744-24/11/2021 L’élection présidentielle vient de se tenir ce dimanche au Chili.
Cette élection se situe après le vaste mouvement populaire qui a secoué le pays en 2019-2020 contre l’austérité et le recul des services publics. Le Président sortant Sébatian Pinera devenu trés impopulaire à la suite, entre autre, des révélations des Pandora papers qui le mettait en cause dans du blanchiment d’une partie de sa fortune. Si le parlement avait voté l’empêchement, c est à un sénat particulièrement réactionnaire et encore largement sous l’ influence des pinochistes qu’il dût son salut. Comme ce fut le cas lors du référendum posant les conditions de la rédaction d’une nouvelle constitution ou la pression populaire obtint une constituante désignée au suffrage universel contre l’avis des partis traditionnels, le premier tour reflète la tendance de leur discrédit. Ainsi aucun des partis de la Démocratie Chrétienne ou des socialistes qui ont gouverné le Chili depuis la fin de la dictature de Pinochet, aucun n’arrive dans le trio de tête. De fait, deux candidats se détachent nettememt dans un scrutin marqué par une abstention de 53%. José Antonio Kast arrive en tête avec 28% des voix. C’est le candidat de la bourgeoisie chilienne, Il est appelé à poursuivre la politique engagée sous Pinochet et poursuivie par ses successeurs chrétiens démocrates et socialistes de liquidation des services publics et de privatisations sur fond d’une austrité renforcée. Il a eu l’appui des USA et des évangelistes qui se présentent de plus en plus comme organisateurs politiques de l’ordre social capitaliste. Kast a mené sa campagne sur la base d’un discours sécuritaire et d’ordre qui a capté une volonté de stabilité de la moyenne bourgeoisie urbaine et des zones rurales. Face à lui, Gabriel Boric, un ancien leader étudiant lors des luttes de 2019-2020 obtient 26% des voix. Il a fait campagne en s’appuyant sur le Front Ample et le parti Communiste du Chili. Son discours fut principalemet axé sur le retour d'un état protecteur et contre les inégalités. Certains commentateurs jugent ce résultat comme contradictoire à ce que portait le puissant mouvememt populaire de 2019-2020. Cependant, comme le fait observer Hugo Guzman chroniqueur au journal El Siglo, organe du PC du Chili, ce résultat scelle la défaite des partis traditionnels et ouvre une perspective aux forces progressistes dont c’est le meilleur résultat depuis longtemps. De son côté, la bourse ne s’y est pas trompée elle a bondi de 9% après les résultats. L’issue du deuxième tour dessinera plus précisement l’évolution politique du Chili à laquelle nous serons évidemment attentifs.