N° 826 21/06/2023 Dans la nuit du 13 au 14 juin dernier, un chalutier bondé de migrants, parti de Libye et voguant vers l’Italie, a coulé au large de Pylos, une ville grecque du Péloponnèse. Les garde-côtes grecs ont repêché 104 survivants et 82 morts.
Mais le nombre de victimes est certainement bien plus élevé, puisqu’il y avait, au départ, entre 400 et 750 passagers, selon les survivants. C’est un des naufrages de migrants les plus graves survenus en méditerranée.
A qui la faute ?
Les autorités grecques ont arrêté 9 survivants, citoyens égyptiens, soupçonnés d’être les passeurs. Au Pakistan, dont les ressortissants était nombreux au départ du bateau, les autorités ont également arrêté des passeurs. Les passeurs qui organisaient la traversée ont entassé des centaines d’êtres humains sur une coquille de noix, sans gilet de sauvetage, car ils prennent trop de place.
Mais si la responsabilité des passeurs est certaine, que dire de celle des seigneurs de la guerre libyens qui contrôlent le territoire ? Que dire des puissances impérialistes, la France, le Royaume Uni et les USA qui ont renversé le régime du colonel Khadafi, lequel accueillait des migrants africains et leur permettait de vivre et travailler décemment ?
Que dire enfin des puissances impérialistes en général, qui se font la guerre, réduisent les peuples des pays en développement à la misère ? Car les causes des migrations sont bien connues, ces gens qui regardent vers l’Europe fuient la guerre et la misère.
L’Union européenne et le gouvernement grec ne sont pas blancs comme neige dans ce naufrage. Quelques heures avant que le navire surchargé ne chavire dans les eaux internationales, il avait été repéré en mer ionienne, le mardi 13, par un avion de Frontex, l’Agence européenne de surveillance des frontières. Mais les migrants à son bord « ont refusé toute aide », selon un communiqué des autorités portuaires grecques. Eh bien il fallait les secourir quand-même !
Les réactions des militants du mouvement ouvrier en Grèce
Des syndicats et des organisations de masse, des travailleurs et des jeunes, ont manifesté dans l’après-midi du 15 juin avec un rassemblement devant le Parlement grec et une marche vers les bureaux de l’UE à Athènes, exprimant leur colère et leur indignation face au nouveau crime en Méditerranée. D’autres manifestation se sont déroulées à Thessalonique et dans dizaines de villes de la Grèce.
« La classe ouvrière, nos syndicats doivent condamner la politique qui est responsable de ces centaines de morts, ainsi que tous les partis qui ont voté, soutenu et mise en œuvre cette politique anti-ouvrière et à l’encontre des migrants. », a souligné à Athènes Nikos Mavrokefalos, membre du Secrétariat du PAME, le syndicat grec de lutte des classes, appelant à l’intensification de la lutte chaque jour pour « les renverser ».
« Le naufrage meurtrier n’était pas un "accident" mais un crime annoncé. » a signalé Giannis Anagnostou, Président du Syndicat des Constructeurs d’Athènes. Et de poursuivre : « Ce sont les guerres, les interventions de toutes sortes, la désintégration des pays par l’exploitation sauvage, le pillage, les régimes autoritaires, l’instigation des conflits civils, la destruction de l’environnement qui provoquent le déracinement de ces millions de personnes. […] Les officiers de l’OTAN, de l’UE et de tous les gouvernements grecs au fil des ans, qui ont signé le massacre des peuples, ne doivent pas verser des larmes de crocodile. […] L’implication de notre pays aux plans impérialistes, aux interventions et à la guerre a été soutenue par tous les gouvernements. Aucun d’entre eux ne remet en question les engagements de notre pays envers l’OTAN, il s’agit de l’agenda commun de la ND¹, de SYRIZA¹ et du PASOK¹ […] Les guerres sont livrées pour les profits des groupes d’affaires, le contrôle de ressources naturelles, pour les routes de l’Énergie, les sphères d’influence. Leurs profits ou nos vies : Voilà le dilemme qui imprègne tout aspect des développements. Dans le cadre de la barbarie capitaliste, ce slogan unit tous les travailleurs et le peuple, indépendamment de couleur, race, religion, origine ethnique ».
Notre point de vue
Le naufrage a eu lieu dans un contexte particulier. Les procédures de réforme du pacte de l'UE sur la migration et l'asile sont actuellement discutées et accélérées, ce qui se prépare est un abandon définitif de la Convention de Genève sur les réfugiés, avec des conséquences innommables et une répression accrue. Et, bien sûr, cela aiguise davantage l'appétit des réseaux de trafiquants criminels qui amènent les migrants dans ces tombeaux aquatiques où des hommes, des femmes et des enfants perdent la vie.
Pour le Parti Révolutionnaire Communistes, il n’est pas possible de considérer ce crime permanent dans la mer Égée et en Méditerranée comme un "accident". C’est un nouveau crime à mettre au passif du système capitaliste. Face à ce crime, il est nécessaire renforcer la lutte pour mettre fin aux guerres impérialistes, aux invasions et aux occupations d'États, aux persécutions politiques, à la pauvreté et à la faim qui poussent les gens à émigrer pour trouver un meilleur sort et à finir dans les eaux de la Méditerranée qui devient leur cimetière.
Le nouveau naufrage fait partie du crime continu qui se déroule en Méditerranée et dans la mer Égée ces dernières années. Un crime qui porte la signature des impérialistes et ses gouvernements, de l’UE et de l’OTAN, qui lancent des interventions, massacrent des peuples, pillent des pays, créant des caravanes de personnes déracinées. C’est le Capitalisme qui est responsable de tous ces morts !
1 La Nouvelle Démocratie (droite), SYRIZA et le PASOK (sociaux-démocrates) sont les partis qui se sont succédé au pouvoir en Grèce depuis des décennies.