N° 936 29/07/2025 Nous avons dans Communistes-Hebdo, publié deux communiqués du Parti Révolutionnaire Communistes qualifiant et condamnant l'agression conjointe de l'entité sioniste1 et américaine2 contre l'Iran : " Cet acte de violation de la souveraineté de l'Iran est un des éléments qui met en lumière la coordination militaire profonde de l'entité sioniste et des États-Unis ainsi que leurs objectifs communs de domination économique, politique et militaire de la région." Cette situation nous a conduit à rappeler, le rôle des puissances occidentales dans le coup d'état qui a mis au pouvoir la dictature du Shah d'Iran3. L'article que nous publions aujourd'hui avec l'autorisation de son auteur, Moncef, un militant de la cause palestinienne revient sur la dictature de la dynastie Pahlavi et sur la trajectoire de la révolution populaire qui l'a chassé et la prise du pouvoir par les Ayatollahs.
Le comité de rédaction
Les États-Unis et l’Iran, du régime du Shah à celui des ayatollahs
Ce dimanche 15 juin 2025, une manifestation pour les enfants palestiniens de Gaza, appelée par des mères de familles, avait lieu près du Ministère français des Affaires Étrangères sur l'Esplanade des Invalides. Pour rentrer chez moi, je passe par hasard par le Parvis des Droits de l'Homme à Paris !4et je trouve un rassemblement des partisans de Reza Pahlavi, fils du Shahanshah Mohammad Reza, des nostalgiques de la dynastie Pahlavi, de la police politique, la Savak, de triste mémoire, et du régime sanguinaire de l’ancien Shah d’Iran.
Ils étaient à peine une dizaine de personnes, bien protégées par la police française. Ils scandaient des mots d’ordre à la gloire des Pahlavi en brandissant les drapeaux de la monarchie, des drapeaux états-uniens et sionistes pour remercier les Etats respectifs de leurs agressions contre le peuple iranien.
Cela me ramène à la fin des années 70 et aux discussions avec des amis et camarades iraniens de l’Union Nationale des Étudiants d’Iran et des organisations politiques qui voulaient rendre visite à l’ayatollah Rouhollah Khomeini à Neauphle-le-Château dans les Yvelines. Il y était en exil en 1979 pendant la Révolution iranienne sous la direction du clergé chiite des ayatollahs.
Khomeini prétendait chercher un terrain d’entente entre les membres du clergé, l’opposition de gauche du Front national, les marxistes-léninistes, les groupes maoïstes et les «islamo-marxistes» dont le but commun était le renversement du régime impérial.
Je leur disais : Ne tombez pas dans ce piège ! Ne choisissez pas entre la peste et le choléra, entre le régime dictatorial et sanguinaire du Shah, valet de l’impérialisme américain, et les religieux obscurantistes sous la direction de l’ayatollah.
La Révolution iranienne était un grand soulèvement populaire contre la dictature du Shah, mais malheureusement sa direction échappait aux forces progressistes iraniennes dont une partie a cru à l’anti-impérialisme américain des mollahs en étant obsédée par le renversement de la dictature du Shah.
Par la suite, beaucoup de militants démocrates et révolutionnaires ont été arrêtés, emprisonnés ou éliminés physiquement par le nouveau pouvoir de Khomeini.
Pendant des années, je me suis trouvé avec des militants iraniens et d'autres nationalités dans des activités ou des rassemblements contre les régimes réactionnaires et dictatoriaux comme la Tunisie, l'Iran, le Maroc, l'Amérique latine, l'Afrique, lors de manifestations pour la Palestine ou des journées anti-impérialistes.
Je me rappelle très bien les slogans contre les régimes en Tunisie et en Iran, par exemple :
Un seul combattant suprême, c'est le peuple
لا مجاهد أكبر الا الشعب
Libertés démocratiques pour le peuple tunisien
Libérez les prisonniers politiques en Tunisie
شاه جلاد خلق إيران
Le Shah, bourreau du peuple iranien.
Quant au Shahanshah (roi des rois) contraint à l’exil, il a pris la fuite en janvier 1979 avec l'impératrice la Shahbanou Farah Pahlavi (née Diba) ; il a atterri dans l'Égypte de Sadate, premier « normalisateur » avec l'entité sioniste. Après le Caire, le shah va séjourner au Royaume chérifien à l’invitation de Hassan 2, le monarque bourreau de son peuple.
Deux jours avant son arrivée au Maroc, les États-Unis lui avaient refusé un visa et l’exil. Jimmy Carter avait fait savoir que sa présence n’était plus souhaitée aux États-Unis. L’oncle Sam décide clairement d’abandonner son ancien allié ou plutôt valet.
Eh oui, les impérialistes américains n’ont pas d’amis. Ils utilisent leurs serviteurs pendant un certain temps, Quand ils deviennent impopulaires, rejetés par leurs peuples et trop gênants pour leurs intérêts, ils les jettent comme des kleenex. Ben Ali en Tunisie, Moubarak en Égypte, Abdallah Saleh au Yémen ont connu le même sort en 2011 lors des révolutions arabes. Malheureusement des révolutions confisquées par des forces obscurantistes et contre-révolutionnaires qui n’ont pas participé à ces soulèvements populaires et l’impérialisme américain est devenu leur protecteur.
L'exil marocain du Shah n'excède pas trois semaines. Arrivé en urgence de Paris et reçu par Hassan 2, le chef des services secrets français l'informe que les religieux iraniens ont l'intention d’enlever ou d'attenter à la vie des membres de la famille royale marocaine si celle-ci s'obstine à soutenir le Shah. Hassan 2 refuse de céder au chantage, mais Mohammad Reza Pahlavi préfère éviter ce scénario. Il décide donc de quitter le Maroc.
Il va errer entre les Bahamas et le Mexique. Son admission dans un hôpital à New-York sera à l'origine de la crise iranienne des otages de l'ambassade américaine de Téhéran. La situation devenant intenable, Mohammad Reza Pahlavi doit retourner au Mexique. Mais la pression diplomatique contraint le président mexicain à renoncer à ses engagements, refusant désormais la présence du couple impérial sur le sol mexicain. A la Maison Blanche, l'anxiété et les craintes dues à l'affaire des otages exigent un départ rapide du territoire américain. Après avoir sondé différents pays susceptibles d'accueillir le Shah, Jimmy Carter reçoit finalement un avis positif du président panaméen, mais le nouveau régime des mollahs demande son extradition. Le gouvernement panaméen change de position : il ne verrait pas d'objection à négocier son extradition. L'Egyptien Anouar Es-Sadate qui avait toujours demandé que les Pahlavi demeurent en Égypte, réitère son invitation. C'est donc le retour à la première destination d'exil. Les Pahlavi sont installés au Palais Koubeh. Le Shah est hospitalisé d'urgence à l'hôpital El Maadi au Caire et, suite à une agonie de plusieurs semaines, il décède le 27 juillet 1980. Anouar Es-Sadate offre des funérailles nationales grandioses à celui qu'il considère comme un ami et un allié.
Lâché par ses maîtres occidentaux, il a donc terminé sa vie en Égypte. C'est ainsi que prend fin le règne de la dynastie Pahlavi, la dernière des dynasties de l'Empire perse.
Pour l'anecdote, "le Combattant Suprême" de Tunisie et le Shahanshah d'Iran ont des points communs. Ils sont admirateurs de la culture occidentale. Ils sont tous les deux francophiles. Il paraît que le Shah et la Shahbanou préfèrent parler à leurs enfants en français. Bourguiba et Mohammad Reza Pahlavi sont « modernes » et même "très féministes". Ils ont dévoilé les femmes de leurs pays en ôtant leurs sefsari et tchador. Mais ces régimes « modernisateurs » étaient surtout d'implacables dictatures, incapables d'apporter à leur peuple le développement espéré.
Lors de la visite du Shah en Tunisie en 1969, Bourguiba lui avait offert un accueil grandiose et réservé le Palais présidentiel Essaada de La Marsa pendant tout son séjour.
Aujourd'hui, avec leurs agents sionistes génocidaires, les Américains agressent l'Iran et son peuple; ils veulent renverser le régime des mollahs et restaurer la monarchie en installant le fils du Shah, Reza Pahlavi, et peut-être avec la participation de l'Organisation des Moujahiddine du peuple iranien
مجاهدين خلق ايران de Massoud Radjavi et son épouse Maryam Radjavi.
Les Moujahiddine, qui se disent de gauche ou « islamo-marxistes », était classée par certains pays comme organisation terroriste. Certains l'ont retirée de la liste. En tous cas, c'est une organisation louche. Elle était installée en Irak avec l'appui du régime de Saddam Hussein. Accusée d’être manipulée par les services secrets et à la solde des Occidentaux, elle est très active en France et mène de grandes campagnes de propagande contre le régime iranien.
Quant au fils du Shah, Reza Pahlavi, il vit aujourd’hui aux Etats-Unis, proche des milieux néoconservateurs américains. Il est pour l'alternative d'une monarchie constitutionnelle. Mais l'héritier du Shahanshah n'a aucune assise en Iran. Ses partisans qui organisaient le rassemblement de Paris étaient à peine une dizaine.
L’entité sioniste criminelle, base militaire et stratégique avancée de l’impérialisme occidental, agresse l’Iran après le Liban, la Syrie et le Yémen. Depuis octobre 2023, cette entité fasciste mène une guerre génocidaire la plus terrible de l’histoire de l’humanité contre le peuple palestinien, sous commandement américain, avec l’appui des pays européens et la complicité des régimes arabes corrompus, traîtres à la juste cause du peuple palestinien et à celle de leurs peuples.
Le régime du Shah jouait le rôle du gendarme dans cette région du Golfe, enjeu stratégique mondial, au profit de l’Occident.
L’armée du Sultan d’Oman n’arrivait pas à en finir avec la guerre qui l’opposait aux révolutionnaires du Dhofar depuis 1965, malgré la participation de l’armée britannique, des soldats jordaniens du roi Hussein et des conseillers de l’entité sioniste.
C’est bien l’armée du Shah d’Iran qui parvient à mettre fin à la lutte armée du Front Populaire de Libération d’Oman en 1975-1976.
Ces révolutionnaires d’Oman étaient des communistes marxistes-léninistes soutenus par la République Démocratique du Yémén (Yémén du sud). Ils voulaient renverser le régime du Sultan et promouvoir des idéaux socio-économiques et l’égalité des sexes.
Le renversement du régime du Shahfut une grande perte pour les Etats-Unis. Ils n’ont jamais accepté que l’Iran sorte de leur sphère d’influence et de domination. La menace nucléaire n’est qu’un prétexte. Le but de l’agression américano-sioniste contre ce pays et son peuple est de remplacer le pouvoir actuel par un régime fantoche à leur solde.
Rappelons-nous le coup d’État orchestré par les Américains et les Britanniques contre le premier ministre Mossadegh en 1953. L’histoire peut-elle se répéter en 2025 ?
Le changement démocratique dans ce pays ne peut se réaliser que grâce à la volonté et à la lutte de son peuple. L'impérialisme états-unien n'a jamais libéré un peuple, et son histoire est pleine de massacres, de génocides, d'invasions et de domination meurtrière.
Les États-Unis se disent chantres de la liberté et de la démocratie mais l'Histoire retiendra de cette puissance le sang versé lors de leurs forfaits, leur pratique de l'esclavage et le génocide perpétré contre les Amérindiens et les Africains, ainsi que les massacres en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient : la bombe atomique contre le Japon, la guerre de Corée, les coups d’État durant la guerre froide en Amérique du Sud et en Asie, les guerres du Vietnam, de Somalie, d'Irak et d'Afghanistan, etc.
1 https://www.sitecommunistes.org/index.php/monde/proche-et-moyen-orient/3426-lagression-disrael-sur-liran-communique-du-parti-revolutionnaire-communistes
2 https://www.sitecommunistes.org/index.php/monde/monde/3435-communique-a-propos-de-lagression-des-etats-unis-contre-liran
https://www.sitecommunistes.org/index.php/monde/monde/3443-non-a-lagression-concertee-disrael-et-des-etats-unis-contre-la-republique-islamique-diran
3 https://www.sitecommunistes.org/index.php/monde/proche-et-moyen-orient/3446-iran-un-peu-dhistoire-pour-mieux-comprendre-le-present-le-coup-detat-anglo-americain-de-1953
4 Vous imaginez les partisans du régime de la célèbre Savak manifester sur ce parvis en 2025 pour «réclamer le respect des droits de l’homme et l’instauration d’un régime démocratique en Iran sous la direction du fils du shah» avec le soutien des américains et des sionistes.