N° 784 30/08/2022 La visite de trois jours, d'E. Macron en Algérie est, de l'avis des deux parties algérienne et française, un succès après une période de difficultés dans leurs relations.
Selon le journal Jeune Afrique :" Une image et un geste qui disent combien ce voyage d’Emmanuel Macron en Algérie se termine sous de bons auspices. Alors que le président français s’apprête à quitter à Alger ce samedi 27 août après un déplacement de trois jours, Abdelmadjid Tebboune décide de faire escorter l’avion présidentiel français par quatre Sukhoï Su-30 de l’armée jusqu’aux limites de l’espace aérien algérien". Il est difficile de dire si cet accompagnement par des avions de chasse de fabrication russe ne symbolise pas toute l’ambiguïté des échanges qui ont eu lieu durant cette visite, préparé en amont par une intense activité diplomatique. Comme le souligne le Quotidien d'Oran dans son édition du 25 août :" Les États coopèrent sur la base de leurs intérêts réciproques" et le journaliste El yazid Dib de titrer :"Macron, le visa, le gaz et le reste", résumant les centres d'intérêts des rencontres d'Alger. Si la question des visas est particulièrement sensible à la jeunesse algérienne et d'une certaine façon elle l'a fait savoir lors du bain de foule de Macron à Oran lors de sa visite d'une maison d'édition musicale, les deux sujets les plus en vue: la situation sécuritaire, en particulier au Sahel, et les livraisons de gaz ont fait l'objet d'intenses discussions non évoquées en public.
Sur la question sécuritaire, c'est une réunion au sommet qui s'est tenue avec pour la délégation française, le ministre des armées, S. Lecornu, le chef d'état major de l'armée et les plus hauts responsables du renseignement et du côté algérien, S. Chanegriha, le chef d'état major de l' Armée Nationale Populaire ainsi que les responsables du renseignements intérieur et extérieur. Si rien n'a filtré de ces discussions, il est très probable que la question de la situation au Sahel après la fin de l'intervention française Barkhane a été au centre des discussions. Le texte final le dit à sa manière:" Selon le texte, ce : "nouveau partenariat privilégié" est "devenu une exigence dictée par la montée des incertitudes et l’exacerbation des tensions régionales et internationales". Il donnerait ainsi à l'Algérie, une mission de contrôle de l'espace sub-saharien. Il est possible aussi qu'est été évoquées les questions de sécurité en Algérie même, la France apportant, entre autre, par sa visite un soutien politique marqué à l'équipe dirigeante du pays qui rappelons le a été secoué récemment par de grandes manifestations populaires qui ont mis fin à la présidence de A. Bouteflika.
Sur la question des livraisons de gaz, si officiellement, il n'en a pas été question, il n'en demeure pas moins que c’est un sujet majeur et des négociations intenses se poursuivent à ce sujet, la directrice générale d’Engie C. Mac Gregor faisait partie de la délégation qui accompagnait Macron. La France, comme tous les pays européens, cherchant à diversifier ses approvisionnements. Cette situation place évidemment l' Algérie en position favorable pour des négociations dans ce domaine.
S’il est trop tôt pour juger de l'évolution des relations entre la France et l'Algérie, cette dernière rencontre marque un rapprochement des intérêts étatiques mutuels des deux pays dans la région. La position impérialiste affaiblie de la France en Afrique la poussant à rechercher des alliances et des appuis, tandis que l'Algérie entend rester une puissance régionale qui compte.