N°826 20/06/2023 La CGT partie prenante d’une opération de propagande pro-OTAN. Le RESU « Réseau Européen de Solidarité Ukraine », une officine liée à l’UE, qui soutient Zelinsky et l’OTAN dans la guerre impérialiste en Ukraine, organise en France, depuis samedi 17 jusqu’au vendredi 30, une « quinzaine de solidarité avec l’Ukraine »
qui n’est qu’un amas d’initiatives de propagande, destinée à faire admettre à toute la population le soutien armé actif de la France à l’Ukraine.
Or, parmi ces initiatives pro-OTAN, se place un meeting, mardi 20 juin, où interviendront les représentants des huit confédérations françaises dont la CGT, aux côtés de représentants de « syndicats » ukrainiens. Deux « syndicats » ukrainien seront présents, le FPU, gangréné par des histoires sans fin de corruption, et surtout, la principale organisation chargée d’intégrer les travailleurs ukrainiens au système, la KVPU.
La participation de la CGT à une telle initiative pose problème à de nombreux militantes et militants de l’organisation. Le communiqué intersyndical du 13 juin prend très clairement position pour le gouvernement ukrainien, un des deux belligérants de cette guerre impérialiste, sans nuance, sans précision, sans rappel du rôle et responsabilités du gouvernement ukrainien, de l’OTAN, des États-Unis et de la France depuis presque 10 ans dans la région. Il y a un enjeu fondamental derrière ce communiqué, c’est la tentative de rallier la CGT à l’union sacrée dans la guerre indirecte entre la Russie et l’Ukraine et l’OTAN, de l’entraîner dans le soutien passif puis actif à la guerre en Ukraine.
Qu’est-ce que la KVPU, qui bénéficiera de quatre intervenants lors du meeting ?
La Confédération des syndicats libres d'Ukraine (KVPU), principal bénéficiaire de la levée de fond de la confédération US, l’AFL-CIO pour les « syndicats » ukrainiens en 2022, est partenaire du Centre de solidarité (Solidarity Center) de l'AFL-CIO. Ce centre de solidarité est la version reconditionnée de l'organisation impérialiste American Institute for Free Labour Development (AIFLD), le Solidarity Center est presque entièrement financé par l'organisation de façade de la CIA, le National Endowment for Democracy, ainsi que par le Département d'État et l'USAID (Agence des États-Unis pour le développement international). Il est clairement documenté(1) que l’AFL-CIO est liée à la CIA. En 1947, le financement de la CIA qui avait permis la création et l’existence du syndicat Force Ouvrière avait transité par l’AFL-CIO et notamment ses dirigeants férocement anticommunistes : Lane Kirkland et George Meany.
Le président actuel de la KVPU, celui que le secteur international de la CGT appelle « notre camarade Youry Samoïlov » a d’ailleurs reçu, en 2004, le prix Meany-Kirkland de l’AFL-CIO pour son travail lié à la « révolution orange » soutenue par le gouvernement états-unien. Son adjoint Ihor Kniazhansky alias "Dushman" fait partie du bataillon Azov, la sinistre unité militaire pro-nazie. Dushman est en outre actuellement à la tête de la branche régionale Vinnytsia du Corps National, un parti politique fasciste. D’ailleurs, il est intéressant de noter qu’en 2019, des membres du Congrès états-unien avaient envisagé de placer le bataillon Azov dans la liste des organisations terroristes. En réponse, Volynets et plusieurs autres membres du parlement ukrainien ont signé une lettre, qui défendait et louait le bataillon Azov.
Des « syndicalistes » muets sur la répression sociale en Ukraine
En Ukraine, dans un silence assourdissant, depuis le début de la guerre, Zelinsky et son gouvernement, ont interdit des partis politiques, notamment communistes, de gauche et antifascistes en Ukraine, les syndicats qui pouvait les déranger, y compris le syndicat social-démocrate, mais aussi les libertés et les droits syndicaux. Il n’y a plus aucune limite à la surexploitation des travailleurs en Ukraine, les conditions de travail se durcissent sans fin, non pas pour fournir l’effort de guerre mais pour continuer à alimenter les profits des capitalistes ukrainiens et leurs congénères occidentaux. Évidemment, ni la KVPU, ni l’AFL-CIO ne trouvent quoi que ce soit à y redire.
Tout cela est passé sous silence dans le communiqué intersyndical signé par la CGT qui se contente de dire que « L’Ukraine de demain doit devenir un exemple de démocratie fondée sur le respect des droits sociaux et des libertés syndicales », ce qui tend à prouver qu’elle est loin de l’être aujourd’hui, mais ce n’est pas dénoncé.
Dans un communiqué lu lors de la réunion récente du Comité Confédéral National de la CGT, l’Union départementale CGT du Nord rappelle le massacre de 42 syndicalistes en 2014 à Odessa, brûlés vifs par les fascistes sous les yeux de la police, dont un jeune de 17 ans, Vadim Papura. L’intersyndicale, en France, n’a jamais communiqué à ce sujet.
A propos des « syndicats libres »
Les véhicules de l’idéologie dominante, souvent hélas repris par le secteur international de la CGT, nous entraînent dans une explication simpliste du monde impérialiste : les mauvais syndicats, inféodés aux États rivaux du bloc dominant derrière les USA, les uns et les autres impérialistes, et les bons syndicats, qui ne sont pas soumis aux États du bloc organisé autour de la Chine, et que l’on appelle les syndicats « libres ». Et jamais ne sont interrogés leurs liens avec les puissances impérialistes dominantes. Ainsi, la CGT critique beaucoup les syndicats inféodés ou partisans de Loukachenko en Biélorussie, mais pas ceux qui sont financés par la CIA. Des syndicats inféodés au pouvoir politique, il n’y en a pas qu’en Iran ou en Biélorussie, il y en a pléthore dans l’Union européenne, en Pologne, en Estonie, dans les pays baltes, en Croatie. Et que dire du congrès de la CES qui réserve une standing ovation à Ursula von der Leyen, le prototype des dirigeants corrompus et tout dévoués aux intérêts des multinationales, notamment US ?
En conclusion
Pour le Parti Révolutionnaire Communistes, qui a pris clairement position sur le caractère d'affrontements au sein du système impérialiste pour caractériser l'intervention militaire de la Russie en Ukraine(2) , les syndicats en France, et notamment la CGT, auraient intérêt à prendre en compte les positions de leur camarades belges. Les deux confédérations de ce pays, la FGTB socialiste et la CSC chrétienne, appellent, avec les organisations pacifistes, à la paix en Ukraine et à un cessez le feu immédiat. C’est la seule voie que peuvent suivre les organisations de lutte des classes et progressistes. Nous faisons notre la conclusion du communiqué de nos camarades du collectif Unité-CGT : « Notre soutien ne va pas aux gouvernements russe ou ukrainien, mais bien aux peuples de ces deux États entraînés dans une guerre fratricide par et pour les intérêts des capitalistes, qu’ils siègent à Moscou, Kiev, Washington, Londres, Bruxelles, Pékin ou Paris. […] Pas un euro, pas un soldat, pas une seule arme pour les guerres impérialistes ! ».
Comme en 1914, le mouvement ouvrier n’a pas à choisir un camp dans une guerre impérialiste, aucun des deux camps ne défend ses intérêts. En modifiant la célèbre phrase d’Anatole France : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels. », on pourrait dire à ces syndicalistes qui croient légitime de soutenir Zelinsky et l’OTAN : « On croit défendre la liberté, on défend les capitalistes. ».
L’émancipation des peuples, en Ukraine, en Russie, en France et dans le monde ne se fera pas sans la lutte obstinée des travailleurs pour renverser le capitalisme et instaurer une société socialiste. Le socialisme est facteur de paix, tandis que « Le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l’orage. », comme l’a écrit Jean Jaurès.
1 https://editionsdelga.fr/produit/scissions-syndicales-reformisme-et-imperialismes-dominants/
2 https://www.sitecommunistes.org/index.php/monde/europe/1784-ukraine-la-logique-d-escalade-militaire-en-cours-c-est-celle-des-affrontements-au-sein-de-l-imperialisme
https://www.sitecommunistes.org/index.php/publications/documents/1934-un-document-pour-mieux-comprendre-les-raisons-et-les-consequences-de-la-guerre-en-ukraine
https://www.sitecommunistes.org/index.php/monde/monde/2248-ukraine-declaration-commune-des-partis-communistes-et-ouvriers-apres-un-an-de-guerre-imperialiste-en-ukraine