N° 899 14/11/2024 Dans les mots comme dans les actes, l’intention des sionistes est de plus en plus claire
L’horreur se poursuit à Gaza, une horreur « ordinaire », des témoins de plus en plus nombreux parlent de cadavres abandonnés dans les rues qui se font dévorer par les chiens.
Le 13 novembre, l’ONU a dénoncé la situation à Gaza avec cette formule : « des actes qui rappellent les crimes internationaux les plus graves » en faisant tout de même en sorte de ne pas employer le terme de génocide que Francesca Albanese utilise.
Cette horreur ordinaire se traduit par le bombardement d’un marché à Gaza-ville le 11 novembre, faisant 19 morts et celui du camp de Mawasi à Khan Younès, dans le sud de la Bande, causant des dizaines de victimes. Evidemment, il s’agit dans les deux cas de victimes civiles. Israël poursuit donc son objectif de tuer le plus possible de Palestiniens.
Il s’agit aussi de les terroriser pour les forcer à partir, comme pour la Nakbah de 1948. La volonté des sionistes est de réaliser un nettoyage ethnique. Pour autant, comme nous l’avons dit régulièrement cela ne fonctionne pas, 80 % des habitants de Gaza avant le génocide étaient des réfugiés ou des descendants de réfugiés de 1948. Ils savent tous que s’ils partent ils ne reviendront pas, c’est un point essentiel du combat des Palestiniens : rester à tout prix malgré l’horreur.
Ce qui ne fonctionne pas plus, c’est le combat au sol contre les Résistants. La Résistance vient d’infliger plusieurs défaites à Jabaliya aux forces d’occupations, détruisant des chars ou des postes de commandement. L’objectif militaire, depuis début octobre, des sionistes est de s’emparer de tout le Nord de la Bande et notamment du camp de Jabalya, d’en chasser ou tuer les habitants et tout raser. Aujourd’hui, les sionistes combattent toujours dans le camp et au moins la moitié de sa surface leur échappe.
Enfin, de plus en plus de voix sionistes se prononcent sans que ça n’émeuve personne parmi les « journalistes » du bloc impérialiste occidental, pour l’annexion, la recolonisation de Gaza, et pas seulement le Nord ; Smotrich annonce même l’annexion de la Cisjordanie pour 2025. Le projet de « Grand Israël » est partagé par un nombre important et grandissant d’Israéliens juifs. Comme nous l’avons écrit récemment, il ne faut pas distinguer entre les sionistes, qui partagent tous le projet colonial initial. Le dernier en date des éléments qui démontre cette réalité est l’interview de Yaïr Lapid, le centriste, chef officiel des opposants sionistes à Netanyahu. Interrogé sur LCI sur les colonies de Cisjordanie (pas sur la colonisation en général, ce ne sont que des « journalistes » français), il a eu cette réponse qui vaut son pesant d’or : « Ce ne sont pas des colonies, mais notre terre biblique. ». Est-ce assez clair ?
En France, répression à tout crin et sauf-conduit pour les génocidaires.
Cela était évident avec les événements d’Amsterdam[1], la rhétorique autour du soi-disant antisémitisme, sans jamais de définition ni de preuve (et pour cause) prend une ampleur inédite. Tous les moyens sont bons pour défendre les génocidaires.
Ni le gala « Israël is Forever » dont les organisateurs défendent le génocide, justifient moralement l’organisation de la famine à Gaza, annoncent leur désir de voir les Gazaouis émigrer, ni le match de la honte entre l’équipe de France et celle des génocidaires ne sont interdits. S’agissant du match, Retailleau déploie les grands moyens : des flics israéliens accompagnent les joueurs, 4.000 policiers sont mobilisés et 1.600 agents de sécurité pour 20.000 spectateurs attendus (apparemment, la rencontre n’attire pas les foules) et tout le gratin des politiciens prosionistes sera présent : Hollande, Sarkozy, Macron, Retailleau, etc. On ne sait pas pour les Balkany… Les protestations contre ce match de la honte qui devrait avoir lieu jeudi 14 novembre, sont très nombreuses mais la seule réponse du gouvernement, c’est tenir coûte que coûte, malgré l’opprobre et de jouer la répression.
Même chose pour le gala des génocidaires le mercredi 13 novembre. Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez n’a pas interdit ce gala ne présentant pas de risques de troubles à l’ordre public "importants", selon lui. Quand on pense aux manifestations propalestiniennes interdites dans l’Hérault, on se demande en quoi elles présentaient un risque plus important, alors qu’elles n’ont jamais été émaillées d’incidents. Bien entendu la justice de classe a donné raison à Nuñez. Retailleau, grand prince, s’abrite derrière le fait que « d’autres manifestations qui seront opposées » ne sont pas non plus interdites.
En marge du gala, le mouvement juif fasciste Betar, bien connu pour faire le coup de poing prévoit de se rassembler aux côtés du Mouvement des étudiants juifs français. Il est à noter que ceci, comme la perspective de la venue de « supporters » de l’équipe de l’entité sioniste rend tout-à-fait possible des provocations dans le genre de celles que nous avons connues aux Pays-Bas.
En réaction à ce gala, plusieurs associations appellent à une mobilisation mercredi. Une manifestation, lancée à l’initiative de partis politiques de gauche et d’associations se déroulera entre la gare Saint-Lazare et la place de la République à Paris. D’ores et déjà, dans la matinée du 13 les étudiants de l’université Paris VIII ont bloqué les accès à la fac pour protester contre le gala sioniste. Devant la pression ou peut-être pour échapper à d’éventuelles poursuites en France, le ministre Smotrich a renoncé à venir participer au gala.
De retour de l’entité sioniste où il a subi en direct une humiliation avec l’arrestation intolérable de deux gendarmes français par les flics de l’État génocidaire, le ministre Barrot a profité de sa réponse à une interpellation à ce sujet pour déclarer : « Retourner l'accusation de génocide contre le gouvernement d'un peuple qui l'a subi, c'est non seulement une faute morale mais c'est également une faute juridique. ». Donc, malgré l’humiliation, il continue de soutenir totalement ceux qui perpètrent le massacre et le massacre lui-même en niant le génocide. Mais surtout, il faut analyser sa réponse et ce qu’elle comporte de mensonge. Non, le gouvernement d’Israël n’est pas le gouvernement d’un peuple qui a subi un génocide mais celui d’un État colonial. Même s’il s’autoproclame « Etat-Nation du peuple juif », il ne parle pas au nom des Juifs du monde entier dont beaucoup sont antisionistes et le proclament avec le fameux « Pas en notre nom ! ». S’il y a certainement en Israël des descendants des victimes ou des survivants de l’Holocauste de 41-45 il y a aussi nombre de descendants d’émigrants européens installés en Palestine bien avant la Seconde Guerre Mondiale.
Enfin, exonérer a priori des gens de commettre un génocide parce que leurs aïeux en ont subi un n’a absolument rien de rationnel et on ne voit pas bien en quoi accuser Israël (et non les Juifs) de génocide, alors que c’est avéré constituerait une faute.
Cette rhétorique doit être démontée et expliquée. Plus Israël est perçu pour ce qu’il est, un État colonial et génocidaire par les peuples du monde entier, plus lui et ses défenseurs se servent des Juifs en général comme bouclier et de l’Holocauste de 41-45 à la fois comme une cape d’invisibilité et un brevet de bonne conduite. Rappelons-le, si des survivants ou des descendants de victimes ont émigré en Israël, ce ne sont pas eux qui ont fondé l’État colonial sioniste, mais des milices armées composées d’émigrants européens arrivés dès le début du XXème siècle en Palestine. Enfin, n’oublions pas que la notion de « peuple juif » est une invention des sionistes[2] et notamment des historiens du XIXème et qu’il n’existe pas un, mais plusieurs peuples juifs.
En conclusion
Le déploiement de sa force militaire au Liban, les plans pour détruire toute vie palestinienne dans le nord de Gaza, la mainmise grandissante sur les terres des Palestiniens de Cisjordanie ne changent rien à l’affaire, l’État sioniste montre ses muscles pour cacher qu’il n’arrive pas à atteindre ses buts. Les Palestiniens, avec ou sans armes, résistent et l’armée d’occupation est en difficulté, l’État sioniste lui-même est au bord de la rupture. La Résistance libanaise malgré les coups portés s’organise et veille. Voilà de quoi mettre du baume au cœur à celles ceux qui combattent à leur manière pour la libération de la Palestine. Si les buts des sionistes sont désormais clairs, il y a loin de la coupe aux lèvres !
Comme tous ces partisans de la libération de la Palestine dans le monde, nous continuons et nous continuerons inlassablement d’exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent, de même que l’accès libre aux humanitaires dans toute la Bande de Gaza et le retrait total des forces d’occupation de l’enclave. Mais cela ne saurait suffire.
Une paix juste c’est le démantèlement des colonies, le retour des réfugiés et un Etat palestinien indépendant. Ce qui empêche une telle paix c’est l’existence d’un Etat colonial. Les travailleurs d’Israël ne peuvent être libres s’ils ne rompent pas avec le sionisme, s’ils continuent de se trouver objectivement dans le camp des colonisateurs. La solidarité avec la Palestine ne peut se contenter de phrases générales sur la paix. Il faut un Etat où tous les habitants jouissent des mêmes droits et puissent vivre ensemble, quelles que soient leur origine, en l’occurrence, un État palestinien démocratique. De même, la lutte de libération nationale du peuple palestinien n’a pas besoin de compassion mais d’un réel soutien politique et d’actions de solidarité internationaliste. Et concernant la France, où les Révolutionnaires, comme ailleurs, doivent combattre d’abord leurs capitalistes, cela commence par la lutte politique contre le soutien de l’impérialisme français à l’État colonial sioniste.
C'est pourquoi, le Parti Révolutionnaire Communistes entend continuer de rassembler tous ceux qui veulent un cessez le feu immédiat pour que cesse le massacre des Palestiniens et se prononcent pour la paix. Pour nous, cela passe par le soutien aux revendications fondamentales du mouvement de libération nationale palestinien, surtout après l’assassinat d’un de ses dirigeants : fin immédiate de l'agression militaire sioniste, droit au retour des réfugiés et formation d'un État palestinien sur le territoire de la Palestine mandataire.
[2] Voir le livre de Schlomo Sand : « Comment ils ont inventé le peuple juif »