N° 888 29/08/2024 Riposte du Hezbollah aux meurtres des sionistes
Après la récente attaque du Hezbollah contre des cibles militaires israéliennes dimanche 25 août, Hassan Nasrallah, le dirigeant du mouvement libanais a prononcé une allocution. Il a indiqué que la formation islamiste avait lancé son attaque d’envergure en deux temps. Le Hezbollah a d’abord lancé « 340 roquettes Katioucha » sur 11 objectifs militaires dans le nord d’Israël et le plateau du Golan, occupé par Israël.
Puis, des drones, lancés à partir du Liban sud, mais également, pour la première fois, depuis la plaine de la Bekaa, dans l’est du Liban, frontalière de la Syrie, ont visé des objectifs militaires en profondeur ; le Hezbollah a visé la base de l’armée de terre de Gilliott, située près de Tel Aviv, et la base de l’armée de l’air d’Ein Shemer, à 70 kilomètres de la frontière.
Hassan Nasrallah a laissé entendre que cette attaque était terminée : « Si le résultat est satisfaisant et atteint les objectifs recherchés, nous estimerons que l’opération de riposte » à l’assassinat de Fouad Chokr « a été accomplie », a-t-il dit. Il a également démenti les « allégations mensongères » d’Israël sur la destruction dimanche par ce pays de « milliers de rampes de lancement de roquettes » au Liban et « l’interception de milliers de roquettes ».
Dimanche matin, l’armée israélienne a affirmé avoir mené des « frappes préventives » au Liban, pour empêcher l’« attaque d’envergure », après avoir repéré des signes de préparation du Hezbollah. « Les propos selon lesquels la résistance allait lancer 8.000 ou 6.000 roquettes et drones, et qu’[Israël] a déjoué, ce (…) sont des allégations mensongères », a déclaré Hassan Nasrallah, en ajoutant que seules « des dizaines de rampes ont été détruites ».
Comme à son habitude, le Hezbollah a ciblé des objectifs uniquement militaires. Cela donne à penser que le mouvement de Nasrallah ne laisse rien d’impuni, riposte aux attaques israéliennes mais ne provoque pas un élargissement du conflit, même si la chose est toujours possible, on ne sait pas jusqu’où Netanyahu peut aller.
Cisjordanie : l’armée d’occupation tue encore
En Cisjordanie occupée aussi, les Palestiniens meurent dans les attaques de l’armée israélienne. Mercredi 28 août, dix personnes ont ainsi été tuées dans le nord de la Cisjordanie, selon les porte-parole du Croissant-Rouge palestinien.
Deux Palestiniens ont été tués dans la ville de Jénine, quatre dans le bombardement d’une voiture dans un village proche et quatre autres dans un camp de réfugiés près de la ville de Toubas, a précisé Ahmed Jibril, porte-parole de la société nationale de secours.
« Les deux morts de Jénine ont été transférés à l'hôpital de Jénine », a précisé Ahmed Jibril. « Quatre Palestiniens tués dans le bombardement de leur voiture au sud de Jénine et deux (des) Palestiniens tués dans le camp de réfugiés d'al-Faraa ont été transférés à l'hôpital turc de Toubas », a-t-il détaillé. Ahmed Jibril a ajouté avoir recensé jusqu'ici « 15 blessés ».
« Deux autres Palestiniens, des frères âgés de 13 et 17 ans, ont été tués dans une maison du camp d'al-Faraa et [les secours] ne peuvent récupérer leurs corps pour le moment », a-t-il poursuivi. L'armée israélienne empêche régulièrement les services palestiniens d’ambulance d'accéder aux morts et aux blessés lors de ses raids.
Comme à leur habitude, les militaires sionistes déroulent leur propagande grossière et mensongère en parlant d’ « opérations de contre-terrorisme ».
Si les incursions de l’armée israélienne ou des colons israéliens sont fréquentes, voire quotidiennes, dans les zones palestiniennes en Cisjordanie, il est plus rare de voir des attaques armées coordonnées sur plusieurs sites. Ces dernières semaines, les opérations israéliennes en Cisjordanie se sont concentrées sur le nord du territoire. Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, plus de 650 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie par l’armée israélienne ou des colons.
L’annexion de la Cisjordanie est une volonté de plus en plus prégnante des responsables israéliens. Mi-août, une centaine de colons ont attaqué le village de Jit, entre les grandes villes de Naplouse et Qalqiliya. La Maison-Blanche avait alors déclaré que les attaques des colons contre les civils palestiniens en Cisjordanie étaient « inacceptables et doivent cesser », ajoutant que « les autorités israéliennes doivent prendre des mesures pour protéger toutes les communautés contre le mal, ce qui inclut intervenir pour mettre fin à cette violence et tenir tous les auteurs de ces violences responsables ». Dans la foulée, Paris, Londres, Berlin avaient, entre autres, condamné ce que même le président israélien, Isaac Herzog, avait qualifié de « pogrom ». Mais tous ces discours ne changent rien à l’affaire puisque les alliés impérialistes d’Israël continuent de soutenir l’État colonial sioniste, notamment en lui livrant des armes.
Le Jihad islamique, particulièrement implanté dans les camps de réfugiés du nord de la Cisjordanie, a dénoncé une « guerre ouverte de l’occupant » israélien. D’autres organisations de la Résistance palestinienne, le Hamas et le FPLP appellent régulièrement le territoire occupé à se « soulever ». Plus le temps passe, plus il devient évident que les Palestiniens ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour se libérer, avec certes l’aide du Hezbollah ou des Yéménites, et sur la solidarité internationale des peuples.
Le leurre des négociations pour un cessez-le-feu
Le Hamas, qui parle au nom de tous les mouvements de résistance de Gaza avait envoyé une délégation au Caire pour connaître les fameuses propositions de Blinken, le secrétaire d’État US. La délégation a quitté Le Caire le 25 août au soir, a indiqué Ezzat Rishq, l’un de ses cadres, dans le cadre de la énième pseudo-tentative des États-Unis, flanqués de l’Egypte et du Qatar tentent d’obtenir un cessez-le-feu à Gaza.
Les envoyés du Hamas ont « rencontré les médiateurs égyptiens et qataris qui les ont informés des résultats des dernières négociations », a affirmé M. Rishq. La position de son mouvement reste inchangée : il veut, a-t-il redit, « un cessez-le-feu complet, un retrait complet des troupes israéliennes, le retour des déplacés, l’entrée de l’aide humanitaire, la reconstruction et un accord d’échange » entre prisonniers palestiniens et captifs à Gaza. C’est-à-dire, le plan présenté par Biden, il y a presque deux mois. Mais Israël n’en veut pas et ajoute des exigences que la Résistance palestinienne ne peut accepter.
Si Biden et Blinken veulent vraiment un cessez-le-feu, il y a un moyen simple : arrêter de fournir des armes à l’État génocidaire sioniste. Comme disait Verlaine : « Et tout le reste est littérature. ».
Pendant ce temps-là, le génocide se poursuit à Gaza
Vers la mi-juillet, le prestigieux journal médical britannique The Lancet a publié un article estimant que le nombre total de morts civiles palestiniennes causées directement et indirectement par les attaques israéliennes depuis octobre 2023 pourrait être près de cinq fois supérieur au bilan officiel, et pourrait atteindre « jusqu’à 186.000, voire même plus. ».
Le Norvégien Mads Gilbert, qui a beaucoup travaillé depuis Gaza au fil des ans, notamment à l'époque où Israël menait des guerres contre l'enclave palestinienne, a récemment souligné les multiples conditions évitables qui contribuent à ces décès « indirects », estimant le nombre de morts ou de décès imminents. Le nombre de morts pourrait être supérieur à 500.000. Comme causes de décès indirects, il détaille « le manque de nourriture entrant à Gaza et la destruction de l’agriculture, de la pêche, de la volaille, des fermes laitières, etc. Le manque d’eau, qui entraîne déshydratation et infections. […] Il y a peut-être au moins 10.000 patients atteints de cancer à Gaza. L’armée israélienne a bombardé l’hôpital de Rantisi pour enfants atteints de cancer et l’hôpital de l’amitié turque pour patients adultes atteints de cancer. Ils n’autorisent pas l’entrée de médicaments contre le cancer. ».
La journaliste canadienne Eva Bartlett évoque les femmes enceintes qui accouchent dans des conditions insalubres, le corps affaibli par la faim. Elle estime que plus de 50.000 enfants sont nés à Gaza depuis le 7 octobre 2023, ajoutant que : « toutes ces femmes ont besoin d’eau potable et de bonne nourriture pour pouvoir prendre soin de leurs enfants. Il y a une surmortalité massive chez les femmes enceintes qui ont des accouchements difficiles et qui ont besoin d’une césarienne. ».
Quelques mois avant l'avertissement du Lancet, en mars dernier, l’avocat états-unien Ralph Nader avait également remis en question ce qu'il pensait être une grave sous-estimation du nombre de Palestiniens tués à Gaza, écrivant : « À partir de récits de personnes sur le terrain, de vidéos et de photographies d'épisodes meurtriers après épisodes, ainsi que de En raison du nombre de décès résultant du blocage ou de la destruction des biens essentiels à la vie, une estimation plus probable, à mon avis, est qu'au moins 200 000 Palestiniens doivent avoir péri à l'heure actuelle et le bilan s'accélère d'heure en heure. ».
Enfin, au début du mois de juillet, le Dr Ahmad Yousaf, médecin de Med Global qui travaille à Deir al-Balah, au centre de Gaza, a déclaré dans une interview : « Cette unité de soins intensifs est pleine de patients diabétiques qui contractent une maladie très traitable, mais ils meurent de la chose la plus simple : parce que l'insuline n'est pas disponible, parce qu'ils ne sont pas autorisés à l'apporter et qu'il n'y a plus de réfrigération. Comme beaucoup d'amputés à cause d'un traumatisme, il existe des amputés atteints de diabète incontrôlé. […] Les chiffres des morts de la Bande de Gaza sont beaucoup plus élevés, je dirais facilement quatre, cinq, six fois plus élevés. Sans parler de ceux qui mourront dans les décennies à cause à la fois du traumatisme psychiatrique et des handicaps physiques associés à ce qui s'est passé au cours des neuf derniers mois. ».
Si tout un tas de gens comme ces journalistes ou médecins se penchent sur le sort de Gaza, si des travailleurs du monde entier s’inquiètent du sort des Gazaouis et des Palestiniens en général, leur sort n’émeut absolument pas les dirigeants impérialistes occidentaux, ni les militants du sionisme.
En voici un exemple. Interrogé sur BFM TV le 26 août dernier à propos de l’attentat antisémite de La Grande Motte, le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, le lie évidemment aux défenseurs de la cause palestiniennes, à ceux qui « agitent un drapeau palestinien ». Ce n’est pas nouveau ni surprenant. Mais, surtout, il justifie les meurtres à Gaza. La journaliste lui demande : « J’essaie juste de comprendre pourquoi c’est si difficile de condamner aussi les crimes qui sont commis à Gaza ». Il répond : « Parce que c’est un fait de guerre, ce n’est pas du même ordre […] Parce qu’il y a eu 1200 morts et Israël a l’obligation de faire en sorte que ses citoyens ne risquent plus cela […] C’est une guerre entre Israël et le Hamas, pas entre Israël et les Palestiniens et tout le monde sera bien content qu’Israël finisse le boulot. ». Sera-t-il poursuivi pour apologie du terrorisme ou même apologie de crimes de guerre ? On peut largement en douter, tellement ses paroles soulèvent peu d’indignation de la part des politiciens si prompts à dénoncer l’antisémitisme.
Pour clore ce chapitre, faisons appel au grand poète palestinien Mahmoud Darwich et à son poème Passants parmi des paroles passagères :
« Vous qui passez parmi les paroles passagères
Vous fournissez l’épée, nous fournissons le sang
Vous fournissez l’acier et le feu, nous fournissons la chair
Vous fournissez la bombe lacrymogène, nous fournissons la pluie
Mais le ciel et l’air sont les mêmes pour vous et pour nous
Alors prenez votre lot de notre sang, et partez. »
En conclusion
Nous continuons et nous continuerons, inlassablement, d’exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent, de même que l’accès libre aux humanitaires dans toute la Bande de Gaza, et le retrait total des forces d’occupation de l’enclave. Mais, cela ne saurait suffire.
Une paix juste, c’est le démantèlement des colonies, le retour des réfugiés et un Etat palestinien indépendant. Ce qui empêche une telle paix c’est l’existence d’un Etat colonial. Les travailleurs d’Israël ne peuvent être libres s’ils ne rompent pas avec le sionisme, s’ils continuent de se trouver objectivement dans le camp des colonisateurs. La solidarité avec la Palestine ne peut se contenter de phrases générales sur la paix. Il faut un Etat où tous les habitants jouissent des mêmes droits et puissent vivre ensemble, quelles que soient leur origine, en l’occurrence, un État palestinien démocratique. De même, la lutte de libération nationale du peuple palestinien n’a pas besoin de compassion, mais d’un réel soutien politique et d’actions de solidarité internationaliste. Et pour la France, où les Révolutionnaires, comme ailleurs, doivent combattre d’abord leurs capitalistes, cela commence par la lutte politique contre le soutien de l’impérialisme français à l’État colonial sioniste.
C'est pourquoi, le Parti Révolutionnaire Communistes entend continuer de rassembler tous ceux qui veulent un cessez le feu immédiat pour que cesse le massacre des Palestiniens et se prononcent pour la paix. Pour nous, cela passe par le soutien aux revendications fondamentales du mouvement de libération nationale palestinien, surtout après l’assassinat d’un de ses dirigeants : fin immédiate de l'agression militaire sioniste, droit au retour des réfugiés et formation d'un État palestinien sur le territoire de la Palestine mandataire.