Gantry 5

 

La situation en 1944
Depuis le début de 1944, l’appareil d’Etat de Laval et consorts se délite. Les crimes de la Milice ne peuvent rien changer au fait que la police n’est plus sûre, que la gendarmerie n’est plus sûre, que les camps de concentration ne sont plus sûrs pour le service des Allemands. L’ennemi en est réduit à ses seules forces. Et ça se voit à mille indices. Or il n’a pas trop de toutes ses forces pour faire face à l’attaque venue de l’extérieur depuis le débarquement. A partir de cet instant, l’effort des grandes organisations de la Résistance dans la région parisienne est tendu vers un seul but : montrer au peuple qui veut se battre que la bataille est possible !
Comme l’écrit Jacques Duclos[1] : « L’insurrection parisienne n’a nullement été une improvisation : elle a été l’aboutissement d’une longue période de combat mené dans la clandestinité et elle a été le résultat d’une action de masse dans l’organisation et la conduite de laquelle le Parti communiste français a joué un rôle de premier plan. ».
 
Avant l’insurrection
Tout au long des deux mois de juin et juillet 1944, les manifestations vont se multiplier. Elles ébranlent progressivement la masse ardente du peuple parisien. Partant de revendications immédiates les plus sensibles : fermeture des boulangeries, suppression du gaz, etc., les comités des ménagères de « l’Union des Femmes Françaises » organisent des manifestations sur les marchés, autour des mairies. Des délégations sont envoyées auprès des Pouvoirs publics. Chaque fois que c’est possible, la démonstration est appuyée d’une manifestation de rue. Dans le courant de juillet, il y eut ainsi huit grandes manifestations qui groupèrent 10.000 personnes dans six arrondissements ; en banlieue, huit manifestations avec 9.000 personnes dans huit localités différentes. Dans les usines, les mouvements revendicatifs vont jusqu’à l’arrêt du travail. Des grèves éclatent de-ci de-là.
Il faut noter que les formations militaires apparaissent dans ces manifestations comme des éléments d’autodéfense de la manifestation. Groupes de F.T.P. et groupes de la Milice Patriotique encadrent les manifestants, accompagnent les délégations, protègent les diffuseurs de tracts et les orateurs dans les rues ou aux portes des usines. Dans les rues de Paris, les groupes de combat F.T.P. commencent à se montrer avec leurs armes apparentes, bien à la vue, dans la foule. Les Milices Patriotiques voient leurs effectifs monter en flèche. Les enrôlements dans ses groupes de combat prennent un caractère massif. Les organisations de la Jeunesse communiste décident de passer en bloc dans les formations de F.T.P. Toutefois, les armes manquent.
Les récupérations vont leur train dans les rues de Paris. A la matraque, au couteau, les soldats de la Résistance attaquent les bandits hitlériens qu’ils désarment. En quinze jours, des centaines de soldats allemands, individuellement ou en groupes, sont abattus. Du 14 juillet au 14 août, plus de 500 revolvers sont pris à l’ennemi. La compagnie Oradour-sur-Glane et le groupe 14 juillet attaquent à deux reprises des dépôts d’armes de l’occupant et récupèrent fusils, mitraillettes, grenades. Le 5 août, à Persan-Beaumont, 30 colts et 12 fusils sont conquis.
Le 10 août, la grève des cheminots éclate. Surgie à Villeneuve-Saint-Georges, elle gagne les autres gares du réseau sud, puis l’ensemble des réseaux. La grève déclenchée sur des mots d’ordre revendicatifs prend rapidement un caractère insurrectionnel : voies détruites sur des centaines de mètres, attaques contre les détachements de cheminots boches, sabotages étendus. La grève s’étend à d’autres corporations des services publics : postiers, employés du métro. Le 14, la grève générale de la police secoue Paris. Depuis plusieurs jours déjà il était question du désarmement probable de toutes les forces de police et de leur internement. Sur l’ordre du Comité de Libération de la police, les commissariats sont désertés. Il n’y a désormais plus de gardiens de la paix dans les rues de Paris. La plupart des usines sont arrêtées faute d’énergie motrice. Celles qui travaillent encore s’arrêtent l’une après l’autre à l’appel des militants de la CGT illégale. Le 18 au soir, la grève est effective dans toute la région parisienne.
 
Le début de l’insurrection
Le 18, le Comité Parisien de Libération, présidé par l’ouvrier métallurgiste communiste André Tollet, s’est réuni. Des décisions importantes sont prises en vue du déclenchement de l’insurrection nationale. Le texte d’une proclamation à la population est arrêté. Dans la nuit du 18 au 19, les murs de Paris et des localités de la banlieue se couvrent d’affiches qui reprennent les termes d’un appel des élus communistes de la région parisienne au peuple de Paris. Le colonel Rol-Tanguy, FTP, chef régional des F.F.I. de l’Ile-de-France, lance un ordre général d’opérations qui se termine par : « Tous les hommes aptes doivent être incorporés dans les F.F.I., en exécution de l’ordre de mobilisation générale joint, ordre qu’il faut faire imprimer et afficher dans la région PI. La mission des F.F.I. de la région est d’ouvrir la route de Paris aux armées alliées victorieuses et de les y accueillir. ». Cet ordre est valable pour les départements de la Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne et Oise. Il est transmis pour information à toutes les organisations de la Résistance au Comité de libération de la police, aux détachements de la gendarmerie, de la garde républicaine et de la garde mobile.
Dans la matinée du 19 août, des milliers de gardiens de la paix sont rassemblés dans la cour de la Préfecture de police. Vers 10 heures, le colonel Rol-Tanguy arrive à la Préfecture de police. Il entra aussitôt en rapport avec M. Boucher, du Comité de Libération de la Police, et prend avec lui les premières mesures pour garder au mouvement de grève son caractère national de lutte contre l’envahisseur. Décision : tous les gardiens de la paix resteront en civil. Ils porteront le brassard F.F.I. ou C.P.L. (Comité Parisien de Libération). Ils se répartiront en patrouilles multiples. Comme toutes les formations F.F.I., ils reçoivent pour exécution l’ordre général du 19 août. La défense des bâtiments est organisée. Le drapeau français hissé sur la Préfecture et l’Hôtel de Ville.
 
La trêve organisée et dénoncée
Le 20 août alors que la bataille fait rage dans tout Paris et en banlieue, Alexandre Parodi, délégué général du CFLN (Comité Français de Libération Nationale, prédécesseur du Gouvernement Provisoire) en France occupée et Jacques Chaban-Delmas, délégué militaire national (c’est-à-dire représentant militaire du CFLN), négocient une trêve avec le commandant allemand, le général Von Choltitz, par l’intermédiaire du consul de Suède, Nordling. Les représentants de De Gaulle avaient peur à la fois de l’écrasement de l’insurrection, sous-estimant totalement la population en armes, et de la prise de contrôle de Paris par les Communistes.
Beaucoup de FFI et notamment les FTP estiment que cette trêve est un coup de poignard dans le dos, d’autant plus que les Allemands ne la respectent pas. On apprend par le service de Santé des FFI, au matin du 21 que 99 Français ont été tués pour 5 Allemands. En début de soirée du 21, les membres du CNR (Conseil National de la Résistance) votent la dénonciation de la trêve. Immédiatement après, Rol-Tanguy lance l’ordre de dresser les barricades et renouvelle son appel le lendemain. 600 barricades couvrent rapidement la capitale. Il fait même appel au secrétaire du syndicat des terrassiers. Le colonel Rol réalise dans les journées du 20 au 24 août, avec 100 000 hommes placés sous ses ordres, une manœuvre générale libérant les neuf dixièmes de la capitale, aboutissant à l'isolement puis à l'investissement de l'ennemi dans quelques points d'appui.
Après des reconnaissances pour savoir où se trouvent, au plus près, les troupes alliées, Rol-Tanguy envoie en mission son chef d’Etat-Major, le commandant Gallois (issu du mouvement Ceux de la Résistance) en mission pour joindre les Forces alliées et réussit à traverser les lignes et à joindre le général Patton, qui l'envoie auprès du général Bradley, de qui il obtient l'envoi de la Division Leclerc en vue de la Libération de Paris. Mais la chose ne sera pas simple, il faudra l’intervention personnelle de de Gaulle auprès du commandant en chef des troupes alliées, le général Eisenhower pour avoir son feu vert.
 
L’arrivée de la division Leclerc et des Républicains espagnols
Le 22, à 18 heures, le général Bradley transmet enfin au général Leclerc l’ordre d’Eisenhower de foncer sur la capitale. Le lendemain, à 6 heures, les 4 000 véhicules et 200 chars Sherman portant l’insigne de la 2e Division Blindée, dite division Leclerc, qu’il commande (une croix de Lorraine sur une carte de France) se mettent en branle. Le 24 au soir, les soldats doivent être dans la capitale. Mais la résistance allemande est plus forte que prévue. Von Choltitz a placé le gros de ses forces dans la banlieue sud-ouest, pour y freiner les Alliés. C’est là qu’ont lieu, ce 24 août, sous la pluie, les combats les plus durs et les plus meurtriers de la libération de Paris.
Vers 20 heures, à La Croix-de-Berny, Leclerc avise le capitaine Raymond Dronne et lui ordonne de filer sur la ville avec sa compagnie. A bord de sa jeep ornée de l’inscription "Mort aux cons", suivi par 150 hommes, dont une majorité de républicains espagnols, Dronne parcourt la dizaine de kilomètres qui le sépare de Paris. Les premiers détachements de la 9e compagnie entrent dans Paris par la porte d’Italie à 20 h 41, ce 24 août. C’est le char Guadalajara qui franchit le premier les boulevards extérieurs – Guadalajara, du nom d’une victoire républicaine sur les volontaires mussoliniens, alliés de Franco. A 21 h 22, chars et half-tracks se garent place de l’Hôtel-de-Ville. Cent vingt Espagnols et leurs vingt-deux véhicules blindés sont accueillis en libérateurs. Une foule en liesse les entoure. On leur demande s’ils sont américains. On se surprend de les entendre parler en espagnol. Leurs chars portent les noms de batailles de la guerre d’Espagne – Ebro, Teruel, Brunete, Madrid – mais également celui de Don Quijote ou de Durruti, le chef anarchiste. Les défenseurs de l’Hôtel de Ville sont ainsi libérés. Depuis cinq jours, retranchés dans le bâtiment, ils résistaient aux assauts allemands. Les Espagnols installent un canon à l’intérieur de l’édifice : ils le baptisent Abuelo (grand-père). On se congratule en attendant les renforts. Amado Granell, lieutenant de la 9e compagnie, est reçu en compagnie du capitaine Dronne, par des membres du Conseil national de la Résistance, présidé par Georges Bidault.
Le 25 août, sous le soleil, les soldats de la 2e division blindée au complet pénètrent dans Paris, divisés en trois groupements : ceux des colonels Billotte et Dio arrivent par le sud, et celui du colonel Langlade par la porte de Saint-Cloud, à l’ouest. Les hommes de Leclerc ont la lourde tâche de reprendre le contrôle des grands axes et de mener l’assaut contre les points d’appui allemands. Les soldats du Reich sont désormais en infériorité, mais la bataille n’en est pas moins violente et confuse. Les Allemands combattent farouchement, des tireurs isolés ou des petits groupes embusqués (parmi lesquels on trouve des irréductibles de Vichy) sévissent dans les rues. Les soldats français, eux, peuvent compter sur l’appui des FFI. L’ordre du colonel Rol-Tanguy, ce matin-là, spécifie : « Par ordre du général Leclerc, toutes les unités F.F.I. continuent à participer à la lutte contre l’ennemi, en liaison avec sa division. Mission générale : harcèlement de l’ennemi par tous les moyens. Interdire si possible tous ses mouvements dans la ville. ».
 
Bataille finale et libération
Des Républicains espagnols, il y en a aussi parmi les FFI. Les combats achevés à Paris, Rogelio Puerto, avec ses détachements espagnols des FTP, de l’Union nationale espagnole ou du PCE, rallie la caserne de Reuilly – où le responsable de la MOI, Boris Holban, fusionne les brigades d’étrangers au sein d’un bataillon dénommé « Liberté ». On y trouve des Italiens, des Polonais, des Arméniens et des évadés soviétiques. Les Espagnols constituent le plus fort contingent : on en dénombre 500 qui se sont battus dans les rues de Paris, à la Concorde et devant l’Assemblée nationale, place de l’Etoile, à l’hôtel Majestic, siège de la Gestapo, place Saint-Michel, rue des Archives, place de la République… Plusieurs dizaines d’entre eux mourront au cours des affrontements – José Baron, par exemple, organisateur des regroupements de guérilleros en 1944, tombe place de la Concorde.
Au Luxembourg, l’attaque est conduite par le colonel Fabien. Neuf chars, détachés de la division Leclerc, opèrent avec lui. Les blockhaus d’angle sont réduits par l’artillerie et l’assaut se déclenche. Les FTP vont planter le drapeau français sur le Sénat, d’où fut chassé en 1940 par les traîtres de la cinquième colonne, alors dans le gouvernement, notre très cher camarade Marcel Cachin.
Les Allemands combattent farouchement, des tireurs isolés ou des petits groupes embusqués (parmi lesquels on trouve des irréductibles de Vichy) sévissent dans les rues. Les soldats français, eux, peuvent compter sur l’appui de FFI. Comme en banlieue, la liesse populaire se mêle à la bataille. On compte les avancées et les prises des principaux "symboles" : vers midi, le drapeau tricolore flotte sur la tour Eiffel, et à 13 heures, sous l’arc de Triomphe. Leclerc, lui, rentre à bord de son scout car (un gros véhicule blindé) par la porte d’Orléans, où Chaban-Delmas vient l’accueillir. C’est la première fois que les deux hommes se rencontrent.
Leclerc établit son poste de commandement dans le quartier, à la gare Montparnasse, sur une table face aux quais. Sa priorité : la reddition de von Choltitz. A 10 heures, celui-ci reçoit un ultimatum qui lui est remis par le consul de Suède. Le commandant allemand a compris qu’il n’est plus en position de force. Sa situation est critique : il ne contrôle plus qu’un périmètre resserré autour de la Concorde, le reste de son armée étant désorganisé et injoignable. Mais il ne répond pas à l’ultimatum.
Face à l’absence de réponse à l’ultimatum, les Français lancent donc l’attaque contre l’hôtel Meurice vers 13 heures et brisent rapidement les défenses allemandes. Une heure quarante- cinq plus tard, ils débarquent dans le bureau de von Choltitz, qui se rend avec une dizaine de ses officiers. Le général en déroute est mené à la préfecture de police où Leclerc le reçoit dans la salle de billard, entouré de Chaban-Delmas, Rol-Tanguy, Kriegel-Valrimont (l’un des chefs du Comac, le Comité d’action militaire dont dépendent les FFI), le colonel Billotte et quelques autres.
Blême, von Choltitz signe l’acte de reddition. Sur l’insistance de Kriegel-Valrimont, l’acte est signé, côté Français par Rol-Tanguy, aux côtés de Leclerc.
 
Les derniers combats : la caserne Prinz Eugen
La place de la République avait été transformée par les Allemands en un véritable camp retranché qui paraissait imprenable. La caserne Prinz Eugen, puissamment fortifiée, contenait plus de mille hommes de troupe. La défense de la place comprenait : sur la place, deux canons de 77 antiaériens, cinq canons de 25 antichars, sept à huit mitrailleuses ; et pour la caserne, quatre batteries, sous casemates bétonnées à ras du sol, contenant chacune trois mitrailleuses lourdes jumelées; deux batteries de mitrailleuses lourdes situées au premier étage, sous casemate; une sur la façade donnant sur la place, l’autre sur la façade donnant derrière la place ; enfin, aux abords de la caserne et dans tout le pâté de maisons l’entourant se trouvaient plusieurs nids de mitrailleuses. Ces défenses prenaient sous leur feu toutes les voies aboutissant à la place, et ceci sur une très grande longueur. L’état-major de la XIIe région des FTPF avait décidé d’emporter d’assaut la place de la République et la caserne Prinz Eugen.
Dans une première étape, il fut procédé à l’investissement de la place par la construction de barricades puissantes. Les combats furent acharnés toute la journée du 24 août. Dans la nuit du 24 au 25 août, l’état-major de la XIIe région des FTPF décide l’attaque générale. Appel est lancé à la Milice Patriotique du XIe arrondissement, à tous les FTP de la XIIe région, à des détachements des FTP de Montreuil, de Bagnolet. Sont venus se joindre à des FTP, à des moments différents de combat, d’autres formations des FFI, le groupe Armor, un détachement du 1er régiment de France, le groupe PH 35 de Montrouge, démontrant ainsi la solidarité et l’union, de toutes les forces françaises et des unités de la MOI contre l’ennemi commun.
Le 25 août, vers 17h45, les Allemands tirent d’une façon moins continue. La place est pratiquement nettoyée. Seuls les blockhaus de la caserne Prinz Eugen répondent encore. Les drapeaux blancs apparaissent aux fenêtres de la caserne. Les hommes vont de l’avant, et l’ennemi en profite pour les accueillir par des rafales des mitrailleuses. Les FFI ripostent en tirant sur les fenêtres de la caserne et, dans un élan irrésistible, traversent la place et s’emparent de la position. Les hommes de la compagnie Saint-Just sont les premiers à pénétrer dans le dernier bastion de la résistance allemande à Paris, au moment même où les avertisseurs de police annoncent la capitulation du commandement allemand dans Paris.
 
Que retenir ?
D’abord qu’il n’y a pas eu de miracle de l’insurrection parisienne. Il y a eu des efforts patients, tenaces, d’organisation, une technique bien adaptée à une forme nouvelle de la guerre et un commandement qui s’était attaché à résoudre préalablement les problèmes politiques de la guerre ; qui ajustait étroitement les données simplement militaires aux données politiques en tenant compte de leur réaction réciproque. Ces jeunes officiers, pourtant, n’avaient pas suivi les cours de l’Ecole de guerre. Mais ils avaient pour eux l’enseignement de trois années de guerre qui leur appartenaient en propre. Combattants FTPF, compagnons des héros qui avaient au prix du sang forgé les éléments d’une doctrine de guerre dans laquelle les masses populaires joueraient un jour le rôle essentiel, ils s’étaient préparés avec ardeur à cette heure tant attendue.
Rol-Tanguy, avec ses camarades, avait réfléchi sur les conditions dans lesquelles l’occupation du terrain par les FFI s’était faite depuis le 6 juin et immédiatement avant en diverses provinces de France, Ils avaient soigneusement pesé les conséquences de ces terribles raids punitifs des bandes nazies encore maîtresses de leurs mouvements, et ils en avaient tiré cette conclusion. Pour avoir toute leur portée, les opérations de ce type doivent recueillir le soutien actif des populations. L’intervention des masses dans la bataille peut être décisive, mais elle ne saurait être spontanée. Il faut la préparer. Elle ne peut se déclencher qu’à partir du moment où le rapport des forces lui sera favorable, puisqu’il s’agit pour elles non d’un combat désespéré, mais d’une victoire à gagner. Il semble que ce soient là des vérités toutes simples, mais, si l’on se reporte à l’exemple tragique de l’insurrection varsovienne voulue par des aventuriers de la politique, on mesurera mieux le terrible danger auquel Paris a échappé. 
Malgré tous les obstacles, et la trêve ne fut pas le moindre, la tactique de la population en armes a payé, celle de l’union de toutes les forces patriotiques, aussi, car, de chef FTP, Rol-Tanguy est devenu chef FFI, Il savait le prix de l’unité nécessaire de toutes les forces de la Résistance. Il savait que cette union est la condition première de la victoire, et il s’y est accroché de toutes ses forces, comme il s’est accroché à Paris. Pourtant la tâche ne lui fut pas facile. Il s’est appliqué honnêtement à traduire en actes la politique définie par le chef du Gouvernement provisoire de la République. Il s’est appliqué de son mieux à donner vie au programme d’action du Conseil National de la Résistance.
La classe ouvrière, organisée dans les FTP, ou les rejoignant au moment de la lutte décisive a joué un rôle essentiel dans la libération de Paris, avec son parti, le PCF et ses alliés des autres mouvements de Résistance et les soldats de la division Leclerc. Rappelons aussi le rôle de tous les étrangers, notamment les Espagnols, qu’ils soient engagés dans la MOI ou dans la 2ème division blindée. La libération de Paris fut un symbole et un événement fort, qui écarta définitivement le risque de voir un nouvel occupant diriger la France : les USA. Tout le plan de Roosevelt, avec ses AMGOT (territoires sous gouvernement militaire US, mis en place en Italie) a volé en éclat devant la place essentielle qu’a prise la Résistance dans la libération de la France.
Pour le Parti Révolutionnaire Communistes, il faut se souvenir de ce que peuvent faire les prolétaires, avec leur Parti communiste, pour la défense de la patrie comme pour la conquête d’acquis sociaux. La libération de Paris est bien la preuve qu’un peuple uni et armé est inarrêtable et que ce ne sont pas les soldats US tous seuls qui nous ont libéré du nazisme.
Dans son poème Richard II Quarante, au moment de la débâcle, au fond du trou, Louis Aragon termine par cette strophe : « 
Il est un temps pour la souffrance.
Quand Jeanne vint à Vaucouleurs,
Ah ! Coupez en morceaux la France,
Le ciel avait cette pâleur. »
Dans ce temps où le Grand Capital domine à outrance, l’espoir est toujours là, dans des conditions différentes, bien sûr, les prolétaires de 2024 n’ont qu’un seul chemin, le même que ceux de 1944, celui de la lutte des classes, avec leur parti, le Parti Révolutionnaire Communistes.
[1] Jacques Duclos (1896 – 1975), membre du bureau politique et du secrétariat du comité central du Parti Communiste Français fut le principal dirigeant du PCF clandestin pendant la période de la Résistance.
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