N° 928 05/06/2025 La croissance mondiale est dans un ralentissement durable. Les décisions du Président des États-Unis précipitent la crise générale du capitalisme et les rivalités impérialistes(1) sur fond de guerres économiques et de guerres tout courts. Les grands monopoles capitalistes se livrent à des batailles acharnées pour le contrôle des matières premières, des voies de diverses communications, de la force de travail, en même temps que la conquête et reconquêtes des marchés(2).
Les contradictions fondamentales du capitalisme plongent l’économie mondiale dans une nouvelle récession pour arracher les taux de profits les plus élevés pour le capital et pérenniser son accumulation. Les travailleurs et les pauvres en subissent les conséquences. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) vient de revoir à la baisse ses prévisions de création d’emplois à l’échelle mondiale. Les fermetures d’entreprises et les plans sociaux vont se multiplier.
La misère sous toutes ses formes s’aggravera, aucun pays ne sera épargné.
La CGT a alerté le 26 mai : 400 sites sont touchés par des suppressions d’emplois depuis septembre 2023, 88.000 emplois sont menacés. Derrière la façade des discours gouvernementaux, c’est une casse sociale et industrielle de grande ampleur qui se poursuit. L’économie française s’enfonce lentement. Selon l’estimation de la Commission européenne, la croissance hexagonale sera de 0,6 % maximum en 2025! Aggravant une hausse du chômage et de la pauvreté.
A cela vont s’ajouter les conséquences de la politique d’austérité du gouvernement. Le Premier ministre a annoncé qu’il présenterait, début juillet, un « plan de retour à l’équilibre des finances publiques sur trois ou quatre années ». Un effort « le plus juste possible » a tenu à préciser le chef du gouvernement, « frères riches » pas d’inquiétude, on ne vous taxera pas ! Un « effort » sera demandé à « tous les Français ». Traduire: les jeunes, les travailleurs, les retraités seront frappés. Le message est clair : les Français seront tenus et pendant plusieurs années, de cocher la case austérité.
François Bayrou s’est déclaré favorable à une « TVA sociale » : l’augmentation des prix de toutes les marchandises financerait une baisse des cotisations patronales. Inflation d’un côté, hausse des profits de l’autre : « tous les Français » feraient un « effort » et c’est le capital qui en recueillerait les fruits !
Le Medef se félicite et dit que cela va profiter à toute la population, car la baisse des « charges » stimulera l’investissement, donc la croissance et l’emploi, la bonne vieille théorie qui nous roule dans la farine depuis des décennies. Si c’était vrai, les 200 milliards d’euros de subventions publiques aux entreprises, chaque année, auraient dû transformer le pays en « jardin d’Éden. C’est l’inverse, Le Monde relevait le 22 mai que l’investissement productif, en France, a reculé de 1,5 % en 2024 ! Il est « orienté à la baisse » en 2025. Les subventions publiques partent directement dans la spéculation et les dividendes.
Le capitalisme français, depuis des décennies pille les finances publiques
L’exemple édifiant d’Arcelor-Mittal en avril dernier annonce la suppression de plus de 600 emplois en France alors qu’il dispose de 17,6 milliards d’euros de fonds propres. Entre 2021 et 2024 : 32,6 milliards de dollars de bénéfices ont été dégagés et 13,2 milliards de dollars ont été redistribués aux actionnaires. Le groupe bénéficie par ailleurs de nombreuses aides publiques dans les pays européens et en France le groupe reçoit chaque année depuis dix ans 40 millions d’euros de l’État pour ses activités de recherche et développement grâce au crédit d’impôt recherche. Or la moitié de ces travaux sont destinés à des installations hors de France afin d’investir au Brésil, en Inde…En 2023 au total, l’entreprise a reçu 298 millions d’euros d’aides publiques de l’État, dont 195 pour compenser la hausse du coût de l’énergie. 850 millions d’euros devaient aussi lui être accordés sur le projet de décarbonation à Dunkerque avant sa suspension par le sidérurgiste.
Le capitalisme français, depuis des décennies pille les finances publiques et fait porter la dette de l’État à des niveaux scandaleux. La seule charge de la dette publique, c’est-à-dire le paiement des intérêts, s’élevait à 31 milliards d’euros en 2021, puis à 39 milliards en 2023, 55 milliards en 2025 … près de 80 milliards en 2027. Ainsi, les 40 milliards d’euros de coupes supplémentaires que Bayrou veut infliger, en 2026, ne représenteraient que la moitié des dépenses prévues en 2027, au titre des seuls intérêts sur la dette publique à rembourser. Ces chiffres soulignent le caractère parasitaire du capitalisme.
Macron et Bayrou annoncent des coupes encore plus drastiques.
Ils font face a l’absence d’une majorité parlementaire assez solide pour mettre en œuvre la saignée austéritaire que le Medef réclame. Les députés du PS et du RN veulent bien soutenir à nouveau un budget réactionnaire, mais pas au point "d’y laisser des plumes". Le Pen et Faure agitent la menace d’une censure. Leur mot d’ordre est : « l’austérité, oui, mais pas n’importe laquelle ». Bayrou devra négocier la dose et la forme de sa politique anti-sociale avec les chefs du RN et du PS.
Pour tenter de désamorcer le développement de la lutte des classes, les politiciens et leurs chiens de garde utilisent la diversion massive. Les travailleurs musulmans ou étrangers en sont les victimes permanentes. L’islamophobie alimentée au plus haut niveau de l’État, franchit sans cesse de nouveaux seuils dans l’infâme. Après la finale de foot, Bruno Retailleau ministre de l’Intérieur sur X dénonçait les premiers incidents recensés dans la capitale, d’exactions « de barbares (…) venus commettre des délits et provoquer les forces de l’ordre ».
Lutte des classes
Le meilleur moyen de combattre le racisme est la lutte des classes. C’est l’action commune de tous les travailleurs quelle que soient leur origine et leur religion. Tous on le même ennemi : le capital et ses valets.
La classe ouvrière doit se préparer à de grandes mobilisations. Il n’y a rien de bon à attendre de l’Assemblée nationale, ni des « cellules de crise » et autres « conclaves » dans lesquels se compromettent les dirigeants syndicaux comme le fait la CFDT « en appelant à faire des efforts » Sophie Binet (CGT s’adressant sans cesse à Macron pour lui demander de mener une politique sociale ! Alors qu’il prépare l’austérité, les suppressions d’emplois, les fermetures d’entreprises, la casse des services publics : Rien à discuter mais organiser la riposte
La jeunesse et la classe ouvrière ne se laisseront pas dépouiller sans réagir. La lutte de classe, c’est ce que Macron et le capital craignent. Ils savent que les travailleurs, le peuple, sont le nombre. La lutte unie, résolue est la seule voie qui les fera reculer comme elle a fait reculer leurs prédécesseurs. Pour faire reculer Macron et le capital, il faut cette lutte de plus en plus forte « Tous ensemble, tous ensemble et en même temps !». Il faut aussi, la lutte politique contre le capitalisme pour un changement de société.
Seule une puissante mobilisation dans les rues et les entreprises peut faire obstacle aux nouvelles coupes budgétaires et contre-réformes que préparent Bayrou et le patronat. Seul le développement de puissante grève ouvrira la perspective de renverser le pouvoir aux mains du capital et son remplacement par une société socialiste en arrachant l’appareil productif des mains du capital en le plaçant entre les mains des travailleurs, c’est-à-dire de tous ceux qui produisent les richesses du pays et le font tourner chaque jour.
Cette idée fondamentale doit revenir au centre du combat : abattre le capitalisme tous ensemble pour que ça change(3) !