Gantry 5

 

N° 895 17/10/2024  Le philosophe Paul Nizan a publié ce pamphlet, "les chiens de garde"[1] en 1932 pour stigmatiser ceux des philosophes de son époque qui ne faisaient qu'énoncer des vérités sur l'homme en général, et de ce fait ne tenaient aucun compte de la réalité auquel chaque homme en particulier se trouve confronté : la misère matérielle, la maladie, le chômage, les guerres… Paul Nizan fondait son argumentation en montrant que ces philosophes n'ont d'autre but, au fond, que de justifier et de perpétuer les valeurs de la bourgeoisie et de ses intérêts. En clair, Paul Nizan nous disait que dans la lutte des classes, la bourgeoisie fait donner en permanence les voix et les forces qui lui permettent d'écraser la parole populaire, le tout plus ou moins habilement sous le masque de la démocratie et mêmes des droits humains. Cela a-t-il changé ? À l'évidence non et la façon dont l'idéologie dominante fait donner de la voix et de la force contre ceux qui contestent le discours de la France impérialiste vis-à-vis de la Palestine le montre  à l'envie.
Prenons un exemple récent. À Sciences-Po, un mouvement de soutien à la lutte du peuple palestinien pour ses droits légitimes et reconnus, y compris dans les résolutions de l'ONU, a fait l'objet d'un traitement médiatique intense dans lequel cette lutte a été tout simplement assimilée à de l'antisémitisme sur la base du principe que quiconque critique Israël est par essence antisémite. C'est d'ailleurs au nom de ce même principe que de nombreux militants syndicaux, politiques et associatifs ont été convoqués par la police et trainés devant les tribunaux écopant parfois de dures sanctions injustifiées au regard de faits qui ne relève que de la lutte politique et de la liberté d'expression. Nous les avons tous défendus, dans nos colonnes, car nous estimons que leurs actions pour soutenir la lutte de libération nationale du peuple palestinien est fondamentalement juste.
Le nouveau directeur de Siences-Po Paris, qui dès son arrivée a saisi la justice contre 4 étudiants pro palestiniens, dans une interview[2] au journal Les Echos, fournit un exemple parfait du langage convenu pour faire taire tout débat de fond sur la question de la Palestine, dont on conviendra qu'il s'agit bien de la vraie question ! Il affirme que l'institution Sciences-Po :" est d'abord guidée par la liberté académique et la liberté d'expression" pour ajouter plus loin ce qui est la doxa[3] par nature indiscutable, en quelque sorte une table de la loi : " J'ai qualifié le 7-Octobre d'attaques antisémites commises par un groupe terroriste- c'est important de nommer les choses." Peut-être aurait-il été plus juste d'écrire normer au lieu de nommer ! Et voilà tout est dit la liberté académique s'arrête là où la pensée dominante entend l'arrêter.
 
Eh bien non ! Nous n'acceptons pas cette loi du silence et du mensonge.
Un autre exemple, récemment, la chef de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, en visite en Israël, a dénoncé " le calcul perfide " du groupe terroriste palestinien du Hamas qui utilise la population de Gaza, bombardé par Israël, comme " bouclier humain ".
et d'ajouter : " Dans son calcul perfide, le Hamas se retranche désormais derrière d’autres personnes innocentes et les utilise comme boucliers à Gaza. Le Hamas a pris en otage toute la population de Gaza ". Conclusion logique, tous les palestiniens sont des combattants terroristes, les tuer ? quelle affaire les combattants meurent à la guerre. De fait, cette Ministre justifie donc le génocide en cours et pendant ce temps le massacre continu en Palestine et au Liban. Tous ces encouragements à aller plus loin dans la destruction physique du peuple palestinien demande des réponses fermes et résolues. Il n'y a rien à attendre des pays impérialistes qui soutiennent l'État colonial d'Israël dont la France. La seule attitude c'est non seulement de dénoncer la réalité coloniale que vit le peuple palestinien mais encore et surtout de lui apporter un soutien sans faille dans sa lutte de libération nationale. Alors, un an après le début du génocide, le Parti Révolutionnaire Communistes soutient plus que jamais le combat anticolonialiste de la Résistance palestinienne et celui de la Résistance libanaise contre l'armée d'occupation qui veut envahir son pays et que Netanyahu menace du même sort que Gaza.
Le Parti Révolutionnaire Communistes entend continuer de rassembler tous ceux qui veulent un cessez-le-feu immédiat, que cesse le massacre des Palestiniens et se prononcent pour la paix. Pour nous, cela passe par le soutien aux revendications fondamentales de la Résistance palestinienne : fin immédiate de l'occupation militaire sioniste, démantèlement des colonies, retour de tous les réfugiés et formation d'un État palestinien sur le territoire de la Palestine mandataire(4).
 (4)Statut politique proposé par la Société des Nations en 1920, mandat établi à partir de 1923, pour le territoire de la Palestine
[1] Paul Nizan, Les Chiens de garde, Rieder, Paris, 1932. Réédition Maspero 1969. Réédition Agone 2012.
[2] Les Echos, mercredi 16 octobre
[3] Doxa : Ensemble des opinions reçues sans discussion, comme évidentes.