Les récents événements en Méditerranée avec l’arraisonnement par les forces britanniques d’un pétrolier transportant du pétrole iranien, puis dans la mer d’Oman avec la destruction par l’Iran d’un drone US ayant violé son espace aérien et enfin dans le détroit d’Ormouz qui relie le golfe Persique au golfe d’Oman, avec l’interception par les forces iraniennes d’un pétrolier britannique témoignent de la grande tension qui règnent dans cette région.
Du coup revient comme un leitmotiv l’idée qu’il faudrait sécuriser la circulation maritime dans cette région en la militarisant, ce qui mettrait clairement en cause la sécurité de l’Iran. Ainsi les USA, selon les dire du secrétaire d’État américain Mike Pompeo, tentent-ils de créer une coalition pour : « garantir la liberté de navigation dans le détroit d’Ormuz ». Le ministre des affaires étrangères du Royaume Uni Hunt n’a pas exclu devant le parlement britannique un renforcement militaire dans la zone. Cette escalade militaire représente un danger réel d’une agression militaire contre un État souverain l’Iran. Elle est révélatrice des confrontations majeures qui se jouent au sein de l’impérialisme pour la domination d’une région particulièrement importante du point de vue de ses ressources énergétiques mais aussi comme une voie de passage majeure du commerce international. Bien au-delà des pays de la région, se jouent ainsi l’approvisionnement énergétique de la Chine et de l’Inde.
On ne peut pas résumer la situation au simple commerce des hydrocarbures. Bien d’autres questions s’entremêlent dans lesquelles s’affrontent les puissances régionales et les grandes puissances impérialistes et en premier lieu les USA qui entendent maintenir un rôle hégémonique que leur dispute la puissance montante qu’est la Chine. Le point d’équilibre et les zones d’influences qui avaient prévalu après la deuxième guerre mondiale sont en train de voler en éclat. Si se concrétise une alliance USA, Arabie Saoudite et Israël pour dominer la région y compris en détruisant les États qui voudraient par trop faire preuve d’indépendance et l’Iran fait partie de ceux là, cette alliance lèse les intérêts d’autres puissances occidentales et régionales. C’est ainsi, que se font et défont les alliances au gré des opportunités.
Ainsi, si les USA dénoncent l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, la France et ses partenaires cosignataires de l’accord tentent-ils de le garder à flot, y compris en négociant des modalités de commerce avec l’Iran pour contourner les sanctions US. Mais ne voulant pas se détacher des USA, la France renonce de fait à une politique indépendante et finalement fini par se mettre hors-jeu et à la remorque de la stratégie US. Ainsi, les entreprises françaises bien implantées en Iran, comme Peugeot, ont été contraintes de se retirer. Il en va de même sur la question de la Palestine. Les positions récentes des USA visant à couler définitivement la résolution de l’ONU sur la constitution d’un État palestinien n’ont donné lieu à aucune intervention sérieuse de la France et de l’Union Européenne.
En Syrie, en Irak, en Libye, au Yémen, les interventions impérialistes de la coalition internationale ont reçu l’appui de la France et de l’Union européenne. Avec l’Iran se joue une partie importante, mais autrement plus difficile pour la coalition americano-saoudo-israélienne. L’Iran est une réelle puissance qui ne manque pas d’influence dans la région. Son affaiblissement recherché porterait un coup important à l’équilibre de la région mais aussi aux intérêts des puissances pour lesquelles l’Iran est un partenaire commercial décisif.
C’est pourquoi, l’augmentation de la tension est si dangereuse car les intérêts en jeu sont colossaux. Il est urgent d’empêcher la montée des périls.