N° 893 03/10/2024 L’armée génocidaire massacre au Liban comme elle le fait à Gaza
Alors que le génocide à Gaza, méthodiquement organisé par les sionistes dure depuis bientôt un an, avec son cortège de morts, de destructions, de maladies, de famine, l'armée d'occupation s'est également engagée dans une offensive militaire sanglante au Liban.
Jusqu'à présent, il s'agissait d'attaques périodiques, notamment dans le sud du pays, qui avaient le soutien et la couverture du gouvernement des États-Unis qui avaient tout de même provoqué 700 morts, dont des journalistes. Comme nous l’avons déjà écrit, les 17 et 18 septembre, une attaque sans précédent a été menée par les forces sionistes qui a fait plus de 3 000 blessés et 32 morts. Des milliers de téléavertisseurs et de radios sans fil ont explosé entre les mains, le plus souvent, de policiers municipaux des villes dirigées par le Hezbollah, de travailleurs des institutions sanitaires et sociales et de civils.
Les forces militaires sionistes ont attaqué le 27 septembre avec des bombes pouvant contenir jusqu'à une tonne d'explosifs un quartier résidentiel de la banlieue de la capitale libanaise, détruisant au moins quatre bâtiments. C’est ce que les sionistes et leurs relais médiatiques appellent des « frappes ciblées ». Lors des bombardements intenses d'Israël sur Beyrouth, le secrétaire général du Hezbollah, Hasan Nasrallah, un des principaux dirigeants de la Résistance libanaise depuis plus de 30 ans, est tombé, ainsi que plusieurs autres dirigeants du mouvement. Quelques heures auparavant, depuis New York, lors de la session de l'ONU, Benjamin Netanyahu avait assuré qu'il n'arrêterait pas son offensive génocidaire tant qu’il n’aurait pas vaincu le Hezbollah.
Le 29 septembre un autre bombardement contre un autre quartier résidentiel de Beyrouth a causé la mort de deux responsables du FPLP et du responsable du Hamas au Liban, avec, comme toujours un nombre de morts civils et de déplacés astronomique. L’État colonial sioniste utilise au Liban les mêmes méthodes génocidaires qu’il emploie dans la Bande de Gaza, avec un seul but : tuer le plus de gens possible, et pour ce qui est du sud du Liban, chasser le maximum d’habitants.
A propos de l’assassinat du dirigeant de la Résistance libanaise, voici ce qu’a notamment déclaré Hanna Gharib, secrétaire-général du Parti Communiste Libanais le 28 septembre : « Le Parti communiste libanais pleure le décès du Secrétaire général du Hezbollah et dénonce fermement le crime honteux perpétré par l'entité sioniste qui a assassiné Hassan Nasrallah. Il était un des personnages qui a joué un des rôles les plus importants dans la vie politique du pays, la résistance à l'entité sioniste, la lutte de résistance palestinienne. Ensemble, nous avons lutté pour la libération du Liban de l'occupation sioniste, dans la Guerre de juillet et dans la bataille pour la victoire de Gaza et de la Palestine. Le Parti communiste libanais exprime sa solidarité avec le Hezbollah et est assuré du fait que le sang des martyrs de la Résistance ne coulera pas en vain. La libération du Liban et de la Palestine sautera au visage des fascistes sionistes, mais aussi des régimes qui cherchent la "normalisation" et leur souteneur : les États-Unis. Le Parti communiste libanais présente ses plus sincères condoléances à la direction du Hezbollah et ses proches. La victoire a été et sera toujours le meilleur allié des peuples opprimés. ».
Le Parti Révolutionnaire Communistes condamne ces pratiques génocidaires et l’assassinat d’Hassan Nasrallah et de dirigeants du Hezbollah. Nous avons des divergences philosophiques et politiques avec le Hezbollah, pour autant, il fait partie de la Résistance libanaise, a joué un rôle essentiel dans l’échec de l’invasion du Liban par les sionistes en 2006, a contribué à la défaite des forces fascistes islamistes lancées par les impérialistes occidentaux contre le régime baasiste de Syrie, dans les années 2010 et continue de démontrer sa solidarité active avec les Palestiniens.
Que cherchent l’impérialisme US et Netanyahu ?
Pourtant, le conflit pourrait ici prendre une autre nature. Netanyahu souhaite manifestement l’élargissement du conflit, d’abord pour faire oublier la lutte de libération de la Résistance palestinienne, ensuite pour essayer de faire exploser la situation à partir du Liban dans le but de rééquilibrer le rapport de forces au profit des impérialistes occidentaux, et par conséquent d'Israël.
Le combat de libération des Palestiniens est profondément juste, nous le soutenons, de même celui des Résistants du Liban qui combattent les tentatives de l’État sioniste d’élargir son espace vital et de détruire le Liban. A ce sujet, les alliés de Netanyahu et les colons fanatiques ne cachent même pas leur intention d’agrandir le « Grand Israël » et d’implanter des colonies dans la partie du Sud Liban située au sud du fleuve Litani, qui serait alors annexée par les sionistes.
Mais le contexte régional est aussi celui d’un affrontement au sein de l’impérialisme, comme en Ukraine. Pour bien comprendre les enjeux, il faut se garder de deux erreurs.
La première vient de ceux, et il y en a dans le mouvement communiste international, qui prétendent qu'un « axe anti-impérialiste » (Iran - Russie - Chine) est en train de se former, et qu’il faudrait le soutenir contre les impérialistes américains et leurs alliés. Dans la pratique, ce concept d’axe anti-impérialiste abandonne l'approche de classe, traitant l'impérialisme comme une politique agressive des États-Unis et de leurs alliés, ignorant le fait qu'en Chine et en Russie aussi, les monopoles sont aux commandes, et que les classes capitalistes de ces pays cherchent également à promouvoir leurs propres plans. Le soutien, principalement verbal, de la Russie, de la Chine et de l'Iran aux Palestiniens est motivé non pas par la « juste cause des peuples », mais par la volonté d'entraver les plans des États-Unis dans la région, de leur faire obstacle, de leur porter un coup. Il n'y a donc pas d'axe anti-impérialiste formé par ces puissances. Elles travaillent pour leurs propres intérêts et pour leurs propres monopoles et c'est pourquoi elles ne peuvent pas être cohérentes dans leur soutien à la lutte palestinienne, même s’il n’est pas exclu que certains dirigeants iraniens veuillent sincèrement aider la Palestine. Le fait que les Palestiniens, comme tout mouvement de libération nationale ou même révolutionnaire, aient raison de chercher à exploiter ces contradictions dans leur lutte contre l'occupation israélienne est une chose différente.
La seconde, moins répandue pour le moment, vient de ceux qui prétende que tous les conflits de guerre sont impérialistes, qu'ils sont des expressions différentes d'une troisième guerre impérialiste mondiale, et que nous ne pouvons donc pas soutenir la lutte du peuple palestinien pour sa libération, parce qu'elle fait partie du conflit impérialiste. Pour les Révolutionnaires, il n’est pas possible de rejeter la juste lutte du peuple palestinien au nom de la guerre impérialiste. Car, comme cela a été démontré historiquement, dans des circonstances de confrontation impérialiste internationale et même de guerre, le déclenchement de justes guerres de libération nationale ne peut pas être exclu. Lénine a abordé ces questions en détail dans le contexte de la Première Guerre mondiale, en réponse aux positions erronées de Rosa Luxemburg.
Même si certains dirigeants arabes ne demandent qu’à s’entendre avec lui, l’État sioniste est isolé et l’axe impérialiste rival a marqué des points depuis des années. Pour se refaire, l’impérialisme dominant US mise sur le Liban, parce que c’est un maillon faible. C’est un pays divisé, basé sur un système confessionnel, marqué par la présence de milices toujours armées autres que le Hezbollah dont les Phalanges, dont l’intégrité territoriale est régulièrement mise à mal par les sionistes. Il y a toujours un risque de morcellement du Liban. L’entité sioniste, qui travaille depuis fort longtemps pour empêcher la constitution d’un gouvernement au Liban (c’est un vide politique au moins depuis 2022) souhaite provoquer ce morcellement, affaiblir le Liban, provoquer une nouvelle guerre civile et expulser le Hezbollah du sud du Liban. Mais l’objectif de « détruire le Hezbollah », comme celui de « détruire le Hamas » est inatteignable. Le Hezbollah a certes pris un coup, mais il est toujours debout et efficace, témoin les roquettes qui ont détruit le siège du Mossad pendant que l’Iran jetait sa pluie de missiles sur l’État sioniste.
Dans une adresse aux partis communistes et ouvriers du monde, le Bureau Politique du PCL exprime clairement les choses : « Ces attaques terroristes visent à intimider le peuple libanais et à le contraindre à se soumettre aux conditions de l’ennemi sioniste et de son soutien, les États-Unis, empêchant les forces nationales libanaises de soutenir le peuple palestinien à Gaza. Elles visent également à renforcer le contrôle sécuritaire sur toute la région, à consolider l’influence des puissances impérialistes sur les ressources pétrolières et les routes commerciales, et à maintenir la supériorité militaire et sécuritaire qualitative d’Israël, car Israël joue un rôle crucial dans ce projet plus large. ».
Embrasement régional ?
Nous l’avons dit, Netanyahu veut aller vers une conflagration générale au Moyen-Orient ; une guerre générale qui impliquerait le soutien militaire accru des Etats-Unis d’Amérique ainsi que des pays qui soutiennent le génocide en Palestine. Ce serait à la fois un moyen qu’il n’y ait pas d’Etat palestinien et une occasion de reprendre du terrain sur l’axe impérialiste rival, Chine-Russie-Iran.
Le risque existe, c’est indéniable. Pour autant, rien n’est acquis pour Netanyahu et les sionistes. La situation militaire, d’abord, n’est pas si avantageuse que ne la présentent nos media pro-impérialistes. Depuis 2 jours Israël mène des opérations terrestres dans le sud Liban, qui se heurtent à une forte résistance. Par ailleurs, l’attaque de missiles de l’Iran le 1er au soir a fait bien plus de dégâts que ne le disent nos media qui se contentent de relayer la propagande sioniste sans jamais la mettre en doute. Des aéroports ont été endommagés, des cibles militaires atteintes et le Hezbollah en a profité pour détruire le siège du Mossad, tandis que la Résistance palestinienne a visé et atteint Tel Aviv depuis Gaza.
Ensuite, la dernière incursion des troupes d’occupation au Liban, en 2006, s’est soldée par un échec complet et une victoire des forces de la Résistance libanaise (notamment le Hezbollah et le PCL). Le combat du PCL rappelle ces paroles de Georges-Ibrahim Abdallah rejoignant le FPLP : « Il n’y aura pas de libération du Liban sans libération de la Palestine. ». A ce sujet, la déclaration du secrétaire-général du PCL fixe clairement le cap : « Le Parti communiste libanais, tout en condamnant les massacres du gouvernement fasciste d’extrême droite de l’entité sioniste, salue les camarades communistes qui répondent aujourd’hui aux obligations d’exécuter l’appel du Comité central à résister à l’agression sioniste pour défendre le Liban, son destin et son existence, aux côtés de tous les résistants des différentes forces qui font face à l’ennemi.
Le Parti affirme la nécessité urgente de proclamer une mobilisation populaire et nationale pour résister à l’ennemi et fournir tous les moyens nécessaires sur les plans politique, militaire et de la résilience populaire afin de faire face à tous les défis résultant de la gravité de la situation que traverse le Liban.
Telle est la mission du Parti communiste libanais dans ces circonstances dangereuses : la nécessité de mobiliser toutes les énergies et les capacités pour vaincre cet ennemi. Nous réitérons notre appel : il est grand temps de résister à l’ennemi derrière un projet politique national dans un rassemblement national inclusif où toutes les énergies, les efforts et les capacités se conjuguent. Sinon, cet ennemi continuera de répéter ses crimes et ses agressions. ».
Enfin, la prestation indigne de Netanyahu à l’ONU (où il a accusé l’ONU d’être un bourbier antisémite) a permis de mesurer l’état d’isolement dans le monde de sa clique et des sionistes en général. Les peuples et les travailleurs les premiers sont solidaires des peuples palestinien et libanais. De plus en plus de voix se lèvent pour dénoncer l’arrogance et l’impunité des sionistes.
En Conclusion
Le 11 septembre dernier, la Fédération Générale Palestinienne des Syndicats de Gaza a lancé un appel aux syndicats du monde entier. Ce passage éclaire totalement sur l’état d’esprit de la Résistance : « Malgré tout, nous pansons nos plaies et élevons nos voix dans les forums internationaux, exhortant le monde libre et le mouvement ouvrier mondial à s’engager dans une vaste campagne de solidarité avec le peuple de Gaza. Nous, membres de la Fédération Générale des Travailleurs Palestiniens, dans la tradition de la ténacité légendaire de notre peuple et son refus des politiques de déplacement, continuons à vivre sur nos terres, malgré les déplacements internes pour échapper à une mort inévitable, alors que plus de 80 % de la population a été déplacée. Ces citoyens ont enduré des conditions extrêmement difficiles, en vivant plusieurs mois dans des tentes mobiles, bien loin de la vie des civils, et dans des circonstances inhumaines. En outre, dans les régions du nord de Gaza, qui ont été depuis longtemps soumises à la famine forcée et à la privation de la plupart des produits de première nécessité, les Palestiniens ont choisi d’être patients et d’endurer ces souffrances, plutôt que d’abandonner leur foyer et leur patrie. ».
Le déploiement de sa force militaire au Liban, les plans pour détruire toute vie palestinienne dans le nord de Gaza, la mainmise grandissante sur les terres des Palestiniens de Cisjordanie ne changent rien à l’affaire, l’État sioniste montre ses muscles pour cacher qu’il n’arrive pas à atteindre ses buts. Les Palestiniens, avec ou sans armes, résistent et l’armée d’occupation est en difficulté, l’État sioniste lui-même est au bord de la rupture. La Résistance libanaise, malgré les coups portés, s’organise et veille. Voilà de quoi mettre du baume au cœur à celles ceux qui combattent à leur manière pour la libération de la Palestine.
Comme tous ces partisans de la libération de la Palestine dans le monde, nous continuons et nous continuerons, inlassablement, d’exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent, de même que l’accès libre aux humanitaires dans toute la Bande de Gaza, et le retrait total des forces d’occupation de l’enclave. Mais, cela ne saurait suffire.
Une paix juste, c’est le démantèlement des colonies, le retour des réfugiés et un Etat palestinien indépendant. Ce qui empêche une telle paix c’est l’existence d’un Etat colonial. Les travailleurs d’Israël ne peuvent être libres s’ils ne rompent pas avec le sionisme, s’ils continuent de se trouver objectivement dans le camp des colonisateurs. La solidarité avec la Palestine ne peut se contenter de phrases générales sur la paix. Il faut un Etat où tous les habitants jouissent des mêmes droits et puissent vivre ensemble, quelles que soient leur origine, en l’occurrence, un État palestinien démocratique. De même, la lutte de libération nationale du peuple palestinien n’a pas besoin de compassion, mais d’un réel soutien politique et d’actions de solidarité internationaliste. Et pour la France, où les Révolutionnaires, comme ailleurs, doivent combattre d’abord leurs capitalistes, cela commence par la lutte politique contre le soutien de l’impérialisme français à l’État colonial sioniste.
C'est pourquoi, le Parti Révolutionnaire Communistes entend continuer de rassembler tous ceux qui veulent un cessez le feu immédiat pour que cesse le massacre des Palestiniens et se prononcent pour la paix. Pour nous, cela passe par le soutien aux revendications fondamentales du mouvement de libération nationale palestinien, surtout après l’assassinat d’un de ses dirigeants : fin immédiate de l'agression militaire sioniste, droit au retour des réfugiés et formation d'un État palestinien sur le territoire de la Palestine mandataire.