706-04/03/2021 Le nouveau Président des USA J. Biden a ramassé sa stratégie dans une formule qu'il répète à satiété: "America is back" (l'Amérique est de retour).
Elle succède à celle de son prédécesseur D. Trump: "America first" (l'Amérique d'abord). Dans les deux expressions il y a la même volonté de domination impérialiste du monde.
Quelques inflexions tactiques à la marge pour mieux affirmer le rôle impérialiste des USA
Lors de la conférence sur la sécurité du 19 février, à Munich, J. Biden a utilisé la formule "America is back" à deux reprises pour bien faire comprendre un propos que 70 responsables Républicains avec à leur tête l'ancien secrétaire à la défense Colin Powell ont déjà partagé dans un courrier de soutien à J. Biden. Si quelques déclarations du nouveau Président ont montrées une approche un peu différente de son prédécesseur, Il a ainsi affirmé sa volonté de rester dans l'Organisation Mondiale de la Santé, de revenir à l'accord sur le climat de Paris (qui rappelons-le n'est pas contraignant) et annoncé le retour des USA au Conseil des droits de l'homme de l'ONU...mais comme observateur, ces différences ne pèsent guère lourd au regard de la colonne vertébrale de la stratégie mondiale des USA.
Une présence militaire accrue dans le monde et un budget colossal de plus de 730 milliards de Dollars en progression et soutenu par les démocrates et les Républicains
La "Stratégie Nationale de Sécurité" définie en 2017 est validée. Ainsi, J. Biden entend maintenir la présence militaire US dans les presque mille bases dont les USA disposent autour du monde. Il n'entend pas mettre fin au régime des sanctions illégales qu'ils imposent à 39 nations et qui sont des formes modernes de ce que l'on nomme les "guerres asymétriques". Le Secrétaire d'État A. Blinken a d'ailleurs clairement indiqué que les sanctions seraient "ciblées plus efficacement" en particulier contre le Venezuela et la Russie. J. Biden dans son discours a souligné la priorité des USA contre les nations qui menace :"de diviser le monde", plus clairement qui remettent en cause l'hégémonie US. Il s'agit bien sur de la Chine mais aussi de la Russie. De ce point de vue, les USA et leurs plus fermes soutiens en Europe tentent d'empêcher la réalisation du Gazoduc "Stream 2" qui doit alimenter une partie de l'Europe en gaz russe au prétexte de l'affaire Navalny alors qu'en réalité il s'agit de freiner un concurrent énergéticien.
J. Biden s'est attaché à souligner le renforcement de l'OTAN dont on voit bien que son champ d'action a largement dépassé l'Europe avec des interventions militaires en Irak, Afghanistan, Libye... Il s'est félicité de l'effort financier engagé par les pays européens pour renforcer les budgets militaires (voir l'article consacré à l'OTAN dans l'Hebdo N°706). Il a laissé entendre l'adhésion prochaine de la Georgie et de l'Ukraine, ce qui modifierait sensiblement les rapports de forces en Europe vis-à-vis de la Russie.
Pour l'Afrique, la nouvelle administration veut étendre son emprise militaire basée sur son commandement en Afrique: l'AFRICOM qui a déployé des troupes dans 22 pays et intervient militairement dans 13 d'entre eux. Des grandes manœuvres conjointes avec des pays africains sont prévues en 2021 (African Lions 2021).
Au Moyen-orient, le soutien à Israël est confirmé et les droits des palestiniens continueront d'être bafoués. Si l'Arabie Saoudite est priée de passer de l'offensive à la défensive au Yémen, les ventes d'armes ne cesseront pas pour autant! L'Iran fait l'objet d'une grande attention et l'idée de renégocier l'accord nucléaire avec l'Iran se base sur les exigences que Trump avait tenté d'imposer avant de se retirer de l'accord, c'est à dire l'extension de l'accord au-delà des questions nucléaires pour y intégrer les armements conventionnels. En Syrie, et les bombardements US récents en sont le témoignage, les USA n'entendent pas se désengager bien au contraire et il est prévu une augmentation des troupes engagées qui occupent illégalement, arment et soutiennent les terroristes qui guerroient aux bénéfice des pays occidentaux pour mettre la Syrie à genoux.
En Amérique Latine, Trump et Biden lors de la campagne électorale ont fait assaut de surenchère à propos de Cuba et du Venezuela avec un objectif clair: en finir par tous les moyens avec ces régimes. La montée des forces social-démocrates en Amérique Latine ne change rien à la doctrine générale des USA. Ils entendent continuer à considérer l'Amérique Latine comme leur arrière-cours et à en diriger l'orientation générale à leur profit.
En Asie, la Chine demeure, au yeux des USA, le rival majeur qu'il convient de confiner. Aussi, il faut s'attendre à la poursuite de la politique engagée par Trump et à une montée des tensions entre ces puissances concurrentes au sein du système impérialiste, ainsi qu' à un renforcement de la présence militaire US en Asie, déjà largement engagée depuis plusieurs présidences. Il n'y aura donc aucune rupture, pas plus militaire qu'économique, entre les politiques de Trump et de Biden.
Il est possible de dire que les orientations du nouveau Président Biden ne vont pas bousculer, mais au contraire accentuer les tendances qui se sont dessinées dans la politique de l'impérialisme US depuis la fin de la deuxième guerre mondiale avec l'objectif de conserver au sein du système impérialiste une position dominante face à la montée de puissances, comme la Chine, qui contestent sa position hégémonique.