N° 846 08/11/2023 Selon la newsletter Les Glorieuses qui en fait le calcul chaque année, cette dernière affirme que du fait des inégalités salariales entre hommes et femmes, ces dernières commencent à travailler gratuitement à partir du 6 novembre à 11h25. Cette annonce est reprise en chœur, sans analyse critique, par nombre d'organisations politiques, syndicales et féministes. Si ce calcul a le mérite de mettre en lumière le fait que les salaires au féminin, à travail égal, sont moins rémunérés que celui des hommes et aide à poser avec force la revendication ancienne du mouvement ouvrier : À travail égal, salaire égal, il présente un inconvénient majeur, celui de masquer la réalité de l'exploitation capitaliste du travail salarié, masculin et féminin, comme unique source des profits.
En effet, ce n'est pas seulement du 6 novembre au 31 décembre que les femmes travaillent gratuitement. Comme les hommes salariés, elles ne possèdent que leur force de travail, qu'elles vendent (ou louent) aux capitalistes sur le marché du travail. Ces derniers, en disposent alors pendant toute la durée du temps de travail et si le salaire rémunère une partie de ce temps de travail, l'autre partie crée une sur-valeur que s'accapare le capitaliste. C'est là, selon Marx, que réside le processus d'exploitation.
Vouloir limiter, ce travail gratuit, pour les femmes, à une période limitée dans le temps, c'est de facto admettre que le reste du temps, il n'y a pas de processus d'exploitation du travail salarié. Une façon comme une autre de brouiller les pistes et donc d'éloigner les salariés hommes et femmes de la lutte des classes au profit d'une concurrence homme-femme alors qu'ensemble, leur intérêt est de mettre en lumière l'exploitation capitaliste et de la combattre, y compris dans ces aspects discriminatoires !