Gantry 5

 

N°783 25/08/2022 En Angleterre, les salaires et les conditions de travail sont au cœur d'un mouvement de grève historique. Le pays est confronté à une inflation record, se traduisant par une baisse du pouvoir d'achat.

10,1 % d'inflation en un an, selon les derniers chiffres de juillet, jusqu'à 12 % pour les produits alimentaires, et des tarifs de l'énergie qui pourraient tripler lors de la prochaine hausse prévue en octobre…une inflation prévue à 18% en janvier 2023.
Un vaste mouvement de grève s'est donc mis en place.
*Les trains étaient à l'arrêt le 18 et 20 août. Les employés, qu'ils soient dans le secteur privé ou public, les agents de nettoyage, de maintenance, le personnel de bord, réclament l'arrêt des suppressions de poste et une hausse des salaires en lien avec l’inflation. En juin, 50 000 conducteurs de train s'étaient déjà mis en grève pour dénoncer des "milliers de licenciements prévus". Les employés du secteur ferroviaire ont refusé le chantage d’une offre de revalorisation des salaires à hauteur de 8%, faite par la société privée Network Rail, en échange de leur consentement à des réformes. Les syndicats accusent la société privée de vouloir en réalité procéder à des licenciements massifs et dénoncent des salaires trop bas au regard de l'inflation et une dégradation des conditions de travail. Dans les chemins de fer, c'est la première grève nationale depuis 1994.
Le syndicat Maritime and Transport (RMT) a prévenu que la grève des cheminots pourrait "se poursuivre indéfiniment" si aucun accord satisfaisant n'est trouvé. Le ministre des transports Grant Shapps a refusé de s'impliquer directement dans les discussions, mais il a modifié la loi pour permettre de remplacer les grévistes par des intérimaires et assure qu'il réformera le rail par la force... l'ombre de Margaret Thatcher n'est pas loin!
*Le métro londonien a aussi été entièrement paralysé et les salariés font aussi grève pour que les emplois, le régime de retraite et les conditions de travail soient maintenus.
*Le principal port de fret britannique, Felixtowe est à l'arrêt avec la grève des dockers. Le mouvement de grève pourrait durer jusqu'au dimanche 28 août. C'est la première grève depuis 1989 pour ce port situé dans l'est de l'Angleterre qui traite environ quatre millions de conteneurs par an.
*Les mouvements de contestation se propagent, une grève générale se prépare au Royaume-Uni, la grève s'étend aux soignants, éboueurs, avocats …De nombreux autres corps de métiers réclament également de meilleurs salaires, comme les infirmières, ou encore les ingénieurs de British Telecom., employés de l'opérateur télécoms BT, manutentionnaires d'Amazon, colère sociale partagée par les pilotes de British Airways, les employés du Royal Mail, l’équivalent de La Poste, les syndicats d’enseignants ne sont pas en reste : ils exigent 12% de hausse de salaire, sous peine de bloquer le système éducatif à l’automne.
Tous réclament une hausse des salaires. Baptisées les "grèves de la colère". Les grévistes réclament des revalorisations de salaire au niveau de l'inflation
*Le monde médical lance de son côté un appel au gouvernement pour éviter une nouvelle crise sanitaire.
*Dans le public, les policiers, soignants et professeurs ont été augmentés mais pas autant que la hausse des prix et certains prévoient de faire grève.
Ce qui frappe, c'est donc l'ampleur du mouvement et en particulier de voir des secteurs privés, comme l’industrie, en grève, ce qui n'a pas été le cas selon les secteurs depuis vingt, trente, voire quarante ans !
Les mouvements de grèves sont très compliqués à mettre en œuvre.
En France, le droit à la grève est inscrit dans la Constitution. Ce n'est pas le cas au Royaume-Uni puisque dans les années 1980 et 1990, les gouvernements conservateurs ont introduit un cadre extrêmement restrictif, Tony Blair, membre du Parti travailliste, Premier ministre de 1997 à 2007 n’est pas revenu sur ces lois.
Aujourd'hui, pour faire grève, il faut que les organisations syndicales fassent une campagne longue auprès de leurs adhérents, qu'ils organisent un scrutin et que ce scrutin vote majoritairement en faveur de la grève. Il y a même des seuils très élevés dans certains secteurs, dans les transports, il faut non seulement au moins la moitié des adhérent(e)s consulté(e)s, mais aussi 40% du corps électoral.
Dans les consultations actuelles, il y a des taux de participation très forts, souvent de plus de 80% dans le rail, sur les docks, les votes pour l'action de grève ont dépassé les 90%, les postiers ont voté pour la grève à 98%. Cela manifeste une détermination, un grand nombre de travailleurs et travailleuses estiment qu'il est impérieux de passer à l'action pour obtenir des augmentations salariales.
Deux tiers des foyers britanniques ne pourront pas payés leurs factures d’énergies cette hiver.
Des milliers de Britanniques menacent de ne plus payer leurs factures d’énergie à partir du 1er octobre. Les tarifs de l'électricité pour les particuliers vont avoir plus que doublé sur un an, en janvier prochain. La facture d'énergie moyenne par foyer pourrait alors atteindre 6 000 livres (+ de 7000€) par an selon certaines estimations, soit près de 20% du revenu disponible des ménages au Royaume-Uni. À l'automne, un foyer britannique sur trois pourrait connaître la précarité énergétique du fait de cette inflation.
Le successeur, de Boris Johnson qui a démissionné le 7 juillet après une série de scandales, sera connu le 5 septembre il ne pourra pas éviter tous ces sujets.
Liz Truss, favorite dans la course à la succession de Boris Johnson, accuse les syndicats de bloquer la situation. "En tant que Premier ministre, je ne laisserai pas notre pays être rançonné par des syndicalistes militants", a-t-elle déclaré dans un tweet. La conservatrice a promis qu'elle réprimerait plus durement la grève quand elle serait Première ministre. La priorité absolue de l’exécutif britannique servir le capital.
Nous apportons tout notre soutien aux luttes engagées par les salariés du Royaume-Uni et la meilleure solidarité est de développer les luttes unies et convergentes en France, jusqu'à satisfaction des revendications.
La France est également touchée par une forte inflation, cette grève est un exemple pour les travailleurs français. Elle montre que face à la dégradation des conditions de vie et de salaires, ce n’est pas à l’Assemblée Nationale que ça se décide, la seule issue se trouve dans la construction d’un rapport de force par la grève et par la mobilisation dans la rue. L’heure est donc bien au développement d’un grand mouvement pour les augmentations de salaires.

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