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765-16/04/2022  Rapport au Bureau National du Parti Révolutionnaire COMMUNISTES 16 avril 2022

1. Election présidentielle
Comme annoncé le deuxième tour de l’élection opposera E. Macron arrivé en 1ère position avec 9 784 985 voix (+1 128 639 par rapport à 2017) et M. Le Pen avec 8 135 456 (+ 456 965 par rapport à 2017).
Plusieurs traits caractérisent le premier tour des présidentielles :
1°) Le vote a été marqué par une abstention massive : 26,31% des électeurs inscrits se sont abstenus, score légèrement inférieur à celui de 2002 (28,4%) mais supérieur à celui de 2017 (22,23%).
Au total c’est 13 607 240 électeurs et d’électrices qui se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul, ils ont exprimés le rejet de la politique appliquée depuis 5 ans, parce qu’ils ne croient pas que cette élection puisse leur apporter la moindre amélioration de leur situation. Aucun des 12 candidats ne répond à leurs aspirations de changer de politique, ils sont persuadés que quelque soit le président rien ne changera.
Le chiffre des abstentions est supérieur au résultat de Macron et au résultat de Le Pen.
→ Les abstentions sont élevées chez les jeunes 42% pour les 18-24 ans, 46% pour les 25-34 ans, chez les ouvriers 33% et chez les chômeurs 35%.
→ Dans les villes, où le taux de chômage est le plus élevé et où les habitants ont les plus faibles revenus, l’abstention est supérieure à la moyenne nationale : Vaulx en Velin 40,45 % ; en Seine St Denis, à Stains 39,06%, Bobigny 38,27%, Aubervilliers 36,51%, Saint Denis 33,87%, Bagnolet 29,97, La Courneuve 34,44%. Villes dans lesquelles le score de Le Pen et de Zemmour sont en dessous de 7% pour l’une et 4% pour l’autre.
L’abstention en Guyane est de 63,8%, en Guadeloupe 55,25%, 46,36% à La Réunion, 59,69% à Mayotte, 66,55% Nouvelle Calédonie…
2° L’effondrement des deux partis qui ont gouverné la France pendant six décennies : le PS et LR ensemble ne représentent plus que 4,7% des inscrits (6,53 des exprimés). Signe d’une recomposition politique qui a débuté dès 2017 avec l’explosion du PS qui a perdu près de 8 millions de voix, lors de ces élections et qui a fourni le gros des ministres du 1er gouvernement Macron. Le siphonnage de LR a commencé avec Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Darmanin et s’est poursuivi lors du remaniement avec la nomination de J. Castex comme 1er ministre, et s’est poursuivi lors de la campagne électorale avec le ralliement à Macron de personnalités LR.
→ C’est la première fois depuis 1974 que trois candidats dépassent la barre des 20% des votes exprimés.
Le 10 au soir Macron déclare « vouloir fonder un grand mouvement politique d’unité et d’action », il tend « la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France » Sarkozy a répondu immédiatement et en apportant son soutien il esquisse une recomposition de la majorité.
Le Medef sans surprise a appelé à voter pour Macron « son programme est le plus favorable pour assurer la croissance de l’économie et de l’emploi ».
Berger au nom de la CFDT, appelle à battre Marine Le Pen en votant Emmanuel Macron, les autres organisations syndicales utilisent la formule de Mélenchon : « pas une voix à l’extrême droite ».
Le Pen cherche le ralliement de la droite et de la gauche souverainiste elle appelle les français « de droite, de gauche, d'ailleurs, de toutes origines [à rejoindre] ce grand rassemblement national et populaire ». Elle se présente comme la candidate du peuple contre les puissants, ce qu’elle n’est pas.
L’un et l’autre sont au service du capital, ils veulent aller plus loin et plus vite dans la liquidation des conquêtes sociales et démocratiques.
Je rappellerai la déclaration du parti : « ni Macron, ni Le Pen. Pas une voix pour Macron, pas une voix pour Le Pen qui sont les deux faces d’une même médaille, celle du capital. Pour changer il faut arracher le pouvoir aux multinationales capitalistes, récupérer les moyens financiers, prendre le pouvoir économique et politique ».
La recomposition politique est une condition indispensable pour que la présidente ou le président élu puisse appliquer son programme. Mélenchon, fort de son score à la présidentielle, pense qu’il aura beaucoup d’élus et qu’il imposera des décisions à Macron. Le PS, le PCF, EELV espèrent conserver leurs élus, sans alliance c’est mission impossible.
C’est tout l’enjeu pour eux des législatives. La France insoumise est favorable à des discussions avec les autres partis de gauche pour les législatives à condition que le "regroupement se fasse autour du programme porté par Jean-Luc Mélenchon" et à la proportionnelle des résultats du premier tour, dit Manuel Bompard

Ces recompositions ont pour but de poursuivre et développer la politique actuelle en muselant les luttes qu’elle génère. LFI, le PS, le PCF, EELV parlent de changer fondamentalement, mais il n’attaque pas le système capitaliste. Avec ces partis, la grande perdante c’est la lutte des classes. Pas sûr que le peuple se laisse faire.

2. Situation économique, sociale et politique
Sans reprendre ce qui a été publié sur notre site toutes les semaines, je m’attacherai à quelques aspects de la situation.
En 2021, encore marquée par la crise sanitaire liée au Covid 19 les grandes entreprises capitalistes ont réalisé « des profits records » dépassant de 60% leur précédent record de 2007. Le luxe, l’industrie, les matières premières les médias, les banques ont contribué à ces résultats. Les analystes promettent que 2022 sera encore plus faste ; « une année en or » selon une étude du cabinet de recherche IHS Markit (entreprise étatsunienne d’informations économiques), au niveau mondial les dividendes versés devraient atteindre 2 000 milliards, somme record, portée par les forts bénéfices des entreprises en 2021.
Presque la moitié des dividendes provient des géants français du luxe, LVMH, Kering, L’Oréal, Hermès qui à eux seuls, versent quatre fois plus de dividendes à leurs actionnaires que la totalité des constructeurs automobiles mondiaux.

Les profits des entreprises capitalistes, les dividendes bondissent, pas les salaires !
⁕ TotalEnergies : 18 milliards de profits, rémunération du PDG, Pouyanné, 5,9 millions augmentation de 52%, pour les salariés de1,5% à 2% d’augmentation de salaire proposé par la direction lors des NAO (négociations annuels obligatoires). « Tout changement de rémunération doit être modeste, équilibré avec la position concurrentielle de l’industrie et des prestations sociales » déclare Pouyanné.
Stellantis : 18 milliards de profits, rémunération du PDG, Tavarès, 19,5 millions, suppression de 2600 postes prévue entre 2022 et 2023, augmentation salariale générale proposée par la direction lors des NAO 2,8%. « C'est une politique de rémunération qui valorise la performance et l'engagement des salariés »
Arcelor Mittal : 13 milliards de profits, augmentation salariale générale de 2%.
Les augmentations salariales avaient déjà ralenti en 2020 (moyenne de 0,4 point pour les Ouvriers, Employé, Technicien, Agent de Maîtrise et 0,5 points pour les cadres). En 2021 les gels de salaire sont encore plus importants 45% n’ont pas connu d’augmentation de salaires et près de 30% ont vu leur salaire augmenter de moins de 2%.
Les bilans des NAO pour 2022 sont très modérés l’augmentation médiane est de 2,2% ce qui compte tenu de l’inflation équivaut à une baisse des salaires. Les profits s’envolent, les rémunérations des dirigeants des grandes entreprises capitalistes battent des records, les inégalités se creusent profondément et de plus en plus vite.
La question des salaires occupe une place centrale, c’est la préoccupation n° 1 que les salariés et les luttes ont imposé dans la campagne de l’élection présidentielle, cette question est au cœur de la lutte des classes. Par les grèves longues et dures les salariés ont réussi à créer un rapport de force qui a fait plier les directions par exemple chez Decathlon, Leroy-Merlin ou Air Liquide, Thermal Ceramics, Dassault Aviation, des sites du groupe Thales, Lustucru, Amazone des mouvements de grèves touchent tous les sites français depuis trois semaines pour obtenir une augmentation de 5% des salaires, Capgemini est en grève pour la première fois depuis 2008.
Depuis cinq ans le gouvernement a dû faire face à des mobilisations de la classe ouvrière, des couches populaires, de la jeunesse : ⁕ grève contre la réforme du code du travail, ⁕ grève des cheminots contre la réforme ferroviaire, ouvrant à la concurrence le rail en France, ⁕ multiplication des luttes contre la casse du service public hospitalier, ⁕ grève dans l’éducation nationale, etc. Pendant la pandémie les luttes n’ont pas cessé, toujours pour des augmentations de salaires, les conditions de travail, contre les PSE (plan de sauvegarde de l’emploi), contre les fermetures d’entreprise, avec l’augmentation de l’inflation elles ont explosé.
Les conditions de vie dégradées ont poussé un plus grand nombre de travailleurs dans les luttes, avec pour certain la rage au cœur et ont décuplé leur volonté de changer, de vivre mieux, la question des perspectives, du comment faire pour aller plus loin se pose pour un plus grand nombre.
La question du développement des luttes et des luttes gagnantes se pose avec plus d’acuité.
La situation sociale, économique, résultant de la domination capitaliste pose la question de la perspective politique. Les luttes sociales peuvent l’obliger à des reculs importants dès maintenant, à une condition que les travailleurs et le peuple les imposent. Seules les luttes massives et déterminées peuvent stopper le pouvoir mais la lutte politique est le seul outil à la disposition du peuple pour se débarrasser du capital, lui arracher le pouvoir, les moyens de production et d’échange, toute maîtrise dans les affaires du pays. Notre rôle est de faire grandir cette idée, ce qui passe forcément par une prise de conscience de la responsabilité du capital, qu’il est possible de changer de société, que les moyens existent.
Avec l’explosion de l’inflation, les luttes sont appelées à se développer.
L’Insee a publié, vendredi, son rapport qui confirme une hausse marquée de l’inflation qui atteint 4,5% en mars (février 3,6%). Hausse qui résulte de l’accélération des prix de l’énergie + 29,2%, de l’alimentation +2,9%, des produits pétroliers +43,5%, du gazole +43,6%, de l’essence + 30%, des combustibles liquides +84 %, du prix de l’électricité +6% et du gaz +41%.
L’inflation que les « experts économistes » annonçaient de courte durée, et attribuaient « aux désorganisations des échanges provoquées par la pandémie », ont revu leur prévision à la hausse, l’inflation a été renforcée par la guerre en Ukraine et par les sanctions prises sous la houlette de Biden, par l’Otan, l’UE contre la Russie, pays exportateur de premier plan pour toute une série de matière premières : énergie, alimentation, métaux engrais.

3. Ukraine.
Je ne reviendrai pas sur l’analyse politique qui a été faite dans les articles du site, qui ont été très appréciés par les lecteurs de l’hebdo. Dès le premier article la guerre a été qualifiée pour ce qu’elle est, une guerre entre deux impérialismes : « l'Ukraine est aujourd'hui au centre des conflits au sein de l'impérialisme en Europe, (…) la destruction de l'URSS a exacerbé les concurrences pour la domination du centre de l'Europe. Les anciennes puissances capitalistes se disputent le gâteau avec une Russie redevenue capitaliste et qui veut y assurer sa domination, en termes économiques mais aussi stratégiques ».
La guerre en Ukraine signe le retour de la guerre en Europe, depuis 1999, année où l’Otan a bombardé la Serbie faisant entre 500 et 2 500 victimes, le nombre -exact n’a jamais été établi-, pendant 23 ans elle a été épargnée, mais n’a pas hésité à mener des opérations militaires impérialistes pour servir les intérêts des capitalistes français dans la concurrence mondiale qu’ils se mènent pour s’assurer le maximum de profits.
Dès le début de la guerre les pays de l’UE se sont félicités de l’effet unificateur de la guerre menée par la Russie, union qui s’est rapidement essoufflée au fur et à mesure que les trains de sanctions se succédaient. Les sanctions frappent fortement les Etats Européens est mettent en danger leur économie.
L’ Allemagne s’est opposée à un embargo immédiat sur les hydrocarbures russes dont elle ne peut se passer dans l’immédiat, un tel boycott déstabiliserait l'économie et la société allemande en raison de la flambée attendue du coût de l'énergie et des risques de pénurie et remettrait en cause la suprématie de l’Allemagne dans l’UE.
Le réarmement de l’Allemagne se fait sans solidarité européenne. Berlin à commencer à s’équiper en achetant des F35 étatsuniens compatibles avec les standards de l’Otan et habilités à porter des charges nucléaires étatsuniennes.
Biden veut restaurer le leadership des Etats Unis, et aller plus loin que Trump,
La secrétaire étatsunienne du trésor, fait pression sur la Chine pour qu’elle change de position sur la guerre en Ukraine, position qui pourrait avoir des conséquences « sur son intégration dans l’économie mondiale, sur sa souveraineté et son intégrité territoriale (Taïwan et Hong Kong) »
Biden foudre de guerre a annoncé mercredi une nouvelle aide militaire de 800 millions de dollars et la livraison de véhicules blindés, artillerie, hélicoptère. Biden a précisé que cette nouvelle tranche d'aide inclura des équipements très efficaces.
La concurrence inter impérialiste aura des conséquences profondes et durables au niveau mondial.

4. Activité du parti
Dans cette période complexe – pandémie, élection présidentielle, guerre en Ukraine- où tout est fait pour détourner des enjeux réels de la situation nationale et internationales, nous avons fait beaucoup de politique avec nos adhérents et nos sympathisants, déployer l’activité du parti dans les entreprises, les diffusions de tracts tant sur les présidentielles que sur l’Ukraine nous ont permis d’avoir des dialogues fructueux et sur des bases d’analyse de classe. Ce qui nous a permis de mesurer le chemin que nous avons parcouru en accompagnant les travailleurs dans les luttes. Notre préoccupation permanente est de renforcer le parti, d’avoir des moyens financiers en adéquation avec nos besoins de propagande.
Les élections législatives sont toujours et comme toute période électorale un moment de politique intense, de mobilisation de nos adhérents, elles sont l’occasion de rencontres et de débats qui permettent de nous expliquer, d’avancer nos perspectives et d’aller vers un renforcement du parti. Là où nous aurons des candidats, les électeurs auront la possibilité de voter contre le capital, nous nous adresserons à tous les électeurs, là où nous n’aurons pas la possibilité d’avoir un candidat nous serons sur le terrain, nous mènerons la campagne avec nos explications.

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