Gantry 5

 

772-09/06/2022 Macron est revenu récemment à Marseille pour mettre en exergue une expérimentation lancée à la rentrée 2021 qu’il souhaite généraliser.

Comme d’habitude, peu conscient du ridicule, il a utilisé des grands mots dont on ne sait pas bien s’il connaît le sens : « réorganisation nationale » ou « révolution culturelle »
Pour qui pratique un peu le langage macroniste, cela ne peut qu’inciter à craindre le pire concernant ses futures réformes du système éducatif français.

De quoi s’agit-il ? Une cinquantaine d’école et établissements, mais surtout des écoles se sont portés volontaires en septembre 2 021 pour une expérimentation sur le thème : « on donne plus de moyens et laisse plus de liberté pédagogique aux enseignants ». Jusque-là, rien de bien neuf. Des moyens ont été mis, mais c’est une goutte d’eau même pour l’ensemble des écoles de la ville de Marseille ; quand-à la liberté pédagogique, il semble que ce soit surtout celle d’obéir aux inspecteurs et au ministre. Cela explique peut-être pourquoi il y a eu bien moins d’équipes volontaires qu’attendu.

Ce qui n’est pas encore en place mais est le cœur du projet de Macron, c’est profiter de l’affaire pour expérimenter tout autre chose : en contrepartie d’une augmentation (non définie) de la rémunération des enseignants méritants et des financements des établissements entrant dans ce « nouveau pacte », les mêmes enseignants accepteraient d’être recrutés par leur « chef d’établissement ». Voilà ce que Macron souhaite généraliser : en lieu et place d’une éducation nationale avec des règles nationales, il souhaite multiplier les contrats liant chaque école à l’état et à la collectivité ; il s’agit bien de poursuivre et d’accélérer la voie vers une privatisation partielle de l’Ecole : les écoles méritantes en voie de privatisation et le tout-venant sans moyen. En effet, les déclarations de Macron préfigurent que les moyens supplémentaires seraient à terme réservés à ce genre d’école.

Concrètement, les nouveaux enseignants titulaires et les enseignants qui entreraient dans le cadre de ce pacte accepteraient la séparation entre le concours et l’obtention d’un poste… Autrement dit, ils devraient, diplôme et CV en poche, démarcher un établissement ou une école et montrer au chef à quel point ils adhèrent à ce projet « innovant » et… à l’autorité du chef qui le porte !

Ce que Macron semble ne pas savoir, c’est que les directeurs d’école ne sont pas les supérieurs hiérarchiques de leurs collègues. Même avec les modifications apportées par Blanquer qui leur permettent de décider seuls d’un certain nombre de choses, alors qu’avant la décision était collective, ils n’ont pas de statut différent de celui des autres professeurs des écoles. Il y a donc un problème de faisabilité, et ce d’autant plus que le statut particulier des directeurs d’école, c’est le serpent de mer depuis quinze ans. A chaque fois qu’un gouvernement ou des élus s’y confrontent, ils tombent sur le mur de l’argent que coûterait une telle mesure. Blanquer avait bien compris qu’on peut rendre plus dociles ces directeurs en leur faisant croire qu’on leur donne du galon, et les utiliser pour museler un peu plus l’ensemble de la profession, sans avoir besoin de passer par le statut. De là à leur permettre de recruter des collègues, il y a un pas que seule une disposition législative peut permettre de franchir.

Il faut savoir enfin que ces vieilles recettes ont déjà été mises en place au Royaume uni, en Suède etc. et qu’elles ont des résultats catastrophiques. Au Royaume uni, des écoles privatisées, considérées comme « non rentables » ferment, laissant les élèves des quartiers concernés à la rue !
Pour terminer, il est important de signaler la présence à Marseille, derrière le grand chef Macron, du nouveau ministre de l’éducation nationale, N’Diaye, que d’aucuns nous avaient présenté (syndicats compris), comme un « anti-Blanquer ». Le masque tombe vite et N’Diaye met ses pieds dans les chaussures de Blanquer. Certains, qui n’avaient peut-être pas mesuré ce que c’est d’être ministre de Macron (après cinq ans, pourtant) se sont donc mis le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Pour le Président de la République l’assujettissement de l’enseignement aux besoins patronaux ne concerne pas seulement le supérieur, mais aussi le secondaire. « Nous avons besoins de nos universités comme d’ailleurs du monde de l’entreprise dans nos collèges dans nos lycées ». L'Union des Industries et des Métiers de la métallurgie (UIMM), qui est la première fédération industrielle française et le Mouvement des Entreprises de France (MEDEF), veulent mieux contrôler la formation. L’UIMM exige que l'enseignement professionnel sorte du champ de l'éducation nationale pour être sous le contrôle du ministère de l'industrie.

Evidemment, pour venir au secours du service public de l’éducation, qui en a bien besoin, attaqué qu’il est et a été depuis des décennies, c’est tout autre chose dont nous avons besoin. Il y a un grand besoin de moyens d’abord, en prenant l’argent où il est, dans les poches des capitalistes. Il est nécessaire de recruter massivement des enseignants. Mais un vrai recrutement, pas le « job dating » des académies de Versailles où la hiérarchie de l’éducation nationale fabrique des professeurs en une demi-heure, comme si ce n’était pas un métier. On peut le constater, le recours effréné aux contractuels, voulu par nos gouvernants, notamment depuis la loi de transformation de la fonction publique est un échec. Comme l’hôpital, l’école n'attire pas.

Alors recruter des enseignants au statut, les former en-dehors du formatage actuel, avec un accès égal aux théories pédagogiques et pas seulement aux directives du ministre, et les payer convenablement, c’est ce que porte le parti Révolutionnaire Communistes.
Le retour du recrutement à bac plus trois rendrait possible ce recrutement et permettrait aussi d’avoir une profession moins gentrifiée. Ensuite, il faut laisser les collectifs enseignants et des autres personnels décider, sans chef d’établissement réel ou déguisé.

Des moyens en personnel et en matériel, une liberté pédagogique retrouvée, une attention à l’Ecole partout et pas seulement dans trois endroits de France bien choisis, fussent-ils à Marseille, c’est ce qu’il faut. Mais il n’y a rien à attendre de Macron, ni des autres politiciens. C’est l’avenir de toute la jeunesse qui est en cause. C’est par la lutte et seulement par la lutte que nous obtiendrons satisfaction. Le parti Révolutionnaire Communistes soutient et soutiendra toutes les luttes en cours et à venir dans l’éducation nationale et ailleurs.

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