guerre mondiale, beaucoup d’autonomistes ukrainiens s’étaient distingués comme tueurs et auxiliaires zélés des Nazis (unités SS, Einsatzgruppen, gardiens de camps de concentration, etc.) ayant participé au génocide des Juifs. Ceux qui ont pu s’échapper rejoignirent donc les mêmes régions de peuplement ukrainien aux USA et au Canada, avec l’aide des services secrets américains, OSS puis CIA. Ceux-ci voulaient évidemment maintenir des liens et des réseaux d’activistes antisoviétiques sur place. Pour masquer les crimes, et avec le soutien états-unien, les associations ukrainiennes ont lancé la fiction de “l’Hodomodor“, la famine ukrainienne génocidaire.
Ce soi-disant “autre génocide” prétendait éclipser par sa cruauté celui des Juifs, car ses auteurs étaient les bolcheviques juifs (on retrouve là le thème hitlérien du “judéo-bolchevisme) qui étaient ” pires que les Nazis”. D’où le chiffre de 7 millions de victimes, qui sera lancé pour, au moins, égaler la Shoah.
Christopher Simpson⁴ a coordonné un remarquable ouvrage collectif, “Universities and Empire…” qui complète, pour la guerre froide, l’éclairage de Tottle. A Boston, la prestigieuse Université d’Harvard a été un centre très actif de la symbiose entre les services secrets, les universitaires et les associations immigrés nationalistes ukrainiens, les premiers assurant le financement (fédéral) des deux autres. En 1973, a été fondé un “Ukrainian Research Institute” où ont été élaborées un certain nombre d’opérations idéologiques. Le thème de la famine “génocidaire” (apparition du terme “Holodomor” pour faire pendant à la “Shoah”) ressurgit et prend une ampleur considérable après la chute de l’URSS. Parallèlement au “Livre Noir du communisme”, il est promu au rang de vérité religieuse par l’Union Européenne.
Les matériaux utilisés dans ces campagnes appuyées par ces associations dites “ukrainiennes” sont très stéréotypés. Il s’agit de “témoignages” provenant toujours d’Ukrainiens originaires de la région ouest (qui donc, n’ont pas vécu en URSS dans les années trente), qui sont généralement émigrés aux USA ou au Canada (et parfois depuis très longtemps) mais qui disent avoir conservé des liens avec de la famille “au pays”.
La relance de la campagne antisoviétique par le sulfureux Robert Conquest
C’est en 1987 qu’un dénommé Robert Conquest publie “Harvest of Sorrow : Soviet collectivization and the terror famine” et relance l’opération famine génocidaire. Ce ne fut pas sans mal. Ainsi Marco Carynnyk, éditeur des documents du Foreign Office évoqués plus haut, et qui s’est spécialisé dans la documentation des génocides (Shoah, etc.), a tenté de constituer un Fonds documentaire sur la famine ukrainienne, pièces d’archives, photos, etc. Ce fut un fiasco presque total : toutes les photos provenaient de la (vraie) famine de 1921-1922 et les preuves étaient très minces. L’opération a été dénoncée par Tottle.
Puis, les associations ukrainiennes ont commencé à éprouver des difficultés pour promouvoir la (soi-disant) Holodomor et la hausser au niveau de la Shoah car, étant donnée la participation des nationalistes ukrainiens au génocide des Juifs, les associations juives et les historiens de la Shoah ont commencé à refuser les amalgames.
Qui donc est le fameux Robert Conquest, qui relança l’opération ?
Robert Conquest fit des études universitaires brillantes à Oxford (thèse sur l’histoire soviétique en 1936) et fut brièvement membre du Parti communiste britannique avant de faire la guerre comme agent de renseignement au MI-6 (une partie des services secrets de sa majesté). Entre 1942 et 1948, il vit en Bulgarie comme membre de la School of Slavonic Studies dans une période où le pays, d’abord allié à l’Allemagne nazie (mais sans faire la guerre à l’URSS), se rallia ensuite au camp soviétique (1944). Conquest fut un agent de propagande anticommuniste d’Ernest Bevin, le ministre des Affaires Etrangères du cabinet Attlee (1945-1951). Bevin était un féroce anti-communiste très actif lors de la création de l’OTAN et du lancement de la guerre froide. En 1947, il créa, au sein de son ministère, une cellule secrète de propagande, l’Information Research Department, en liaison avec le MI-6, à laquelle fut rattaché Conquest jusqu’en 1956. Puis notre homme devint officiellement historien indépendant, mais ses premiers livres, des pamphlets anticommunistes et antisoviétiques, furent distribués par Praeger Press, une officine de la CIA. Par la suite, ses écrits de dénonciation du système soviétique lui assurèrent le succès bien qu’ils fussent toujours basés sur de simples rumeurs et des “témoignages”. Conquest le justifiait d’ailleurs en soutenant que la vérité finissait toujours “par percoler” à travers l’ensemble de ces rumeurs.
Les écrits de Conquest s’inscrivent dans un féroce contexte de guerre froide idéologique dont le Congrès pour la Liberté de la Culture (“Congress for Cultural Freedom“) est l’un des meilleurs exemples. Le CLC était une association culturelle anticommuniste, fondée à Berlin-Ouest au lendemain du blocus de la ville, et basée à Paris, qui avait obtenu l’adhésion d’intellectuels “de centre-gauche” (ou présentés comme tels) comme Bertrand Russel, Raymond Aron, Jacques Maritain, Arthur Koestler, Karl Jasper, Benedetto Croce, etc. Ceux-ci ignoraient (ou ne voulaient pas savoir ?) que cette association avait été créé, dirigée et financée par la CIA, faits dont la révélation fit scandale en 1966(5).
Le CLC a recherché la caution de Conquest qui a embauché le boursier post-doctoral James Mace (1952-2004) à l’Institut Ukrainien d’Harvard pour réunir la documentation de “Harvest of Sorrow” (1987). Cette “documentation” était faite, encore une fois, de “témoignages” de gens qui, pour la plupart n’ont jamais mis les pieds en Ukraine soviétique ; on trouve même des “témoignages” d’occupants allemands ! Incapables de fournir des preuves, ces gens poursuivent un vrai délire anticommuniste, dont témoigne le chiffre de 7 millions de victimes lancé par Conquest.
De tels ouvrages sont heureusement aujourd’hui contestés par les scientifiques sérieux. Au minimum ceux-ci nient l’aspect “génocidaire” de la famine, c’est-à-dire l’intention de Staline d’anéantir le peuple ukrainien par la faim. Comme le remarquait l’un d’entre eux, au moment où l’URSS était lancée dans une industrialisation frénétique et subissait de graves pénuries de main d’œuvre, pourquoi les dirigeants auraient-ils choisi délibérément de se priver de plusieurs millions de travailleurs en les assassinant ? ça ne tient pas debout. D’autres scientifiques, comme Mark Tauger et Lynne Viola (une spécialiste des résistances, passives et actives, des paysans soviétiques à la collectivisation), nient même l’existence d’une véritable famine à plusieurs millions de morts et parlent plutôt d’une grave disette aux causes multiples.
En France, pays des Courtois, Werth, etc. on trouve des discours complètement alignés sur la présentation la plus partiale et la plus mensongère de la famine ukrainienne. Ainsi, le démographe Alain Blum, dans son livre “Naître, vivre et mourir en URSS“, n’hésite pas à regrouper tous les décès d’une décennie sur la seule année 1933, ce qui suggère évidemment un événement cataclysmique cette année-là. En fait, puisqu’aucun recensement n’a eu lieu en URSS entre 1926 et 1939, on est toujours dans les interpolations et les inférences, ce qui permet beaucoup de manipulations.
Pour plus de précisions, il est possible de se référer aux travaux de l’historienne Annie Lacroix-Riz, professeure émérite de l’université Paris VII⁶.
Un enjeu double, d’abord économique, ensuite idéologique
Derrière le prétexte de la dénonciation de la (soi-disant) “famine génocidaire” organisée par Staline-le-tyran en 1932-1933 en Ukraine, où tout serait dû à la politique de collectivisation, “aberrante” par principe, se cache un enjeu de taille. C’est plus clair avec la guerre actuelle, mais le sol ukrainien aiguise les appétits des puissances impérialistes, quelles qu’elles soient.
La question ukrainienne n’est pas récente. C’est un enjeu géopolitique. Avant 1914, le financement des autonomistes ukrainiens était allemand. Le problème ne date pas de l’Allemagne hitlérienne, ni d’aujourd’hui.
Un éclairage cynique mais très clair nous vient de Roman Dmowsky(7), journaliste et homme politique polonais notoirement fasciste, qui, dans un article de 1930, intitulé “l’Avenir de la Pologne“, proposait l’analyse économique suivante : les matières premières de la région sont bien localisées. L’Ukraine possède presque tout et en particulier d’importantes ressources de charbon qui font l’objet d’un grand intérêt de la part des milieux économiques allemands et américains. Certes, l’Ukraine n’a pas de pétrole, mais elle est adossée au Caucase (aux pétroles de Bakou et de la Caspienne) dont elle est la porte d’entrée. Et de conclure : en arrachant l’Ukraine à la Russie, on lui arracherait les dents.
L’utilisation et la publicité donnée aux thèse des nationalistes et nazis ukrainiens sert non seulement à masquer les appétits impérialistes notamment des USA, mais aussi à combattre l’émergence ou la survie de pans de l’histoire disant la vérité sur les nombreuses réussites de l’URSS et en particulier sur les réussites indéniables de l’agriculture soviétique après la collectivisation et la modernisation(8).
C’est l’occasion de dénoncer, dans le cadre de la propagande de guerre, le honteux procédé des media français et autres de l’UE de faire de Poutine le continuateur de Staline et son régime celui de l’URSS alors qu’il en est un des destructeurs. Le Parti Révolutionnaire Communistes condamne cette lecture totalement erronée, qui fait fi de l’Histoire et met en valeur une analyse politique dépourvue de vision de classe. Les barricades n’ont que deux côtés, disait Elsa Triolet et les dirigeants soviétiques étaient d’un côté, celui du prolétariat, et Poutine, de l’autre, celui du Grand Capital.
Enfin, comme il s’agit de combattre le récit soviétique, dès qu’il s’agit des années trente et de la Seconde Guerre Mondiale, il y a obligation de s’appuyer sur la légende forgée par les Nazis.
Il faut aussi tordre le cou à un mythe, ni en Estonie, ni dans les pays baltes, ni en Ukraine, il n’y a eu d’organisation ou de groupe militaire combattant à la fois les nazis et l’Armée Rouge. Ils ont combattu l’Armée Rouge, point et se sont trouvés aux côtés des Nazis quand ils ne l’étaient pas eux-mêmes, témoin la fameuse division SS galicienne, composée exclusivement d’Ukrainiens de l’ouest et principalement de membres de l’OUN B, l’organisation fasciste de Stepan Bandera.
C’est un grave travers qui ne semble pas inquiéter les dirigeants des Etats de l’UE, notamment les puissances impérialistes l’Allemagne, qui a privé certains lieux commémoratifs de drapeaux soviétiques le 8 mais 2022, qui a réalisé ce vote scandaleux et la France. Le fait d’utiliser la narration des nazis, de glorifier des personnages comme le fasciste Bandera ne choque personne chez les dirigeants.
Dans ce contexte où l’on fait feu de tout bois pour dire du mal de l’expérience socialiste du XXème siècle, le Parti Révolutionnaire Communistes souligne encore une fois l’énorme apport qu’a constitué l’existence de l’URSS pour les prolétaires et les peuples du monde, et l’énorme catastrophe qu’a provoqué sa chute. L’agriculture soviétique collectivisée a fait les preuves de sa capacité à répondre aux besoins des hommes et des femmes du pays, ce n’est pas la fabrication de fausses preuves, ni le recyclage des récits des Nazis qui prouveront le contraire.
1 : extrait de la 4ème de couverture de l’édiction française de "Famine et transformation agricole en URSS"
2 : "The Foreign Office and the Famine. British documents on Ukraine and the Great Famine of 1932-1933"
3 : Un article de ce journal, intitulé “Famine et chaos” (août 1932) est cité parmi les documents réunis et synthétisés dans : “Ukraine 1933, mise à jour de novembre-décembre 2008“, sur le site “historiographie.info” d’Annie Lacroix-Riz.
4 : Christopher Simpson est un chercheur en sciences sociales états-unien, membre du conseil consultatif scientifique de plusieurs commissions fédérales américaines sur les spoliations nazies et l'application de la loi sur la divulgation des crimes de guerre nazis, qui a révélé le passé sulfureux (pro nazi) de quelques personnalités US.
5 : L’histoire est mieux connue aujourd’hui grâce à Frances S. Saunders, réalisatrice de TV britannique qui a enquêté sur l’affaire et publié : “Who Paid the Piper?: CIA and the Cultural Cold War” (1999), traduit en français sous le titre : “Qui mène la danse ? La CIA et la Guerre froide culturelle, Denoël, 2003.
6 : à noter la conférence sur le sujet d’Annie Lacroix-Riz, donnée en 2018 au Centre Universitaire d’Etudes Marxistes (CUEM) : http://www.cuem.info/?page_id=424.
7 : Dmowsky (1864 – 1939), fut l’un des négociateurs polonais du Traité de Versailles (1919). A l’inverse de Pilsudski qui voulait ancrer la Pologne à l’Ouest contre la Russie, Dmowsky, voulait un partenariat Pologne-Russie contre l’influence allemande. Très antibolchevique, il changea d’avis après l’arrivée au pouvoir du même Pilsudski.
8 : Mark Tauger, dans son livre, consacre un chapitre à l’agronome soviétique Pavel Loukianenko, qui à partir de 1932, dirigea un groupe de scientifiques qui créèrent de nouvelles variétés de blé, ce qui fut à l’origine de la révolution verte soviétique.