Gantry 5

 

Le 16 mars 2020, le Président de la République française Emmanuel Macron annonçait le confinement du pays suite à l’épidémie de coronavirus appelé Covid-19. Avant même que la mesure soit effective, 1.2 million de Franciliens ont quitté la région afin de passer le confinement dans leur résidence secondaire dans les différentes régions de France. A certains endroits, comme l’île de Ré par exemple, on constate une augmentation de la fréquentation de 30%.

Ce confinement décrété a fait ressurgir plusieurs fractures au sein de la société dont une particulièrement : le logement. En effet, comme dit précédemment 1.2 million de Franciliens ont quitté leur région. Ces départs ont été qualifiés d’« exode » massif par les médias. Dans les jours qui ont suivi ce confinement, les médias se sont penchés sur l’erreur, la faute de ces Franciliens qui ont choisi de partir car susceptibles de propager le virus sur le reste du territoire. Cependant aucune condamnation médiatique « réelle », juste un constat.
A cela s’est ajouté le jeu médiatique de « Comment les Français vivent le confinement ? ». Nous avons vu apparaître sur les écrans de télévision des célébrités de toutes sortes montrant leur jardin, leur appartement, leur balcon et demandant aux téléspectateurs de « rester chez eux ». Aucune enquête de terrain, aucune information, aucun reportage sur le confinement dans les quartiers populaires. Pourtant, plusieurs journaux ont rapporté que le confinement en Seine-Saint-Denis, par exemple, n’était pas ou peu respecté. A la suite de la publication de ces articles, la porte-parole du gouvernement Mme Ndiaye a évoqué le fait de ne pas « stigmatiser une certaine partie de la population ». Pourtant une question se pose : pourquoi le confinement n’est pas ou peu respecté dans certaines banlieues ?
Il est évident de comprendre que beaucoup de familles dans certaines banlieues ou quartiers vivent dans des appartements petits, dans d’immeubles immenses souvent délabrés et sont souvent nombreux dans ces logements. De plus pour beaucoup de ces familles un des parents doit quand même aller travailler en ville pour l’industrie agroalimentaire, la grande distribution, au marché ou dans le ramassage d’ordures. Et cela sans protection sanitaire basique (gants, masques, gels hydro-alcooliques). Beaucoup de ces familles n’ont pas le choix de vivre dans ces appartements souvent situés loin de leur lieu de travail. Avec l’augmentation des prix du loyer dans toutes les grandes villes françaises, elles ont été forcées de se reloger loin de la métropole alors que les prix des loyers augmentent aussi dans les villes situées aux alentours de métropoles. C’est le cas de plusieurs villes de Seine-Saint-Denis notamment comme Montreuil, Saint-Denis Sud (quartier La Plaine), les Lilas, Saint-Ouen, Pantin et Romainville toutes situées juste autour de Paris dans ce qu’on appelle la « petite couronne ».
Le confinement devrait être l’occasion de s’interroger sur le mal être et la réalité des conditions de logements qu’impose la politique du capital à ces populations qui pourtant occupent des fonctions salariées de première importance, mais il n’en est rien. Pas de débat sur la politique du logement en France qui fait qu’une prise de décision politique sanitaire aussi brutale que le confinement n’est pas appliquée par les populations vivant dans les logements les plus précaires. Aucun parti politique n’a émis une critique sur le pourquoi de la difficulté dans les quartiers dits défavorisés et certaines banlieues à appliquer cette décision. De plus évidemment aucun média ne s’est emparé de cette question pourtant majeure pour de nombreuses familles, comme l’est aussi celle de l’éducation scolaire dans cette période.
Cette question de l’accès à un habitat correspondant aux besoins pour les populations les plus défavorisées, nous le constatons, pose aussi problème dans de nombreux pays (bien que les situations sociales soient très différentes) ayant adopté un confinement généralisé à l’aveugle. C’est le cas de l’Inde où il existe de nombreux bidonvilles dans lesquels les gens n’ont accès ni à l’eau courante ni à l’électricité mais aussi l’Afrique du Sud où les nombreux habitants des townships n’ont pas accès aux besoins humanitaire les plus élémentaires.
Ainsi, cette annonce de confinement a pour conséquence l’assignation forcée à résidence de plusieurs millions de personnes et donc de toutes les classes sociales. Cependant, nous constatons que selon l’endroit où l’on vit et le type d’appartement que l’on possède le confinement n’est pas du tout vécu de la même manière. Cela ne semble pourtant pas une préoccupation majeure des partis politiques et des médias qui semblent acter ce fait et n’ont qu’un slogan à transmettre : « Restez chez vous ».
Il est donc clair que la politique de logement en France est fondamentalement une politique de classe, au cœur des problématiques du système capitaliste, comme la crise sanitaire du système hospitalier provoquée elle-même par une politique capitaliste du service public de santé. La politique de confinement jette une lumière crue sur la réalité des conditions de vies de beaucoup de salariés. Aujourd’hui, avec des revenus en baisse, le chômage, les risques de licenciement, des conditions de travail et de vies aggravées par le manque de moyens de protections minimales, beaucoup d’entre eux tentent de faire valoir leurs droits et ils ont raison ! Des mesures immédiates doivent être arrachées par la lutte au pouvoir et au patronat : pas de licenciement, paiement intégral des salaires, mesures de protection comme condition nécessaire pour aller au travail et travailler, exonération des loyers et des charges comme des factures d’électricité d’eau et de gaz pendant toute la durée du confinement.

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