Gantry 5

 

732-31/08/2021 L'attentat suicide perpétré le 26 août à l'aéroport de Kaboul et qui a fait des dizaines de morts, dont treize soldats US et deux anglais, et des dizaines de blessés a été revendiqué par la branche locale de l'EI

, l'État islamique au Khorasan, surnommée EI-K. Selon le Journal du Dimanche, cette organisation :"...a été créée peu après 2014 par d'anciens talibans pakistanais issus du TTP (Tehreek-e-Taliban Pakistan), qui ont prêté allégeance au fondateur de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi. Le groupe a ensuite été rejoint par des Afghans déçus par les talibans et ayant fait défection. Début 2015, l'Etat islamique a officiellement reconnu la création de sa province du Khorasan, une région à cheval sur plusieurs pays d'Asie centrale..». Cet attentat, suivi, en Afghanistan par des frappes américaines contre des supposés membres de l'EI a donné lieu à un flot de commentaires qui pour l'essentiel en sont restés au stade de la description des événements et à des critiques contre les conditions mêmes du désengagement US et de l'OTAN.
Mais rien au presque n'a été dit sur le pourquoi de cette situation.
Pour de nombreux observateurs, l'EI a été défait en Syrie et en Irak et il ne serait resté que des pôches résiduelles avec un niveau opérationnel faible. Ce n'était pas du tout l'avis d'un rapport publié en mai 2016 par le Centre d'Analyse du Terrorisme qui estimait que :" L'imminence de l'effondrement de l'EI n'est en rien acquise". D'ailleurs, l'EIK a été à l'origine d'attentats meurtriers en Afghanistan et au Pakistan dans la période précédant la prise de Kaboul par les talibans. Ces attentats suicides ont visé plus particulièrement des mosquées et des hôpitaux. Comme pour les talibans et d'autres groupes opérant en Syrie, en Irak, en Libye et dans le Sahel, ils ont tous reçu à un moment ou à un autre un appui financier, militaire, logistique et politique de la part des puissances impérialistes en fonction de leurs intérêts propres dans la lutte sans merci que ces puissances se mènent pour le contrôle des territoires, des ressources naturelles, des voies de communication et de la force de travail. Ainsi, les talibans ont-ils été lourdement armé, y compris avec des missiles sol-air, pour combattre l'armée afghane soutenu par l'URSS après la révolution démocratique de 1978 que les puissances occidentales ont tout fait pour abattre. En Syrie et en Irak, l'EI et d'autres groupes ont financé "leur guerre" en exploitant le pétrole, le gaz, la culture du coton... sous la couverture des forces militaires US, françaises, turques et de bien d'autres en se comportant comme des capitalistes normaux qui font du bussiness, exploitent les salariés et soumettent la paysannerie à de lourdes taxes. Des organes de presse comme le Wall Street Journal, le Times et bien d'autres ont publié des articles montrant la complicité de nombreux pays dans le financement et l'aide aux groupes terroristes. En France, des questions à ce sujet ont été posées par des sénateurs et les réponses du pouvoir ont toujours été évasives. Le Président de la Fédération de Russie V. Poutine dans une déclaration récente à un G20 en Turquie a fait état du fait que plus de 40 pays avaient aidé directement ou indirectement l'EI y compris des pays appartenant au G20.
Il est donc clair que toutes ces organisations qui aspirent à prendre le pouvoir contre les peuples ont de gros besoins d'argent et cela se chiffre en milliards de dollars. Leurs "généreux donateurs" qui opérent dans l'ombre, sont les agents des intérêts des grandes puissances impérialistes.
Dans le cas des attentats de Kaboul, la question de savoir à qui profite le crime est donc pertinente. Qui en effet à intérêt à ce que se développe une situation chaotique en Afghanistan? Certainement pas les grands pays voisins et tout particulièrement la Chine et la Russie qui sont très sensibles à la situation en Afghanistan du fait de la pression que représente l'idéologie djihadisme dans leur environnement proche et ou frontalier. Leur approche des rapports avec le nouveau pouvoir taliban traduit cette préoccupation. Il en va autrement pour les USA et leurs alliés occidentaux de l'OTAN. L'Afghanistan même après leur retrait peut représenter un point de tension en direction du Pakistan, de l'Iran, de la Russie, de l'Inde et de la Chine dans le nouveau déploiement des forces tout particulièrement contre cette dernière.
C'est dans ce contexte de concurrence des forces impérialistes que Macron a effectué son déplacement en Irak pour coorganiser la conférence de Bagdad. “La France essaie de prendre pied au Moyen-Orient à partir de l’Irak après avoir échoué à le faire au Liban”, résume un observateur politique pour le site irakien Al-Alam Al-Jadid. Le retrait programmé des forces combattantes US au 31 décembre ouvre une possibilité pour l'impérialisme français de reprendre un rôle dans une région où sa présence et son influence sont en déclin. Malgré la présence de nombreux chefs d'États et de gouvernements de la région: Égypte, Qatar, Jordanie, Koweït, EAU, Arabie Saoudite, Turquie et Iran, les résultats sont pour le moins faible et n'ont pas, loin de là, résolus les difficultés internes à l'Irak.
Peut-il en être autrement quand ce qui prime, les guerres dans cette région depuis des décennies en sont le témoignage, ce sont les intérêts conflictuels des grandes puissances impérialistes. Pour sortir de cette situation il n'y a qu'une voie possible, en Afghanistan, comme au Proche et Moyen-Orient et comme partout dans le monde, celle de la lutte unie des peuples pour leur indépendance et leur souveraineté, c'est le combat convergent anti-impérialiste des peuples pour en finir avec l'exploitation capitaliste et la guerre. C'est le sens de notre combat internationaliste.

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