N° 812 14/03/2023 Dans une interview exclusive en italien accordée à la Radio Télévision Suisse italienne à l'occasion de ses dix ans de pontificat, le pape François a évoqué ses plus grandes préoccupations, dont la pauvreté, la situation des migrants ou l'environnement.
A propos de la guerre en Ukraine, il n'hésite pas, avec son franc-parler, à la qualifier de troisième conflit mondial en à peine plus d'un siècle. Les mots qu'il utilise contrastent avec ceux du récit couramment développé dans les offices de propagande occidentales qui y voient une lutte du bien contre le mal, de la liberté contre la dictature, mais évitent soigneusement de parler des réels intérêts en jeu dans le conflit . Voici en substance, ce que dit le Pape à propos de la guerre en Ukraine, tel que le rapporte Vatican News(1) :" «Elle [la guerre] a commencé par morceaux et maintenant personne ne peut dire qu'elle n'est pas mondiale. Les grandes puissances sont toutes impliquées. Et le champ de bataille est l'Ukraine. Tout le monde s'y bat», assure-t-il. Le Pape y affirme aussi que Vladimir Poutine sait qu'il aimerait le rencontrer, «mais il y a là tous les intérêts impériaux, non seulement de l'empire russe, mais aussi des empires d'ailleurs».
En une phrase, il donne une dimension mondiale à l'affrontement de ce qu'il nomme les intérêts impériaux sur le territoire de l'Ukraine. Sans sombrer dans une naïve béatitude, force est de constater que le Pape François, s'il ne renvoie pas dos-à-dos les principaux protagonistes du conflit, pas plus qu'il n'en qualifie leurs responsabilités propres, s'emploie à faire mesurer que le conflit est celui d'intérêts qui dépassent largement la seule question de l'Ukraine. Il n'est pas excessif de penser que cette façon de qualifier la nature du conflit renvoie à la confrontation à laquelle se livrent les plus grandes puissances, nous ajouterons capitalistes puisque toutes s'en réclament. Ce discours réaliste dans la bouche de l'autorité morale que représente le Pape contribue à faire réfléchir sur les enjeux de cette guerre, comme sur l'absolu nécessité d'y mettre un terme.
