706-04/03/2021 Après des déplacements à Saclay puis à Nantes, Macron s’est rendu à Stains, en Seine- Saint- Denis, le 1 er mars, pour lancer ou plutôt re-lancer son opération séduction « Un jeune, une solution ».
De dispositif en dispositif envers les jeunes sans emploi, ni formation, soit près d’un million de 16-25 ans, Macron tente de séduire cette tranche d’âge particulièrement malmenée par les conséquences de la crise sanitaire. Avant le Covid déjà, elle était la première victime de la précarité et de la pauvreté. Les fermetures des écoles, collèges, lycées et facultés, le passage en « distanciel », le confinement ont accéléré les décrochages scolaires qui laissent près de 100 0000 jeunes sur le bord de la société. En Ile de France des centaines de contractuels remplaçant n’ont pas été reconduits, les élèves ont perdu 8.733 heures d’enseignements depuis la rentrée. Dans les entreprises où ils constituent les plus gros bataillons d’intérimaires, des CDD ultra-courts, ils ont été les premiers exclus de l’emploi, sans aucun droit aux allocations chômage. Les stages qui camouflent massivement le chômage se sont brusquement arrêtés. Les familles elles-mêmes touchées par ces maux ne pouvant pas toujours subvenir à leurs besoins, beaucoup se retrouvent à la rue sans la moindre perspective. Même si la jeunesse est souvent très abstentionniste (à plus de 30 %), Macron a besoin de présenter un bilan de sa politique de la jeunesse autrement plus positif. C’est bien sûr à l’entreprise qu’il confie le soin de la prendre en charge signifiant au passage que l’Education nationale a failli en ne conduisant pas ses étudiants à l’emploi. Les entreprises le feront-elles ? Non, bien sûr, on ne peut mener parallèlement la course au profit maximum et la formation exigeante en moyens humains et financiers. Ce n’est pas de formation qu’il s’agit dans les 70000 « entreprises qui s’engagent » mais de justifier de nouveaux cadeaux au patronat et de livrer ces jeunes à la culture d’entreprise, les éloignant de toute velléité de révolte. A Stains, en parlant d’attribuer à un jeune en difficulté un « Mentor », Macron a bien choisi la notion de modèle et non de tuteur. Il n’a pas parlé de leur donner un emploi mais une solution, quelle qu’elle soit. Ces 100.000 « mentorés » s’ajoutent au million d’apprentis de 15 à 29 ans qui forme une main d’œuvre docile et fort rentable (aide de 5000 à 8000 € par contrat ! Entre l’entreprise elle-même et le CFA (Centre de Formation des Apprentis) créé par elle, c’est une formation « maison » qui échappe à tout contrôle public mais représente une véritable manne financière.
A l’inverse des Lycées professionnels nés du Conseil National de la Résistance en tant que CET (Collège d’Enseignement Technique) qui formait le travailleur, l’homme et le citoyen avec un important volume d’heures d’enseignement général dont la Législation du travail … le CFA forme les travailleurs dont l’entreprise a exactement besoin à un moment donné. Quel emploi trouvera t-il plus tard dans une autre entreprise? Ce n’est pas le souci des capitalistes, il y aura d’autres jeunes à former plus en adéquation avec les intérêts immédiats.
Parmi les solutions à la Macron, toutes sortes de contrats descendants des TUC de Mitterrand et Fabius en 1984, des CES etc. mis à disposition des services publics, associations pour quelques centaines d’euros et quelques mois où ils sont sortis des mauvaises statistiques de l’emploi. Mais même parées de la notion de « civique » ces fausses solutions ne trompent plus personne.
L’objectif est de tenir la jeunesse le plus loin possible de l’idée qu’une autre société que le capitalisme est possible, de fermer toute perspective d’émancipation. Parce que si s’inquiéter pour ses études, se préparer aux diplômes, pour l’avenir, trouver un emploi, pour certains vivre isolé, dans la misère, avoir faim, sans toit ou dans un logement insalubre, ne plus pouvoir sortir, faire du sport, se cultiver, n’avoir plus d’horizon, plus de projets désespère des jeunes (un jeune sur trois, de 18 à 25 ans, a des idées suicidaires),cela pourrait aussi faire descendre la jeunesse dans la rue.
Il y a des jeunes dans les luttes, des jeunes étudiants, des jeunes travailleurs. Nous les appelons à transformer leurs inquiétudes, leur révolte de la situation qui leur est faite en force de changement.
La jeunesse a le droit de rêver et de réaliser ses rêves, de se construire dans la sécurité du lendemain, dans l’indépendance financière, de s’engager pour une autre société où le travail de tous dans une économie au service du peuple, qui permet l’épanouissement de chacun. C’est ensemble que nous construirons ce monde où il fera bon être jeune, ce monde débarrassé des prédateurs capitalistes.