N° 918 27/03/2025 Serbie : en lutte contre la corruption
La Serbie connaît depuis quatre mois le plus grand soulèvement de son histoire contemporaine. Ces manifestations contre la corruption trouvent leur origine dans l’effondrement d’un auvent à la gare de Novi Sad, qui a fait quinze morts. La genèse de l’accident révèle les tares d’un système permettant au favoritisme de régner, aux dépens de la sécurité la plus élémentaire, sans émouvoir l’Union européenne, qui soutient le président Vucic, lequel gouverne d’une main de fer la Serbie.
En rénovation depuis le début de 2022, la gare de Novi Sad, capitale de la Voïvodine, située au nord de la Serbie, ancienne République autonome yougoslave, a été inaugurée en juillet 2024. L’auvent s’est effondré en novembre. L’ingénieur en chef, Zoran Davic, a dénoncé le fait qu’on ne lui avait pas accordé les travaux supplémentaires qu’il avait demandés (pas rentables) et qu’au lieu d’alléger les couches supérieures, l’entreprise en charge des travaux a ajouté 23 tonnes de béton et de verre en plus.
De semaine en semaine, le mouvement s’est étendu, avec des manifestations quotidiennes demandant des comptes aux responsables de l’accident, la libération des manifestants arrêtés, mais aussi un système moins corrompu.
Ce qui a commencé comme un mouvement étudiant est devenu un mouvement de protestation populaire et a animé des segments importants de la population non étudiante. Le 15 mars, plus de 300 000 personnes ont défilé à Belgrade. La mobilisation continue et le pouvoir fait le dos rond, promettant des changements sans jamais en donner la nature.
Dans un pays où le milliardaire Soros a organisé des coups d’État baptisés « révolutions de couleur », il est notable de constater que, cette fois, d’authentiques manifestations populaires se déroulent, et ne sont manipulées ni par l’UE ni par la CIA. Mais c’est quelque chose de nouveau et les manifestants n’ont pas de but concret bien clair.
Ce mouvement ressemble à celui qui parcourt la Grèce depuis l’accident de train du 23 février, à une différence près : en Grèce, le syndicat de lutte de classes PAME et le parti communiste (KKE) sont très présents dans les mobilisations et se tient régulièrement des journées de grève. Le mouvement en Serbie manque de détermination politique, même depuis que les dirigeants étudiants ne sont plus les seuls animateurs et d’une direction politique consciente des enjeux de classes.
Le Parti Révolutionnaire Communistes suit avec intérêt ces mobilisations inédites, dans un pays qui, dans son histoire récente, a été meurtri à la fois par les européistes et les nationalistes.
Turquie : en lutte pour la démocratie et contre la répression
Depuis plus d’une semaine, le gouvernement réactionnaire de Turquie a lancé toute une série d’actions de répressions contre ses opposants. Dans un communiqué, le Parti Communiste de Turquie (TKP) indique, à propos de la situation : « Nous sommes confrontés à une mentalité réactionnaire qui perçoit le droit du peuple à s'organiser et à participer à la vie politique comme une menace, et à des pratiques qui bafouent totalement la justice. Le gouvernement de l'AKP, qui incarne toute la noirceur de ce système de sectes et de monopoles religieux, échoue à diriger le pays et devient de plus en plus agressif. ». Les premières cibles de la clique d’Erdogan ont été les dirigeants de la municipalité métropolitaine d’Istanbul. Le maire social-démocrate Ekrem İmamoğlu a été arrêté le 23 mars, ainsi qu’un journaliste dénonçant régulièrement les dérives autoritaires du pouvoir, İsmail Saymaz, après qu’un ordre de détention a été émis contre une centaine de personnes le 19 mars par le gouvernorat d'Istanbul, qui impose de fait l'état d'urgence dans la ville par crainte des réactions publiques.
Les manifestations de protestations se poursuivent dans les grandes villes et en particulier à Istanbul. Celle de la soirée du 24 mars a été particulièrement importante. Le lendemain, des dirigeants locaux et régionaux du TKP ont été arrêtés parce que le parti a participé à la manifestation. Les Communistes Turcs exigent la libération de tous les incarcérés. Ils analysent cette phase comme un moment de la volonté de l’AKP, de saper les éléments de la démocratie bourgeoise, notamment le suffrage universel. Tout en affichant leurs divergences avec les « opposants officiels », les militants du TKP mettent tout en œuvre pour faire reculer les tentatives de mise au pas et la tyrannie du pouvoir réactionnaire.
Canada : les communistes du Québec lancent leur campagne à Montréal le 29 mars
La section québécoise du Parti communiste du Canada est fière d’annoncer le lancement officiel de sa campagne électorale le 29 mars prochain. À cette occasion, les trois candidats montréalais, à savoir Manuel Johnson, Stéphane Doucet et Adrien Welsh prononceront leur profession de foi. De même, la Cheffe du Parti communiste du Canada, Elizabeth Rowley sera présente et pourra étayer les grands axes de la campagne à venir, entreprise par les communistes.
Ces élections prennent place à un moment charnière dans la lutte politique des masses populaires au Canada. Il est temps de choisir entre un monde de paix et de prospérité d’une part, ou un monde de guerre et d’austérité de l’autre. Trump et ses provocations répétées n’ont d’autre dessein que de forcer à l’augmentation des dépenses militaires, la pénétration accrue des monopoles états-uniens dans l'économie, la casse des services publics, la mainmise sur ce qui reste des secteurs économiques productifs et la fin de la gestion de l’offre si importante pour les petits exploitants agricoles québécois.
La classe dirigeante sait comment se sortir de cette crise. Elle le fera par la guerre et l’austérité. La privatisation et la casse des services publics pour servir les intérêts des entreprises multinationales sont à l’ordre du jour tant des conservateurs, des libéraux comme du NPD1 et du Bloc qui accompagnent les intérêts du pouvoir des monopoles. Tous cherchent à mieux s’intégrer à l’impérialisme nord-américain alors qu’il est temps de s’en départir.
Les communistes quant à eux sont déterminés à casser toute dépendance au pouvoir des grandes entreprises et à l’impérialisme, principaux responsables de l’inflation, de la folie guerrière, du chômage et de la précarité. L’issue à la crise ne passe pas par la guerre ni par l’austérité, mais par un vaste chantier de nationalisations, la construction massive de logements sociaux, le réinvestissement dans nos infrastructures et services publics ; le tout financé par la mise à contribution des entreprises qui devront payer leur juste part, puis par la réduction du budget militaire de 75%.
Ce n’est qu’à travers cette lutte acharnée et tenace contre les monopoles et leur pouvoir que nous pourrons véritablement garantir une souveraineté des peuples et nations qui composent le Canada, y compris la nation québécoise.
1 Nouveau Parti Démocratique, parti social-démocrate résultat d’une fusion.