Dans le monde capitaliste dans lequel nous vivons, rien ne ressemble plus à une rentrée scolaire que la précédente. Il en est de celle de septembre 2018 comme des autres depuis des décennies. Les effectifs sont élevés, il manque des enseignants, le formatage s’amplifie…
Le recrutement des enseignants a du plomb dans l’aile. Qui voudrait vraiment, à bac + 5, exercer un tel métier avec un tel ersatz de salaire ? Pour exemple, les concours spéciaux de recrutement des professeurs des écoles organisés pour les académies de Créteil et Versailles se sont bien tenus jusqu’à l’oral : admissibilité élevée, on attendait le miracle. Las, jamais oraux n’ont été autant désertés ; certains examinateurs ont passé des journées dans l’attente sans voir le moindre candidat…
Le moment publicitaire actuel, ce sont les CP à 12 en éducation prioritaire. Ici, l’école n’a pas de locaux, on prend ceux du RASED. Là, elle n’en a pas non plus, mais la municipalité place des rideaux ou des séparations plus dures pour partager une salle de classe en deux. Là encore, on installe des bâtiments préfabriqués dans la cour de l’école.
Mais, outre ces désagréments, rien de neuf. Les ordres de Blanquer le ministre actuels sont clairs, on continue comme avant, en faisant encore plus ce qu’on faisait avant. Et pourtant, de l’étude du ministère portant sur des élèves en début de sixième en 1998 à celle des PIRLS, organisation internationale, portant sur des élèves en fin de CM1 en 2016, la France passe de 15 % de lecteurs experts (les vrais lecteurs) à 6 %. On continue comme ça, pas de raison de changer une équipe qui perd.
Dehaene, la caution scientifique du ministre Blanquer, et ses copains neuro-scientistes attestent qu’ils sont la Science, au sens de la vérité absolue, incontestable, indépassable. Un Dieu de plus, en vérité, comme si nous n’en avions pas déjà trop et qu’ils ne nous empêchaient pas de vivre.
Les structures en direction des élèves en difficulté, les RASED, ont été mises à mort par la précédente ministre, Madame Vallaud Benkasem qui a décidé de lier difficulté scolaire et handicap. Ainsi l’Ecole, institution de l’Etat bourgeois, n’est pas responsable. Si les gamins sont en échec, c’est parce qu’ils ont un handicap et non parce qu’ils sont dans des milieux sociaux populaires que l’Ecole écarte. Tout est fait pour que plus personne ne se souvienne que cette Ecole a été créée par les représentants du Capital pour être à son service et qu’elle l’est plus que jamais.
Plus que jamais, par exemple avec la réforme que veut mettre en place Blanquer pour la « voie professionnelle ». La volonté est d’utiliser les ressources de l’enseignement professionnel sous statut scolaire pour les mettre au service de ce que l’on appelle « l’apprentissage », que l’on devrait plutôt nomme la « formation professionnelle privée ». Comme elle a du plomb dans l’aile, parce que les patrons ne veulent pas de stagiaires avant le bac, on va le glisser dans les lycées professionnels, organiser des classes « à public mixte » avec des lycéens et des apprentis. L’idée est aussi de regrouper les lycées par thèmes (aéronautique, automobile, commerce/vente surtout). Et Blanquer en profite, dans la lignée de la loi travail pour tenter de supprimer ce qui faisait la marque essentielle des professeurs de lettres/histoire : évoquer les lois, les règles, les accords qui permettent aux ouvriers, aux salariés de ne pas se faire totalement manger par les patrons. Il faudra désormais se contenter de textes en rapport avec le modèle professionnel : sur le pétrissage pour les boulangers et sur le dévouement obéissant pour les secrétaires…
Les salariés prennent des coups depuis des décennies. Ils se sont accélérés avec Sarkozy, encore plus avec Hollande, et avec Macron c’est l’apothéose.
Les luttes existent. Il y a, des écoles en grèves pour réclamer un poste ou des lycées pour réclamer des heures. Et puis, dans les lycées professionnels, la colère gronde. La CGT organise la riposte ; une première journée de grève est prévue le 20 septembre.
Le parti révolutionnaire Communistes soutient toutes ces initiatives. Seule la lutte permettra de faire reculer le gouvernement, au service du Capital, qui a pour mission de détruire tout ce qui reste d’acquis sociaux dans ce pays. L’écueil des lycées professionnels n’est pas bien gros ; mais il pourrait gripper la machine.