N° 890 12/09/2024 Du 4 au 6 septembre s'est tenu à Pékin le 9éme sommet du Forum sur la Coopération Sino-africaine (FOCAC), placé sous le thème " Travailler ensemble à promouvoir la modernisation et à construire une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau ". 53 États africains et le Président de la Commission de l’Union Africaine (UA) ont participé à ce sommet qui a donné lieu par ailleurs à de nombreuses discussions bilatérales. Le Sommet a adopté par consensus une déclaration sur la construction conjointe d’une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de tout. Temps à l’ère nouvelle[1].
Les media ont essentiellement retenu le montant des aides que la Chine a annoncé lors de ce sommet. Il s'agit de plus de 50 milliards de dollars d'aides financières, dont 30 milliards prendront la forme de crédits, 11 milliards le seront au titre d'assistance et 10 milliards sous forme d'investissement des entreprises chinoises. Des projets d'infrastructures, routes, chemins de fer, ports, ont été annoncés et la Chine apportera son expertise à la réalisation de zones spéciales permettant l'implantation d'entreprises multinationales. Si l'annonce de ces investissements, a été largement appréciée par les pays africains désirant doper leur développement économique, notons qu'ils vont également dangereusement augmenter l'endettement et la dépendance vis-à-vis de Pékin. Dans cet ensemble de financements, la part militaire reste très modeste autour de 140 millions de dollars, elle comporte des engagements en matière d'exercices conjoints. Ils ont aussi souligné l'importance qu'accorde la Chine à sa présence sur le continent africain et le rôle qu'elle entend jouer comme leader d'un Sud Global s'opposant à l'hégémonie de l'Occident Global dominé par les États-Unis.
L'Afrique avec ses 1,5 milliard d'habitants, représente un enjeu majeur au regard de ses capacités en force de travail, de ses richesses minérales et de ses capacités en ressources halieutiques et en matière de surfaces cultivables pour l'industrie agro-alimentaire. Elle représente des territoires où le développement du capitalisme ouvre des perspectives importantes de profits pour les grands monopoles. Autant dire que l'Afrique est au cœur des affrontements au sein du système impérialiste. Dans cette concurrence acharnée les monopoles et les puissances capitalistes s'activent par leurs interventions directes ou par proxi interposés au plan économique, militaire et politique sur fond d'un rejet de plus en plus clair des interventions des anciennes puissances coloniales et en particulier de la France. La Chine, comme la Russie mais aussi les États-Unis...et Israël, qui n'ont pas de passé colonial en Afrique jouent cette partition et tout particulièrement la Chine qui dans le développement de son émancipation à partir de sa révolution s'est inscrite dans les mouvements tiers-mondistes. Ce qui a permis à Xi Jinping, lors du banquet officiel, s'adressant aux participants de déclarer :" Depuis le milieu du XXéme siècle, nous avons lutté côte à côte contre l'impérialisme, le colonialisme et l'hégémonie, et avancé main dans la main sur le chemin de la revitalisation et de la modernisation. L'amitié sino-africaine reste robuste et se renforce au fil des générations, peu importent les changements du monde". Le problème c'est que les changements du monde se sont les affrontements inter-impérialistes entre le bloc anciennement dominant sous la houlette des États-Unis et le bloc eurasiatique en formation autour de la Chine et de la Russie aux développements capitalistes qui en contestent la domination et entendent avec des puissances capitalistes émergentes prendre leur part dans le repartage permanent du monde et cela évidemment contre les peuples.