Gantry 5

 

N°896 31/10/2024 Le génocide prend des proportions abominables
Depuis le début du génocide perpétré par l’armée d’occupation, dès le 7 octobre 2023, des horreurs, il y en a eu, des terribles, plus terribles les unes que les autres. Mais ce qui est en cours depuis quelques semaines dans le nord de la Bande de Gaza dépasse tout l’entendement humain. Ce que met en œuvre l’armée d’occupation, c’est la volonté confirmée d’exterminer le peuple palestinien.
Dans le nord de la Bande de Gaza, les hôpitaux sont détruits ou hors d’état de fonctionner, aucune nourriture ne parvient à la population palestinienne et ce, depuis près d’un mois pour certains. L’ensemble du personnel médical de l’hôpital Kamel Adwan, dans le nord de la Bande de Gaza, a été arrêté et déporté, il ne reste plus, sur place qu’un seul pédiatre. Le ministère de la Santé de Gaza a lancé un appel aux organisations internationales pour qu’elles envoient rapidement des équipes médicales et chirurgicales à l’hôpital et appelle aussi tous ceux qui ont des compétences chirurgicales à les rejoindre.
Le camp de réfugiés de Jabalya ressemble à un cratère de la Lune pour la partie que l’armée sioniste contrôle. Au sol des soldats du génie ont placé des explosifs qui servent ensuite de cibles aux avions, pour que cela fasse encore plus de dégâts. Les Palestiniens qui fuient vers le sud par des voies dites sûres par l’État colonisateur sont mitraillés. Il n’y a aucune solution pour des dizaines de milliers de Palestiniens.
Et, comme si cela ne suffisait pas, l’ensemble des sionistes a voté l’exclusion de l’UNRWA de leur pays, ce qui sous-entend dans les territoires occupés aussi ; cela signifie la fin de tout ravitaillement de tout soin si cette décision est exécutée. Le premier ministre irlandais a exprimé très fortement sa condamnation d’un tel vote, mais l’Union européenne reste silencieuse et rien n’est fait, ni dans l’UE ni aux USA pour faire cesser le génocide. Car s’il fallait une preuve que les sionistes organisent sciemment le génocide, ce vote en apporte une plus claire que jamais. Affamer et priver de soin une population, quel nom cela porte-t-il ?
Ce que dit ce vote aussi, c’est que les bonnes âmes qui, dans notre pays notamment, s’en prennent au « gouvernement d’extrême-droite de Netanyahu », et applaudissent les manifestants israéliens qui critiquent sa gestion des captifs et réclament leur retour, ont tout faux. Le problème, ce n’est pas Netanyahu, c’est le sionisme, dans son ensemble, c’est le projet colonial de peuplement, validé par tous les sionistes, du Meretz à Ben Gvir. Il y a fort à parier que, si, comme il le prétend, le gouvernement génocidaire soumet au vote de la Knesset l’interdiction du Hadash[1], l’ensemble des sionistes l’approuvera.
Les bombardements continuent dans la zone centrale de Gaza, avec leur cortège de morts et de désolation, des vidéos circulent tous les jours, personne ne peut dire qu’il ne sait pas, mais nombreux sont ceux et celles qui ne veulent pas savoir. C’est le cas de Yaël Braun-Pivet qui ne comprend pas ce que veut dire Macron quand il dit indirectement qu’Israël sème la barbarie. Le plus incompréhensible, c’est que le journaliste du service public qui l’interroge, n’a pas l’idée de lui suggérer des explications sur les propos de Macron, peut-être les bombardements aveugles, les hôpitaux et les écoles ciblés, de même que les installations de l’ONU, les journalistes, ou encore les bâtiments historiques, cela devrait suffire pour comprendre.
Au Liban, l’armée génocidaire continue son œuvre de mort. Ils viennent de bombarder Balbek, une ville qui a des milliers d’années d’histoire, des temples romains, des édifices grecs de la période hellénistique et dont le nom fait référence à une époque plus ancienne encore, puisque Baal est un dieu phénicien. Ces gens n’ont pas d’histoire, ils se raccrochent à celle qu’ont inventée les premiers sioniste, une histoire mensongère. Comme le dit Pierre Stamboul : « Il n’y a pas de peuple juif, il y a un peuple yiddish, un peuple berbéro-juif […] Et tous ces gens-là ne viennent pas de Palestine, ce sont des descendants de convertis. […] Les seuls descendants des hébreux, ce sont les Palestiniens. ». Et quand on n’a pas d’histoire et qu’on s’en invente une, on ne supporte pas les traces de la vraie histoire, alors on la détruit, comme à Tyr, à Balbek, ou avec l’église Saint Porphyre de Gaza, datant du IIIème siècle.
Par ailleurs, l’armée sioniste a bombardé le domicile de Nabih Berri, le président du Parlement libanais, qui dirige un mouvement politique, Amal, qui ne dispose pas de milice armée.
Si l’armée sioniste avance à grands pas pour la réalisation de ses buts concernant les destructions, les déportations et la mort de civils, elle n’a atteint aucun de ses buts militaires au Liban, ses soldats n’ont pas avancé d’un kilomètre au sol dans le sud du Liban, ou, quand ils l’ont fait, ils ont ensuite battu en retraite, le nord de l’État sioniste est sous le feu des roquettes de la Résistance libanaise. Alors, certains disent que les soldats se vengent sur les civils en bombardant à l’aveugle. C’est évidemment possible. Mais, surtout, il s’agit pour les dirigeants génocidaires d’une stratégie de terreur, qu’ils continuent d’appliquer à Gaza, et ils font de même au Liban. La seule donne qui change, c’est que la Résistance est mieux armée au Liban qu’à Gaza. Une chose est certaine, la supériorité militaire de l’armée sionistes, mis à part dans les airs, c’est un mensonge délibéré. Car, dans le camp de Jabalya aussi, malgré les destructions, les Résistants palestiniens continuent de porter des coups aux troupes au sol. Le combat de guérilla, celui des Partisans qui défendent leur sol est invincible à long terme.
 
Enquête sur le 749ème bataillon
Le site internet US Drop site news a mené une enquête sur le 749ème bataillon de l’armée d’occupation, engagé dans la guerre contre Gaza. Ce ne sont pas des combattants, mais une unité du génie, qui est passée après les combats et dont la tâche est de détruire les bâtiments en les faisant sauter.
Dès le 9 octobre 2023, le commandant adjoint du 749e bataillon de génie de combat israélien, le lieutenant-colonel Adi Bekore a publié sur son compte Facebook personnel ce message : « Maintenant, va attaquer les Amalécites et détruis totalement tout ce qui leur appartient. Ne les épargnez pas ; mettez à mort hommes et femmes, enfants et nourrissons, bétail et moutons, chameaux et ânes. »
Il s’agit d’une citation d’un passage biblique dans lequel la nation biblique d’Israël reçoit l’ordre d’attaquer les Amalécites, une ancienne nation biblique qui était un ennemi récurrent des Israélites. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a également invoqué cette référence au début de la guerre – un moment cité par l’Afrique du Sud dans son dossier devant la CIJ comme un élément de rhétorique génocidaire.
Comme la plupart des discours venant de tous les organes de l’armée israélienne depuis le début de son attaque sur Gaza, ces mots ont servi d’avertissement sévère sur ce qui allait arriver. Un an plus tard, d’innombrables maisons, écoles, hôpitaux et immeubles résidentiels ont été bombardés et détruits.
Drop site news égrène les méfaits de cette unité en les agrémentant de commentaires des soldats. Le bataillon 749 a été parmi les premiers à entrer dans la bande de Gaza par le couloir de Netzarim, la route de six kilomètres de long séparant la ville de Gaza et Deir al-Balah qu'Israël a occupée au début de la guerre afin de diviser le nord et le sud de Gaza. Après avoir contribué à consolider le contrôle du sud de la ville de Gaza, y compris le couloir de Netzarim, le bataillon a ensuite avancé dans des zones comme Shuja’iya dans la ville de Gaza, le camp de réfugiés de Bureij dans le centre de Gaza et même Rafah.
Depuis quelques semaines, le bataillon 749 opère dans le nord de Gaza et à Jabaliya, où la campagne israélienne s’est intensifiée en termes d’exécutions et de dépeuplement. Là-bas, le bataillon semble se précipiter pour détruire autant de bâtiments que possible. Comme l’a dit un soldat : ​​« Nous ne leur laisserons rien ! ».
En décembre 2023, le bataillon a détruit l’université Al Azhar, réduisant ainsi la deuxième plus grande université de Gaza en ruines. « Le jour du Shabbat, nous avons chargé les mines et j'ai signé l'envoi avec une modification en raison du caractère sacré du Shabbat », a écrit le sergent-chef David Zoldan, officier opérationnel de la compagnie A du 749e bataillon israélien, dans un message sur Facebook en décembre. « Quelques jours plus tard, nous les avons rassemblés et avons piégé l'un des symboles du futur de Gaza – l'Université Al-Azhar dans la partie nord de la bande – et l'avons fait exploser. »
Alors que l'université explose, Zoldan dit à ses camarades : « Hiroshima et Nagasaki réunis, vous avez vu ?! ». Zoldan n’a fourni aucune justification militaire pour l’explosion et l’armée israélienne a rapporté n’avoir rien trouvé sur ce campus. Dans un message effrayant avant l'explosion, Zoldan a écrit sur sa page Facebook le 19 novembre 2023 : « Étudiant de Gaza, tu aurais pu être docteur en physique nucléaire, tu aurais pu étudier la philosophie en cinquième année, et maintenant, et maintenant ? ? Les ongles, les plumes et la destruction des rêves. ».
Pendant plusieurs semaines en novembre et décembre 2023, Israël a utilisé son siège de Gaza pour justifier l’anéantissement total des infrastructures civiles dans les villes et banlieues de la bande. L’armée n’a pas seulement travaillé à établir une « zone tampon » de près kilomètre à l’intérieur de la frontière de Gaza en démolissant des maisons et des bâtiments. Il a également rasé une bande de six kilomètres de large au cœur de Gaza, séparant le nord du sud de la bande. Ce qui se passe aujourd’hui dans le nord de Gaza n’est que la suite de ce qui a été commencé en novembre et décembre 2023. Tout cela a bien été planifié dès le début. Très peu de choses sont autorisées à être publiées sur les démolitions effectuées pour établir le corridor de Netzarim en raison des règles strictes de censure militaire d’Israël. Ce n’est qu’en février qu’un journaliste de la Quatorzième chaîne israélienne a pu publier une enquête vidéo révélant la « route latitudinale », avec d’importants travaux de rasage et de pavage en cours.
La ville de Gaza se trouve au nord du corridor de Netzarim, Shuja’iya étant l’un de ses plus grands quartiers. Le 20 décembre, une détonation massive a été effectuée par des soldats de la compagnie D sous le commandement du major Amit Pinto, commandant de la compagnie, et de son officier opérationnel, le sergent-chef Tom Mor, entraînant la destruction de plus de 56 bâtiments civils dans la région de Qubba, à l'est du quartier de Shuja'iya.  La vidéo de la détonation a d’abord été divulguée à des journalistes israéliens de droite, puis largement diffusée sur les réseaux sociaux. En arrière-plan, on peut entendre des soldats israéliens scander « Que votre village brûle ! » après l’explosion. Il s’agit d’une référence à une chanson connue pour inciter à la violence et célébrer les dommages causés aux Palestiniens et à leurs propriétés, souvent scandée par les ultra-extrémistes en Israël. La chanson a récemment pris d’assaut Israël, étant même jouée dans les boîtes de nuit, lors de mariages et dans les écoles. Le même jour, le sergent-chef Ori Fadida, officier d'équipe du bataillon qui a participé à l'opération, a publié une vidéo sur sa story Instagram en légende : « Nous ne laisserons pas une seule souris respirer sur la surface de la terre, nous en avons fini avec le quartier Shuja'iya. ».
 
Il faut stopper les génocidaires !
Peut-on continuer à blablater sur le « droit d’Israël à se défendre », après ce récit ?
Cette œuvre de mort doit cesser, il faut tout faire pour l’arrêter. Nous n’avons qu’une force, c’est celle du nombre, celle d’exiger plus nombreux, malgré les flics qui ont dispersé la manifestation parisienne de solidarité avec la Palestine le 30 octobre, l’arrêt des livraisons d’armes et des sanctions économiques et diplomatiques.
Nous pouvons aussi briser la loi du silence de l’ensemble des media. Il est de bon ton, à gauche de vilipender la chaîne dite d’extrême-droite C News, mais les autres chaînes privées dites d’information continue traitent la question palestinienne de la même manière. Rochebin de LCI a interviewé Netanyahu comme Ferrari de C News et le porte-parole des génocidaires de l’armée sioniste, Rafowicz a félicité BFM pour son traitement de la question très favorable à l’occupation, comme Netanyahu l’a fait avec C News. Quand-au service public, il est extrêmement silencieux sur le génocide, quand il ne sert pas la soupe à Braun-Pivet ou ne pleure pas sur la mort des soldats de l’occupation. De plus en plus de gens se rendent compte que ces officines mentent et préservent la politique du Capital, sur ce sujet comme sur d’autres. A nous de rassembler.
 
En conclusion
Le déploiement de sa force militaire au Liban, les plans pour détruire toute vie palestinienne dans le nord de Gaza, la mainmise grandissante sur les terres des Palestiniens de Cisjordanie ne changent rien à l’affaire, l’État sioniste montre ses muscles pour cacher qu’il n’arrive pas à atteindre ses buts. Les Palestiniens, avec ou sans armes, résistent et l’armée d’occupation est en difficulté, l’État sioniste lui-même est au bord de la rupture. La Résistance libanaise, malgré les coups portés, s’organise et veille. Voilà de quoi mettre du baume au cœur à celles ceux qui combattent à leur manière pour la libération de la Palestine. Si les buts des sionistes sont désormais clairs, il y a loin de la coupe aux lèvres !
Comme tous ces partisans de la libération de la Palestine dans le monde, nous continuons et nous continuerons, inlassablement, d’exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent, de même que l’accès libre aux humanitaires dans toute la Bande de Gaza, et le retrait total des forces d’occupation de l’enclave. Mais, cela ne saurait suffire.
Une paix juste, c’est le démantèlement des colonies, le retour des réfugiés et un Etat palestinien indépendant. Ce qui empêche une telle paix c’est l’existence d’un Etat colonial. Les travailleurs d’Israël ne peuvent être libres s’ils ne rompent pas avec le sionisme, s’ils continuent de se trouver objectivement dans le camp des colonisateurs. La solidarité avec la Palestine ne peut se contenter de phrases générales sur la paix. Il faut un Etat où tous les habitants jouissent des mêmes droits et puissent vivre ensemble, quelles que soient leur origine, en l’occurrence, un État palestinien démocratique. De même, la lutte de libération nationale du peuple palestinien n’a pas besoin de compassion, mais d’un réel soutien politique et d’actions de solidarité internationaliste. Et pour la France, où les Révolutionnaires, comme ailleurs, doivent combattre d’abord leurs capitalistes, cela commence par la lutte politique contre le soutien de l’impérialisme français à l’État colonial sioniste.
C'est pourquoi, le Parti Révolutionnaire Communistes entend continuer de rassembler tous ceux qui veulent un cessez le feu immédiat pour que cesse le massacre des Palestiniens et se prononcent pour la paix. Pour nous, cela passe par le soutien aux revendications fondamentales du mouvement de libération nationale palestinien, surtout après l’assassinat d’un de ses dirigeants : fin immédiate de l'agression militaire sioniste, droit au retour des réfugiés et formation d'un État palestinien sur le territoire de la Palestine mandataire.
[1] Le Hadash est la coalition électorale formée autour du Maki, le Parti communiste d’Israël, c’est la seule qui comprend à la fois des Palestiniens et des descendants d’émigrants européens.