N° 02/05/2024 Christophe Ricerchi, est décédé le 16 avril à l’âge de 57 ans. Malgré plusieurs années de traitements médicaux lourds qui l’avaient éloigné de l’activité militante, il prenait toujours le temps de s’informer et de discuter de la politique de notre parti, nos échanges étaient réguliers.
Son engagement de militant communiste marxiste révolutionnaire a été sans faille depuis que tout jeune étudiant, à 17 ans, il adhère à l’Union des Etudiants Communistes, se syndique à l’UNEF. En 1986 il anime à Nice la lutte contre la réforme des Universités de Devaquet, ministre délégué de l’enseignement supérieur du gouvernement Mitterrand-Chirac. C’est la première grande bataille qu’il mène.
Le blocage des universités et des lycées pendant plus de 2 mois, la forte mobilisation[1]des étudiants et des lycéens contre l’autonomie des Universités, leur mise en concurrence, la sélection à l’entrée des universités, mais aussi contre le chômage de masse qui touche 30% des 15-25 ans ont contraint le gouvernement à annuler la « réforme Devaquet »[2].
Contre les mobilisations, le gouvernement Mitterrand-Chirac a répondu par une répression criminelle. Pasqua, ministre de l’intérieur, a ordonné aux forces de l’ordre de « réprimer avec fermeté la jeunesse atteinte de sida mental » (Le figaro magazine). La répression fera de nombreux blessés, certains gravement et deux morts : Malik Oussékine (22 ans), frappé à mort par deux policiers voltigeurs et Abdel Banyahia (19 ans) tué par balle par un inspecteur de police.
La lutte contre la réforme des Universités que Christophe a mené à Nice a été un moment d’expériences politiques fondatrices, il s’est engagé dans l’action politique révolutionnaire sans jamais rien renier.
Adhérent du PCF, membre du Comité Fédéral des Alpes Maritimes, il a toujours milité sur des bases marxistes-léninistes avec une rigueur théorique et politique indispensable pour mener le combat contre le capital. Il a combattu la dérive sociale-démocrate du PCF, qui s’est accentuée avec la disparition de l’URSS.
Le 30ème congrès a confirmé qu’il n’y avait plus de parti révolutionnaire en France, Christophe a démissionné du PCF.
En mars 2002, un parti communiste révolutionnaire marxiste-léniniste, qui fait de la lutte de classe le moteur de son action, « COMMUNISTES » est créé, Christophe en a été un des fondateurs.
Membre du Comité national, du Bureau national et Secrétaire départemental des Alpes Maritimes,
en 2012, il est candidat à l’élection présidentielle. Dans une interview à Politproductions, il rappelle la position du parti sur la participation aux élections : « En dehors du jeu électoral on est totalement ignoré par les médias y compris par la population. Il est très important d’être dans ce combat politique, ne pas y être ce serait se priver de quelque chose d’important pour faire avancer la nécessité de la lutte anticapitaliste ». Dans ses « propositions pour l’enseignement primaire et secondaire », contre la casse du service public, il rappelle ce que Marx écrivait en 1875 « Ce n’est pas le peuple qui a besoin d’une bonne éducation venant de l’État, mais c’est l’État qui a besoin d’une bonne éducation venant du peuple »[3]
En 2014, candidat tête de liste pour la région sud-est à l’élection européenne, il envoie un message à l’Association médicale France-Palestine (amfp) dans lequel il rappelle la position de COMMUNISTES : l’exigence de la création d’un État palestinien sur le territoire de la Palestine historique, « Le problème est l'attitude des dirigeants israéliens qui adoptent une politique conforme aux propos de Golda Meir qui affirmait que là où se trouvent des juifs se trouvent les frontières d'Israël. Notre parti demande que des sanctions réelles soient prises à l'égard d'Israël à commencer par la rupture totale des relations diplomatiques Israël. La France s'honorerait en rompant pour commencer ses relations diplomatiques avec cet État qui se met en dehors des lois internationales et des principes édictés par l'ONU ». On peut aujourd’hui reprendre mot à mot ses déclarations.
Christophe a été candidat à plusieurs reprises aux élections cantonales, aux élections législatives à Nice, ville qu’il connaissait bien et à laquelle il restera indéfectiblement attaché, avec des lieux privilégiés : Ségurane, quartier de son enfance ; Place Garibaldi, lieu de vente de l’Humanité dimanche et du Patriote Côte d’Azur ; le lycée du Parc Impérial où il était professeur d’histoire et géographie ; le chemin de Bellet, où vivaient Christophe, Karin et leurs 2 fils.
Christophe aimait la vie, la fête, chanter pour ses amis du Montand, du Branduardi. Ses passions : la politique : l’histoire ; le rugby, contacté par des équipes de niveau national « il aurait fallu que je choisisse entre le rugby et le militantisme, j’ai choisi de militer ». C’est effectivement son engagement de communiste marxiste, de révolutionnaire, son militantisme qui le caractérisent, auxquels il n’a jamais dérogé. Christophe s’est investi dans le combat révolutionnaire de notre parti, dans la lutte déterminée contre le capitalisme pour construire une société socialiste débarrassé de l’exploitation capitaliste.
Nous perdons un camarade, un frère d’une grande valeur humaine et politique, un camarade marxiste, un communiste révolutionnaire.
Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille, nous partageons leur peine, car c'est aussi la nôtre.
[1]. Plus de 2 400 000 étudiants et lycéens dans toute la France
[2]. La sélection à l’entrée des études supérieures et la concurrence entre universités ont été mises en place ultérieurement de manière progressive.
[3]. Critique du Programme de Gotha