Gantry 5

 

N° 866 27/03/2024  Les manœuvres de l’impérialisme US
Agitation en tous genres chez les dirigeants US
Anthony Blinken a effectué son énième voyage au Proche-Orient, avec une focalisation sur ses faits et gestes plus importante que jamais. Le gouvernement des États-Unis est à la manœuvre. Il déploie ce qu’il peut de publicité, de propagande pour essayer d’atténuer les nombreuses critiques dont il est l’objet, aux USA comme dans le monde entier, pour son rôle de génocidaire en chef.
Il est probable que la perspective électorale de la fin d’année n’est pas pour rien dans la justification de cette agitation. L’électorat démocrate se fissure et, d’ores et déjà, on peut être certain qu’une partie de ceux qui le soutiennent  n’ira pas voter Biden en novembre, écœurés qu’ils sont par son soutien permanent à Israël. Mais il faut se garder de deux réactions erronées.
D’abord, il ne faut pas accorder plus d’importance qu’elle n’en a à cette séquence électorale. Le Grand Capital maîtrise complètement le jeu électoral aux USA et, si ce n’est pas Biden, ce sera Trump, qui est tout autant un de ses serviteurs. Le pouvoir US a besoin de sauver son « prolongement organique » au Proche Orient, par tous les moyens, y compris si la contrepartie est, pour un clan, de perdre une élection.
La seconde illusion serait de croire ce que de nombreux media essaient de nous mettre en tête : il y aurait un changement net de politique de la part des USA, l’énervement croissant vis-à-vis de Netanyahu expliquerait cela. Or, rien n’est moins vrai ! La prise de distance avec Netanyahu n’est que verbale, aucun acte ne la suit. Certes, tout est mis en scène de manière très professionnelle, de Biden, disant que « Netanyahu fait plus de mal que de bien à Israël » à Chuck Shumer, leader du groupe démocrate au Sénat, personnalité juive, pour qui « Netanyahu est un obstacle pour la paix » et la coalition au pouvoir en Israël « menée par Netanyahou ne correspond plus aux besoins d'Israël après le 7 octobre ». Shumer réclame dont de nouvelles élections dans l’État sioniste. 
 
La résolution au conseil de sécurité
Mais, si bien structurée que soit la partition, la mise en musique peine à convaincre. C’est que malgré discours et voyages dans les pays arabes réactionnaires, les USA continuent d’armer l’État d’apartheid. D’ailleurs, Shumer vend la mèche en donnant les raisons de sa préoccupation ; pour lui, « Netanyahou est trop disposé à tolérer le bilan humain des civils à Gaza, qui entraîne le soutien international à Israël vers des niveaux historiquement bas » et « Israël ne peut pas survivre s’il devient un paria ». Et, pour rassurer les dirigeants sionistes, si tant est qu’ils soient inquiets, John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré : « Nous allons continuer à veiller à ce qu'Israël dispose de ce dont il a besoin pour se défendre, tout en faisant tout ce qui est en son pouvoir pour éviter des pertes civiles ». Autant dire, exactement le discours des autorités impérialistes depuis le 7 octobre.
Si vraiment les USA voulaient que cesse le génocide, ils arrêteraient d’armer Israël, c’est aussi simple que cela, sans armes ni munitions US, en trois jours, l’armée sioniste n’a plus de quoi faire la guerre.
C’est dans ce contexte de poudre aux yeux qu’est survenue la dernière des séquences du film que nous projettent media et autorités impérialistes : le dépôt d’une résolution des États-Unis auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU. Que n’avons-nous pas entendu sur ce texte ! Curieusement, si nos media en ont fait des tonnes sur la présence (enfin !) du mot « cessez-le-feu » dans ledit projet de résolution, ils ne nous ont guère fait part des détails. Il a fallu les vetos de la Chine et de la Russie pour que nous puissions avoir des informations un peu plus détaillées sur le contenu du texte. La résolution indique que « le Hamas et d'autres groupes terroristes et extrémistes ne représentent pas le peuple palestinien » et souligne que le Hamas a été désigné comme une « organisation terroriste ans la même veine, par certains États membres ». Toujours cette volonté des impérialistes occidentaux de décider à la place des peuples ce qui est bon et mauvais pour eux. Le peuple palestinien a beau être colonisé, il est le seul, habilité à dire qui le représente et qui ne le représente pas.
Dans la même veine, le projet de texte américain condamnait « tous les actes de terrorisme, y compris les attaques du Hamas du 7 octobre » contre Israël. Cela aurait été la première fois que le Conseil de Sécurité aurait condamné spécifiquement ces attaques en reprenant le discours de la propagande israélienne, ce qui explique non seulement les vetos, mais aussi le vote contre de l’Algérie. Autre explication, on apprend, au détour d’un article du Monde, que le texte « n’appelle pas directement à faire taire les armes ». L’exigence du cessez-le-feu est d’autant moins contraignante pour Israël qu’elle est liée à une contrepartie : « la libération de tous les otages ». Le mot otage désigne ici les captifs emmenés par les combattants palestiniens le 7 octobre.
L‘ambassadeur de Russie auprès de l’ONU, Vassili Nebenzia, a spécifié : « Alors que Gaza a quasiment été effacée de la carte, la représentante américaine, sans sourciller, assure que Washington reconnaît le besoin d’un cessez-le-feu », dénonçant le « spectacle hypocrite » des États-Unis qui ont essayé de « vendre à la communauté internationale un produit totalement différent, une formulation diluée ».
 
La réponse des dirigeants colonialistes
Enfin, pour bien comprendre que toutes ces manœuvres ne contraignent ni ne contraindront en rien l’État d’occupation, il est important de faire référence à une décision prise par le gouvernement israélien le jour même du vote du Conseil de sécurité, vendredi 22 mars, et alors même qu’Antony Blinken était en visite dans l’État sioniste.
Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a annoncé vendredi la saisie de 800 hectares de terres en Cisjordanie occupée, en vue de l'implantation de nouvelles colonies. « Alors que certains en Israël et dans le monde cherchent à nier notre droit sur la Judée-Samarie [...], nous encourageons la colonisation avec force travail et d'une manière stratégique dans tout le pays », a souligné Smotrich, l’un des nombreux fascistes religieux du gouvernement sioniste. En tant que tel, il utilise le terme, qui se veut biblique de Judée-Samarie pour désigner la Cisjordanie. Les terres saisies se situent dans la Vallée du Jourdain. Cette initiative, qui fait fi du fameux « droit international », fait suite à la saisie de 300 hectares de terres dans le secteur de la colonie juive de Maale Adoumim, en Cisjordanie occupée.
On sait que les bergers de Cisjordanie et, plus généralement, les travailleurs de la terre, sont régulièrement pris pour cibles par les colons, vite soutenus par l’armée. Mais, là, il s’agit d’une préemption de l’État. L’organisation israélienne « La Paix Maintenant », qui s’oppose à la colonisation, a qualifié cette décision de provocation. Elle a ajouté, dans une déclaration que Netanyahu et Smotrich « sont déterminés à se battre contre le monde entier et contre les intérêts du peuple israélien au profit des intérêts d'une poignée de colons qui reçoivent des milliers de dounams¹ comme s'il n'y avait[1] aucun conflit politique à résoudre, ni aucune guerre à finir ».
Tout cela montre bien que les dirigeants israéliens sont assurés de leur impunité comme de celle de leur État génocidaire et qu’ils savent pertinemment que l’agitation, au sommet de l’impérialisme dominant, n’est qu’une pièce de mauvais théâtre.
La stratégie du port mobile
Nous pensons utile de redire un mot sur un autre aspect des manœuvres états-uniennes au Proche-Orient, celles autour du fameux port mobile. Nous avons dénoncé plusieurs aspects de cette machination. Si les USA voulaient vraiment approvisionner une population de Gaza au bord ou en prise à la famine et privée de soins, il y aurait d’autres mesures à prendre, comme imposer un cessez-le-feu en cessant d’armer les occupants, imposer aux sionistes de laisser entrer les camions dans Gaza et permettre aux combattants palestiniens de les sécuriser. Tous les spécialistes disent que l’approvisionnement par air et par mer est absolument insuffisant, qu’il suffit de laisser entrer les centaines de camions qui attendent. Et, pour ce qui est des soins, imposer à Israël de se retirer de l’hôpital Al-Shifa, de laisser les soignants faire leur métier, serait un premier pas.
La réalité c’est que les dirigeants US veulent mettre hors-jeu l’UNRWA, effacer de la carte des témoins du génocide que perpètre leur pion au Proche-Orient ; pire même, ils veulent justifier la présence permanente sur place de l’armée d’occupation.
Le 20 mars dernier, le Parti Communiste Palestinien a publié un communiqué dans lequel il donne son avis, entre autres, sur cette affaire. Voici ce qu’il en dit : « Notre parti considère également avec beaucoup de sérieux la démarche des États-Unis d'Amérique visant à construire une jetée navale dont le but apparent est de fournir une aide humanitaire aux affamés de la bande de Gaza, alors que ses objectifs cachés sont malveillants, à commencer par le déplacement ou le renforcement du siège, et la préparation d'une éventuelle opération terrestre à Rafah. Alors qu'est-ce que cela signifie pour la construction de cette jetée navale ? S’il s’agissait vraiment de fournir de l'aide à ceux qui en ont besoin, le terminal de Rafah contient des milliers de camions chargés d'aide alimentaire et de médicaments, qui, s'il était autorisé à entrer dans la bande de Gaza, il aurait pu mettre fin à l'état de faim parmi les familles et les enfants de notre peuple dans la bande de Gaza. Cela nous amène au plan de l'entité sioniste, qui est d'occuper la route Salah al-Din[2], afin d'empêcher complètement l'entrée de l'aide ou de tout autre matériel par le passage de Rafah, et de le contrôler via la prétendue jetée maritime, afin de faire chanter notre peuple à l'avenir et de limiter l'entrée de toute marchandise, ou des marchandises que l'entité peut considérer comme présentant un danger pour elle, comme elle le prétend, car ce port aidera l'État de l'entité à former une force locale pour recevoir de l'aide et contourner les agences gouvernementales et les organisations humanitaires internationales dans la bande de Gaza. Cette mesure suspecte vise également à frapper et à liquider l'UNRWA et à l'empêcher de remplir son rôle de distribution d'aide à notre peuple. ».
 
Les manœuvres de Mahmoud Abbas
Un mauvais signal
Le 26 février, le premier ministre de l’Autorité Palestinienne, Mohammed Shtayyeh, dirigeant du Fatah, remettait la démission de son gouvernement au « président » Mahmoud Abbas, que celui-ci acceptait. Dans sa déclaration, Shtayyeh faisait un appel à l’unité des organisations palestiniennes. Nous avions écrit qu’il s’agissait d’une lueur d’espoir pour constituer un « gouvernement » tenant compte des diverses organisations de la résistance. Il avait évoqué la nécessité d'une nouvelle politique tenant compte « de la nouvelle réalité dans la bande de Gaza » et du « besoin urgent d'un consensus inter-palestinien ».
Il faut rappeler ici que l’Autorité Palestinienne et son chef Mahmoud Abbas sont, dans les faits, des fantoches au service de l’État colonial, qui organisent la répression des manifestations anti occupants à Ramallah, qui sont gangrenés par la corruption et s’occupent principalement de conserver leurs privilèges.
Mahmoud Abbas a donc nommé un nouveau premier ministre de l’Autorité Palestinienne.  Mais ce n’est probablement pas celui qu’espéraient celles et ceux qui croyaient (juste un peu) à un éventuel geste d’ouverture vers la résistance du vieux cacique. Sous la pression des USA (Blinken est venu le voir récemment) et de chefs corrompus du Fatah qui veulent conserver leur place, il a choisi un premier ministre compatible avec Israël. Il s’agit de Mohamed Mustafa, un économiste de 69 ans, bref un technocrate doublé d’un représentant de la Bourgeoisie palestinienne.
Le journal Les Échos, qui s’y connaît en Bourgeois, nous indique son CV : « Il a fait ses études dans des universités américaines, géré ces dernières années le Fonds d'investissement palestinien et participé à des opérations de reconstruction de la bande de Gaza à la suite de précédents affrontements entre le Hamas et l'armée israélienne. » Et d’ajouter : « Cette expérience pourrait lui être très utile, alors que cette enclave miséreuse est dévastée par la guerre. Pour y parvenir, il espère convaincre notamment des notables et représentants de grandes familles originaires de la bande de Gaza d'intégrer son futur gouvernement. ».
Abbas s’accroche tant qu’il peut à son pouvoir, mais aussi à la possibilité d’y rattacher la Bande de Gaza ou du moins une partie après la guerre », comme disent nos media. Peut-être les USA lui ont-ils donné des assurances à ce sujet, mais le gouvernement de l’État sioniste ne veut pas en entendre parler. C’est donc très illusoire. Tout ce qui semble lui importer est de survivre en tant que chef d’un pseudo État alors même que Smotrich met en place des mesures pour couper les vivres à l’Autorité Palestinienne. Il avait une occasion en or d’essayer de se racheter un peu, il l’a totalement manquée.
 
Quelques réactions
La nomination de Mohamed Mustafa intervient quelques jours après une rencontre entre certaines organisations (dont le Hamas et le Fatah) à Moscou, que nous avons évoquée il y a peu, en soulignant ses limites, mais en disant qu’elle ouvrait une issue. Même si le texte final était bien flou, les organisations présentes avaient annoncé leur intention de remettre sur les rails des pourparlers pour unir leurs voix sous la bannière de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Plusieurs organisations ont réagi en disant qu’elles n’avaient pas été consultées avant la décision d’Abbas, en premier lieu, la plus importantes, le Hamas. Le mouvement de résistance a déclaré que cette nomination « porte atteinte à notre peuple et à notre cause nationale » et que « Toute tentative de nous exclure de la scène politique après la guerre est totalement illusoire ».
Le PCP, dans son communiqué, a réagi à cette nomination. Voici quelques extraits de ce qu’il en dit : « La formation du nouveau gouvernement palestinien est un pas dans la mauvaise direction. C'était un coup d'État contre la réunion des factions palestiniennes à Moscou et ses modestes résultats. La tendance de l'Autorité palestinienne à former un nouveau gouvernement pour plaire aux Américains et sacrifier l'unité nationale palestinienne indique un horizon étroit. Cette autorité se base sur la primauté de ses intérêts sectaires étroits sur le bien général de notre peuple arabe palestinien, et la primauté de l'intérêt privé sur l'intérêt de tous les Palestiniens. Avec cette décision, tout dialogue futur sera d'avance voué à l'échec. ». Le PCP se livre ensuite à une analyse plus globale : « Devant le monde, cette mesure est intervenue au gré du gouvernement sioniste fasciste, qui exploite la division palestino-palestinienne pour commercialiser sa vision de bande de Gaza de la Cisjordanie. Cette mesure irresponsable facilite la tâche du gouvernement de l'entité pour séparer la Cisjordanie de la bande de Gaza et contribue à approfondir la division palestino-palestinienne. ».
Le long chemin vers l’unité
Cette question essentielle de l’unité des forces de résistance palestiniennes, de toutes les forces de résistance, est posée avec d’autant plus d’acuité depuis cette décision qui va dans le mauvais sens et éloigne encore un peu plus les vieilles barbes de l’Autorité Palestinienne du peuple palestinien. En faisant de telles concession Abbas ne sauvera pas son poste dont Netanyahu ne veut plus, mais il obère dangereusement les chances de l’unité, et d’abord à l’intérieur de son propre parti, où les partisans de la résistance, comme Marwan Barghouti, ne doivent pas se réjouir.
Le PCP poursuit ainsi son communiqué : « Notre parti renouvelle son appel à toutes organisations d’action nationale afin de former un large front national pour résister aux projets de liquidation de la question palestinienne et sortir de l’impasse actuelle vers la libération et la construction d’un État palestinien indépendant sur l’ensemble du territoire national, "un État pour tout son peuple". ».
Depuis 2006, l’unité des organisations de la résistance palestinienne a pris de sacrés coups. Aujourd’hui, moins que jamais, réaliser cette unité n’est pas une posture, mais une nécessité vitale, c’est ainsi que le dit le PCP, et les autres organisations marxistes palestiniennes.
Il faut arrêter les génocidaires
 
Menaces pour la vie de Marwan Barghouti
Marwan Barghouti a été mis au secret par ses geôliers. Itamar Ben Gvir, le ministre sioniste de la sécurité, un fasciste religieux notoire, avait annoncé fin février : « Je suis heureux que les services de sécurité israéliens mettent en œuvre ma politique très claire à l’égard des terroristes dans les prisons et aient transféré aujourd’hui le meurtrier Marouane Barghouti de la prison d’Ofer à l’isolement. ». La prison d’Ofer est celle où les dirigeants sionistes ont décidé de grouper les prisonniers palestiniens les plus importants pour leurs responsabilités respectives dans des mouvements de résistance.
Marouane Barghouti, dirigeant du Fatah, est l’un des prisonniers politiques palestiniens les plus connus, le promoteur d’un texte d’accord signé par des prisonniers ayant des responsabilité politiques importantes dans des organisations palestiniennes diverses (Ahmed Saadat, le secrétaire-général du FPLP, Yahya Sinouar du Hamas, entre autres). Cet épisode est raconté en détails par Salah Hamouri, qui était présent alors, dans son autobiographie « Le prisonnier de Jérusalem ». Contrairement à Abbas et à sa clique, dont nous avons parlé plus haut, il dirige Ies militants du Fatah qui sont favorables à la résistance sans concession à l’État colonisateur. Jugé pour son rôle de direction dans les deux Intifada, il avait décliné toute défense devant les tribunaux et refusé de reconnaître l’autorité du tribunal israélien. Il figure toujours en premier dans la liste des demandes de libération pour les échanges de prisonniers de la part des combattants palestiniens de la Bande de Gaza.
Plusieurs hauts responsables palestiniens ont annoncé qu’il était en danger, dans sa cellule à l’isolement. Il a été tabassé par ses gardiens le 6 mars et le 12 mars, il semble blessé à un œil.
Hussein al-Sheikh, secrétaire général du comité exécutif de l’OLP, a écrit que Barghouti était exposé à « l’isolement, à la torture et à des tentatives de le contraindre, de l’humilier et de le battre, mettant sa vie en danger ». C’est Qadura Fares, chef de la Commission palestinienne pour les affaires des détenus et des ex-prisonniers, qui a annoncé qu’il avait été battu par des gardiens de prison israéliens. Il a indiqué que ces mauvais traitements faisaient partie d’une campagne de répression plus vaste à l’encontre des prisonniers palestiniens qui s’est intensifiée depuis le début du mois de Ramadan.
Les mesures punitives comprennent « des passages à tabac sévères, des insultes, des humiliations et la confiscation du Coran des cellules ». « La situation est devenue plus dangereuse que quiconque pouvait l’imaginer, car la vie des prisonniers est véritablement menacée », a prévenu Fares. Il a ajouté qu’un autre prisonnier de premier plan, Thabet Merdawi, un dirigeant du Jihad islamique emprisonné depuis 2002, était lui aussi confronté à une intensification des mauvais traitements.
« Nous appelons la communauté internationale, les institutions et les organisations internationales à intervenir immédiatement et de toute urgence afin de mettre fin aux mesures répressives prises contre nos prisonniers et nos dirigeants dans les prisons de l’occupation, de les protéger et de les libérer immédiatement », a déclaré Hussein al-Sheikh.
On sait que des négociations chaotiques ont lieu sous l’égide du Qatar et de l’Égypte pour un échange de prisonniers. Il est probable que l’État sioniste ne veuille pas libérer un tel prisonnier qui représente un symbole et un espoir pour beaucoup de Palestiniens. Les geôliers israéliens sont coutumiers de la torture, comme les colonisateurs bénéficient d’une totale impunité de la part des impérialistes occidentaux, la mort de Barghouti est une chose envisageable de leur point de vue.
 
Israël utilise des armes US contre le droit international
Les ONG Human Rights Watch et Oxfam accusent Israël d'utiliser des armes américaines en violation des règles du droit international. Elles ont adressé à l'administration américaine un rapport et demandent que les États-Unis suivent l'exemple canadien et suspendent leurs livraisons d'armes à l'État sioniste.
« Nous avons été capables, dans certaines situations, de rassembler des preuves qu'il n'y avait pas, par exemple, de cible militaire dans un hôpital », explique Sarah Yager, directrice du bureau de Washington de Human Rights Watch. Et de poursuivre : « Quand Israël assure qu’il utilise les armes états-uniennes en respectant le droit international, ce n’est tout simplement pas crédible. ». Le rapport indique que des ambulances ont été visées par des missiles guidés. Des munitions au phosphore blanc fournies par les États-Unis ont été utilisées contre des civils au Liban, ce qui est contraire au droit international, mais aussi à la loi américaine.
Une évaluation de l’utilisation des armes US par Israël est prévue mi-mai devant le Congrès des représentants US. Mais il serait illusoire d’en attendre grand-chose.
Israël est la cause du problème
Il faut toujours revenir à l’histoire pour comprendre et trouver des solutions. Or l’histoire nous raconte une entreprise impérialiste, d’abord britannique, puis états-unienne, de créer et maintenir un État tampon au Proche Orient qui soit une émanation, une créature des impérialistes occidentaux. C’est dans la perspective de l’achèvement de la désagrégation de l’Empire Ottoman, déjà bien malade, que s’est construit ce projet. Il s’agissait de veiller à l’émiettement du monde arabe au Proche Orient, organisé par les Britanniques et, dans une moindre mesure, les Français, à partir de 1918.
Puis est venue la découverte des richesses, le pétrole d’abord ; en contrôler le libre accès pour les impérialistes a été la deuxième mission confiée à la créature des Occidentaux.
Enfin, il fallait combattre le nationalisme arabe, anticolonial et parfois trop proche des Soviétiques, troisième mission confiée à la pointe avancée de l’Occident en Asie.
Mais, concéder un territoire à des émigrants venus pour l’essentiel d’Europe, signifiait en priver ceux qui y vivaient. Les sionistes, prévus pour réaliser la mission dès 1917 et la « Déclaration Balfour », du nom du ministre britannique des Affaires étrangères, justifièrent ce vol par la laïcisation de la Bible, devenue, de texte religieux, un document historique tout en niant l’existence d’autochtones avant leur arrivée. Forts de leurs mensonges et de leur supériorité militaire, ils fondèrent unilatéralement leur État en 1948, après en avoir chassé 800 000 Palestiniens pour prendre leurs terres.
Toute la source du conflit est là. Les achats de terre à des hobereaux arabes ou ottomans qui s’installèrent ailleurs, tandis que leurs fermiers devaient partir, dans les années 20 et 30 ; la chasse systématique des Palestiniens des campagnes et des villes en 1947 et 1948, l’occupation des territoires pris sur l’Egypte et la Jordanie, ainsi que du Golan syrien en 1967. Enfin, la lente annexion par la colonisation, le blocus, aujourd’hui le génocide, de ces territoires.
Tant que l’État d’Israël vivra, comme « État nation du peuple juif », comme État sioniste, donc colonial, pratiquant l’apartheid et visant non pas à exploiter, mais à éliminer ou chasser les occupants légitimes, aucune paix ne sera possible. La paix passe par la fin de l’occupation et de la colonisation, la libération des Palestiniens et la vie commune des Palestiniens et des anciens citoyens israéliens. Un État commun sur toute l’ancienne Palestine mandataire.
Cette courte incursion dans l’histoire permet de comprendre pourquoi les tenants des torts partagés, les idiots utiles de la pseudo solution à deux États, celles et ceux qui choisissent de ne pas voir l’occupation, encore moins l’État colonial, celles et ceux qui parlent de paix sans distinguer un peuple colonisé et un État colonisateur ne peuvent pas comprendre au sens propre du terme, ce qui se passe depuis 75, voire 100 ans en Palestine, et encore moins ce qui se passe aujourd’hui.
C'est pourquoi, le Parti Révolutionnaire Communistes soutient les revendications fondamentales du mouvement de libération nationale palestinien : fin de l'agression militaire sioniste, droit au retour des réfugiés, formation d'un État palestinien sur le territoire de la Palestine mandataire. Dans ce mois pour la libération de G. Abdallah, nous nous associons fermement à sa demande de libération et à son soutien à la lutte du peuple palestinien.
[1] Les dounams sont le nom hébreu des hectares de terre.
[2] La route Salah al-Din (du nom du célèbre Saladin, est l’axe principal de la Bande de Gaza, qui la traverse du nord au sud.