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N° 820 10/05/2023 S'il apparaît de plus en plus clairement que la politique de l'État d'Israël est une politique de colonisation complète de la Palestine sur fond d'un régime d'apartheid reléguant les populations palestiniennes dans un état de non-droit et de soumission, il n'en reste pas moins que cette politique est inscrite dès le début dans la conception et la nature de cet État.

Jour après jour, les nouvelles de Palestine mettent en évidence une accélération du processus de colonisation et d'expropriation du peuple palestinien. En témoigne les titres de la presse palestinienne en ce jour du 9 mai, titres que rapportent l'agence de presse WAFA : " Les quotidiens palestiniens : ‘Al-Quds’, ‘Al-Hayat Al-Jadida' et ‘Al-Ayam’ ont mis en lumière la compagne des arrestations en Cisjordanie, la violation des colons contre les agriculteurs des villages de Qaryut et Jalud." À cette violence quotidienne s'ajoute les massacres à Gaza dénoncés par le premier ministre palestinien Muhammad Shtayyeh : "[massacres] au cours duquel 13 Palestiniens sont tombés en martyres, dont des femmes, des enfants, des personnes âgées et plus de 20 blessés." ajoutant :" L'agression contre le peuple Palestinien dans la bande de Gaza est un terrorisme d'État organisé, et une tentative d'exporter la crise interne du gouvernement israélien.".
Il a considéré que l'agression contre la bande de Gaza est une extension de la catastrophe qui a frappé le peuple Palestinien en 1948, ce que l'on nomme al Nakba. Cette catastrophe a été décrite par Constantin Zureiq, un intellectuel syrien, dans un essai intitulé Ma’an Al Nakba (la signification de la catastrophe). Il note qu'il ne s'agit pas d'une :" calamité passagère ni une simple crise, mais une catastrophe (Nakba) dans tous les sens du terme, la pire qui soit arrivée aux Arabes dans leur longue histoire pourtant riche en drames. "
Dans un article en 2011, intitulé « La Nakba continuelle », l’écrivain libanais Elias Khoury* , compagnon de route de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a proposé une relecture critique de l’ouvrage fondateur de Constantin Zureiq. Il affirme :« Ce qu’il n’avait pas compris à l’époque, c’est que la Nakba n’est pas un événement mais un processus », s’intéressant aux Arabes israéliens, les descendants des Palestiniens qui n’ont pas été expulsés en 1948, il ajoute : « Les confiscations de terres n’ont jamais cessé. Nous vivons toujours dans l’ère de la Nakba ». Ce bref rappel d'un événement qui, en 1948, expropria 800.000 palestiniens de leurs foyers et de leurs terres montre à quel point le projet colonial est inscrit dans la conception même de l'État d'Israël. Notons que jamais le soutien des pays impérialistes États-Unis en tête, pourtant si prolixes sur les droits de l'Homme, na jamais manqué à Israël. Dans le meilleur des cas recommandant une simple retenue. Mieux et c'est le cas aujourd'hui en France, ceux qui condamnent la colonisation et l'apartheid sont accusés d'antisémitisme et tombent ainsi sous le coup de la loi. Pour notre part, nous soutenons la lutte légitime du peuple palestinien du droit à un État et au retour des réfugiés. Nous soutenons la lutte des secteurs progressistes de la société israélienne qui lucidement ne voit aucun avenir ni pour les palestiniens pas plus que pour les juifs dans un État religieux et raciste.

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*Les enfants du Ghetto : je m’appelle Adam (Actes Sud, 2018)