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N° 823 30/05/2023 Le projet de loi sur les questions de l'immigration, à part son côté d'arlésienne, est un révélateur puissant des intentions des forces politiques du capital dans un moment de crise marqué par les luttes des travailleurs contre la réforme des retraites et les salaires.

Si beaucoup de commentateurs s'évertuent à faire de cette question un marqueur du positionnement des partis sur un axe extrême-gauche, extrême-droite, il convient d'aller plus loin dans l'analyse s'agissant d'une des questions centrales de la capacité du capital à disposer d'une force de travail la moins coûteuse possible et permettant donc une augmentation des taux de profits extraits de l'exploitation du travail salarié.
Rappelons d'abord que les phénomènes migratoires sont vieux comme le monde. Si l'on prend l'exemple de la France, son passage au capitalisme industriel a provoqué une immigration intérieure de paysans ruinés vers les grands pôles industriels tandis que la colonisation a permis de renforcer ces processus de création d'une classe ouvrière nécessaire au développement du capitalisme.
De son côté, l’émigration en provenance de l’Europe et tout particulièrement de pays faiblement industrialisés, a été au XIXe siècle massive et a servi de soupape de sécurité d’une population excédentaire pour le capital, ce qui fut le cas pour le peuplement de l’Amérique du Nord et dans notre pays a permis le développement de l'exploitation minière.
Aujourd'hui, les facteurs qui alimentent l'immigration sont nombreux mais pour l'essentiel, ils sont liés à des situations de guerre, de répression et de misère. Il s'agit donc clairement de questions de survie pour des millions et des millions d'hommes de femmes et d'enfants qui ne voient leur salut que dans le départ de leur pays d'origine. les spectacles horribles des réfugiés aux frontières des États-Unis et du Mexique, comme celles aux frontières de l'Union Européenne, témoignent de cette cruelle réalité. Ces hommes, ces femmes, ces enfants sont-ils responsables des guerres, de la répression et de la misère ? Non, ils en sont les victimes, celles des luttes que se mènent les États capitalistes au sein du système impérialiste pour asseoir leur domination, contrôler les sources de matières premières, les marchés, les voies de communications et la force de travail.
Pour augmenter les profits deux possibilités s’offrent aux capitalistes :
• La migration de la production vers les pays à bas salaires
• L’immigration d’ouvriers à bas salaires exploitables à domicile
Ainsi, délocalisation de la production et immigration sont les deux faces d’utilisation de la réserve mondiale de main d’œuvre. Ainsi, si le capital et les marchandises circulent presque librement, il n’en est pas de même pour la force de travail dont le confinement relatif contraint permet d’assurer des différences notables et profitables aux capitalistes dans le prix de la force de travail.
Pour exploiter au maximum la main-d’œuvre, qu'elle soit immigrée ou non, rien de mieux que de la diviser. Ce principe est le fondement même des volontés qu'ont les forces politiques du capital de faire en sorte que s'affrontent les travailleurs entre eux et non contre leurs exploiteurs capitalistes communs. C'est ainsi qu'au moment où les salariés se sont unis pour lutter contre la réforme des retraites, voit-on ressurgir la question de l'immigration et dans le même esprit nous joue-t-on la petite musique de la fraude sociale! De ce point de vue, les surenchères politiciennes abondent du gouvernement aux Républicains, à Renaissance et au Rassemblement National. Chacun joue sa partition avec l'objectif d'enterrer la lutte commune des salariés contre la réforme des retraites et pour les augmentations de salaires. Pendant ce temps, les forces regroupées dans la NUPES, loin de poser la question de la responsabilité du capitalisme s'en tiennent à un discours moralisateur sans aller au fond des choses quand comme le secrétaire général du PCF, il ne réclame un consensus républicain!
Dans le domaine de la division le jeu se complexifie, il y aurait les bons et les mauvais immigrés. Cela dépend, bien entendu, du bénéfice politique qu'entendent en tirer les capitalistes. Ainsi, les immigrés venus du Moyen- et Proche-Orient, de Syrie, de Libye et d'Afrique sont-ils priés de rester chez eux et s'ils ne le font pas, qu'importe qu'ils meurent en mer, c'est la faute à pas de chance! Mais qui a porté la guerre impérialiste dans ces régions si ce ne sont les puissances de l'OTAN ? À contrario, dans la guerre impérialiste qui se mène en Ukraine les réfugiés, ils sont quand même huit millions, ont droit à une attention bienveillante dans la mesure ou ils sont un argument contre l'autre ennemi impérialiste : la Russie et que leurs qualifications peuvent être utiles à des pays de l'Union Européenne en berne démographique!
Ne soyons pas dupes la question du traitement du problème de l'immigration est bien de première importance et nous devons rappeler avec force que pour nous, il n'y a qu'une classe des travailleurs face à la classe capitaliste qui est leur exploiteur commun. De ce point de vue, tous les salariés doivent avoir les mêmes droits et se rassembler dans la lutte commune pour les revendications et pour en finir avec le système d'exploitation capitaliste en France et dans le monde.

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