Gantry 5

 

Dans les campagnes françaises, un agriculteur se suicide tous les deux jours, soit 20 fois plus que les autres secteurs professionnels. Non seulement ce rythme ne faiblit pas malgré de timides mesures de prévention mises en place par la MSA (Mutualité Sociale Agricole) mais la tendance est clairement à la hausse. A l’origine de ces morts violentes, toutes les enquêtes convergent sur la question financière, le surendettement, les prix d’achat des produits agricoles ridiculement bas aux agriculteurs. Sans surprise, les taux les plus élevés se situent dans les secteurs actuellement les plus exposés: le lait, la viande porcine et bovine. Ces drames posent la question pivot de la rémunération du travail des agriculteurs.

Qui rémunère ce travail? Les multinationales de l’agroalimentaire et la grande distribution. C’est là qu’il faut frapper pour rétablir des prix couvrant les frais et le travail des agriculteurs.
Tel était justement l’objectif affiché de la loi agriculture dite loi Egalim. Cette loi, issue des six mois de travaux des EGA ( Etats Généraux de l’Alimentation) vient d’être votée le 2 Octobre, non sans quelques tours de passe-passe permettant de se passer du vote du Sénat. Ce texte a réussi le tour de décevoir – à des degrés divers certes – la totalité des syndicats agricoles même la très officielle et très servile FNSEA. Toutes les organisations de consommateurs aussi.
Par contre, hormis quelques rodomontades médiatiques de Michel Leclerc, les acteurs capitalistes du secteur sont fort satisfaits et pour cause, ils ne pouvaient espérer mieux de ce texte «sur mesure» pour leurs intérêts.
Censée «ramener du revenu aux agriculteurs et porter l’exigence du modèle agricole en prenant en compte les enjeux environnementaux et le bien-être animal » cette loi n’apporte pas le début du commencement d’une garantie d’un revenu décent aux paysans. En réalité, ce n’était nullement le but de ce gouvernement totalement aux ordres du capital.
Tout devait changer dans la construction des prix d’achat aux agriculteurs puisque désormais ce prix devait ne plus être imposé par les grands groupes de la transformation alimentaire ni de la distribution.
Les agriculteurs fixeraient eux-mêmes le prix de vente de leurs produits, base de la construction du prix final. Des indicateurs seraient fournis par l’Observatoire de la formation des prix et des marges. Les grandes surfaces ne pourraient plus vendre à perte les produits de l’agriculture. Les agriculteurs ont pensé qu’ils allaient enfin devenir maîtres de leur production, de leur prix de vente donc de leur avenir. Mais d’amendement en amendement, l’esprit du texte a été rayé d’un trait, au nom du libéralisme – du capitalisme – aucun mécanisme de contrôle voire de coercition ne sera mis en place, l’État se dédouane totalement de son engagement à obtenir des prix justes pour les producteurs et livre ceux-ci aux appétits des grands transformateurs et distributeurs.
L’avenir s’assombrit encore un peu plus et la perspective de la baisse des aides directes de la PAC (Politique Agricole Commune), ne peut que faire redouter de nouvelles vagues de suicides. Surendettés, nombreux aussi sont ceux qui cèdent leurs terres à la finance, tout en conservant le titre d’agriculteur afin de faire rentrer les aides européennes pour leur propriétaire. Ce mouvement accélère la concentration des exploitations, hâte la disparition des fermes familiales et interdit l’accès aux terres de jeunes exploitants indépendants. C’est précisément le but non avoué des directives des capitalistes qui ont dicté cette loi pour le bénéfice exclusif des actionnaires au mépris du travail et des vies des paysans.
Il n’existe qu’une alternative, c’est la lutte sociale avec les consommateurs et la lutte politique avec l’ensemble des travailleurs pour arracher aux capitalistes la propriété des moyens de production et la confier au peuple.

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