Gantry 5

 

N° 889 04/09/2024  Les élections dans les Länder allemand de Saxe et de Thuringe situés dans l'ex-RDA ont confirmé les tendances lourdes observées lors des élections européennes. En Thuringe, l'Alternative pour l'Allemagne AfD est arrivée en tête avec 32,8% des voix loin devant la Démocratie Chrétienne CDU 23,6%. En Saxe l'AfD fait jeu égal avec la CDU avec 30,6% des voix sur fond d'une participation élevée.
Si l'affaire de l'attaque au couteau qui a fait trois morts la semaine dernière à Solingen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) et dont l'auteur présumé est un réfugié syrien, a probablement contribué au succès d'une AfD vent debout contre l'immigration et les immigrés, celui-ci ne saurait se résumer à cette tragédie. 
Rappelons que l'AfD, dirigée en Thuringe par Björn Höcke qui ne cache pas ses sentiments pronazis, est un parti qui se présente comme antisystème sans pour autant remettre en cause la domination capitaliste. Il surfe sur le mécontentement populaire vis-à-vis de la coalition des sociaux-démocrates, des verts et des libéraux au pouvoir à Berlin et en particulier sur l'aide massive qu'elle apporte à l'Ukraine. Il cultive une haine de l'immigration qui pourtant joue un rôle essentiel dans la main-d’œuvre qu'utilise les grandes firmes capitalistes en Allemagne et se réfère à son passé nazi.
Les résultats de l'AfD, comme ceux de l'Alliance Sahra Wagenknecht, qui fait une percée spectaculaire, avec 11,8 % des voix en Saxe et 15,8 % en Thuringe, traduisent concrètement le revers politique subi par la coalition qui dirige l'Allemagne. La Social-Démocratie (SPD) du Chancelier Olaf Scholz obtient 6,1 % des voix en Thuringe et 7,3 % en Saxe, tandis que ses alliés libéraux ne seront même plus représentés tandis que les Verts s'ils sont éliminés en Thuringe n'obtiennent que 5,1% des voix en Saxe. Globalement, les trois partis du gouvernement, les sociaux-démocrates, les écologistes et les libéraux, ont réuni moins de 11 % des voix en Thuringe et moins de 14 % en Saxe.
De son côté, Die Linke, héritier du SED, qui dirigea la République démocratique allemande (RDA) de 1949 à 1989, s’effondre littéralement. En Saxe, ses 4,5 % (− 5,9) ne lui permettent pas de rester représenté au Parlement régional de Dresde. En Thuringe, le seul des seize Länder du pays dont il tenait l’exécutif, Die Linke dégringole à 13,1 %, soit 18 points de moins qu’en 2019. Il est vrai que la social-démocratisation de ce parti l'a conduit à être considéré comme un parti intégré aux jeux politiciens et de fait ne remettant nullement en cause la domination capitaliste en Allemagne, ce qui n'est pas le cas de l'Alliance Sahra Wagenknecht. Cette ancienne dirigeante de Die Linke ayant rompu avec ce parti lui reprochant son orientation sociale-démocrate. Opposée à l'engagement de l'Allemagne dans l'aide militaire à l'Ukraine elle reflète un sentiment qui progresse dans la population allemande que le pays n'a rien à y gagner et tout particulièrement dans les Länder de l'ex-RDA. Que sera la trajectoire de l'Alliance Sahra Wagenknecht, il est difficile de le prévoir à ce stade, mais ce qui est sûr c'est qu'un espace politique s'est ouvert puisque les partis dominants depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, SPD et CDU qui ont co-dirigé l'Allemagne ensemble ou en alternance au profit du capitalisme allemand et en alliés fidèles de l'impérialisme États-Unien et qui représentaient près de 80% de l'électorat ont bien du mal aujourd'hui à dépasser à eux deux les 50%. Quelle sera l'évolution de cette situation dans un contexte de faiblesse du courant révolutionnaire en Allemagne et de la poussée des tendances représentées par l'AfD quand dans le même temps la domination du capitalisme allemand faiblit ? Il est trop tôt pour l'écrire mais cette évolution pèsera lourdement sur le destin des pays européens et donc de la France.
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