753-24/01/2022 Le dimanche 9 janvier 2022, les chefs d’Etat de la CEDEAO(1) (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) réunis en un sommet extraordinaire à Accra, ont pris les mesures suivantes contre le Mali:
a) Fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali,
b) Suspension des transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et le Mali,
c) Gel des avoirs de la République du Mali dans les banques centrales de la CEDEAO,
d) Suspension du Mali de toute aide financière des institutions financières de la CEDEAO
e) Activation de la force en attente de la CEDEAO(2) .
Ces mesures qui se veulent une riposte au changement de pouvoir au Mali sont soutenues par la France qui a essayé de les faire avaliser par le Conseil de Sécurité de l'ONU. Cette démarche a été bloquée par le véto russe et chinois. L'impérialisme français qui considère ses anciennes colonies comme une chasse gardée économique et politique et intervient militairement ne pardonne pas au nouveaux dirigeants maliens qui ont renversé le dictateur Ibrahim Boubacar Kéita, l'homme lige de la France au Mali, de s'orienter vers une politique d'indépendance nationale en contestant en particulier la présence militaire française au travers de l'opération Barhkane . La position du Mali, comme celle qui prend forme au Burkina Faso avec le renversement de Marc Roch Christian Kaboré qui dit avoir quitté ses fonctions (des militaires avaient annoncé plus tôt avoir pris le pouvoir) remettent en question la présence militaire française et la légitimité de l'opération Barkhane(3). Ces orientations appuyées par des manifestations populaires contre la présence néo-coloniale de la France commencent à redessiner un nouveau rapport des forces dans la région et accentuent la concurrence que se livrent les puissances impérialistes dans leur lutte pour s'assurer le contrôle et la domination des richesses du continent africain. Ainsi, l’Afrique, dont les pays du Maghreb et du Sahel, est au cœur des luttes d’influence entre les grandes puissances impérialistes du monde en raison des gisements d’hydrocarbures et de matières premières dont elle regorge.
Les pays africains subissent les décisions et les pressions du capitalisme mondial, sans avoir les moyens d’influer sur ce dernier, se situant à la périphérie, voir à la sous-périphérie, du capitalisme mondial, pratiquement dans tous les vecteurs dynamiques de l’économie.
Malgré toutes les faiblesses dont souffrent les pays africains, il n’en demeure pas moins qu’ils peuvent toujours trouver des espaces où ils pourraient défendre les intérêts de leurs peuples en tirant profit des contradictions régissant les relations entre les grandes puissances. Cela passe incontestablement par une politique nationale indépendante s'appuyant sur un développement endogène et au service des populations. Cette orientation qui fut brisée dans l'oeuf dès le début des indépendances par la liquidation des forces les plus anti-impérialistes a permis aux ex-puissances coloniales de maintenir la pluspart des pays du continent sous leur domination permettant un vaste pillage de leurs ressources matérielles et humaines. Les mouvements qui se dessinent aujourd'hui, et si il est encore trop tôt pour le dire, constituent cependant un début de réponse. La volonté d'émancipation des peuples d'Afrique sera déterminante elle a notre soutien internationaliste.
(1)BENIN, BURKINA FASO, CABO VERDE, COTE D'IVOIRE, GAMBIE, GHANA GUINEE, GUINEE-BISSAU, LIBERIA, MALI, NIGER, NIGERIA, SENEGAL, SIERRA LEONE, TOGO
(2) La CEDEAO demande l’activation immédiate de la Force en attente de la CEDEAO. Exige la mise en œuvre immédiate de sanctions contre tous les putschistes et leurs partenaires et collaborateurs, décide d’envoyer une délégation de haut niveau pour assurer le retour immédiat à l’ordre constitutionnel
(3) En plus de l'opération Barkhane, la France possède des bases militaires en Afrique de l'Ouest au Mali, en Côte-d’Ivoire, au Niger, au Burkina-Faso et maintenant au Bénin.