N° 875 29/05/2024 Le débat Attal Bardella a été présenté comme un point d'orgue de la campagne pour les élections européennes. Comme il apparaît à priori curieux qu'un premier Ministre en exercice et qui n'est pas de surcroit candidat à ces élections débatte avec celui qui mène la liste la mieux placé dans les sondages, il est possible de se poser la question : quel est le sens de ce débat voulu par le pouvoir et donc par Macron lui-même et qui met sur le même pieds un premier Ministre et un dirigeant de parti en faisant son égal ?
À nos yeux la réponse qui s'impose est simple. Elle affirme que les classes dirigeantes officialisent ainsi l'existence d'un duopole entre les deux figures montantes de la vie politique française que le journaliste Franz Olivier Giesbert décrit sur C-news avec enthousiasme comme : " les deux meilleurs dans leur génération" Tandis qu'un animateur d'Europe 1 y voit : " les deux grandes figures de la vie politique française", tandis que d'autres commentateurs de l'espace médiatique du capital y voient des "surdoués de la politique " gratifiant le RN d'être : " une alternative crédible et acceptable".
La mise en place de ce duopole n'est pas nouvelle et elle vient de loin. Déjà, dans les années 1980, F. Mitterrand en ouvrant largement les media publics à Jean Marie le Pen fondateur du FN ancètre du RN avait compris tout le bénéfice qu'il pouvait tirer d'une force politique à l'aspect contestataire et antisystème travaillant à diviser les travailleurs en opposant les français des immigrés. Ces successeurs ont continué dans cette voie. Tant que l'alternance gauche-droite a pu fonctionner pour intégrer plus profondément le capitalisme français dans la mondialisation en liquidant les conquêtes sociales, le FN a pu jouer ce rôle d'absorption du mécontentement généré par des politiques de plus en plus antisociales et donc des difficultés de plus en plus grande pour les travailleurs, mais aussi pour des fractions de la moyenne bourgeoisie percutées par les transformations d'un capitalisme monopoliste dominant.
L'effondrement des deux partenaires principaux dans la mise en œuvre de politiques favorables aux capitalistes, le PS et la droite (aujourd'hui LR), a permis la prise de pouvoir par Macron et son ni gauche ni droite. Aujourd'hui, cette formule est a bout de souffle, ce qu'on mis en évidence des mouvements de luttes importants avec la révolte des Gilets jaunes et la lute contre la réforme des retraites.
C'est là que le RN ripoliné devient l'alternative pour rassembler sur la base du mécontentement, quand toutes les autres formations ont tout à tour trempées dans les pouvoir, une majorité permettant, au nom du réalisme, d'accélérer et d'approfondir la liquidation des conquêtes sociales tout en restant un ferme support dans l'alliance impérialiste dominée par les États-Unis qu'est l'OTAN. Sur les deux terrains le RN a déjà donné les gages nécessaires. Les patronats grands et petits l'ont adoubé et si le RN pousse encore la chansonnette contre les technocrates de Bruxelles, il ne remet pas en cause fondamentalement la construction de l'ensemble impérialiste qu'est l'Europe. La cousine italienne Meloni a d'ailleurs de ce point de vue ouvert la voie et roule la mano en la mano avec les dirigeants de l'Union Européenne.
Cette situation d'une victoire possible du RN inquiète les travailleurs et les démocrates. Pour faire face à cette nouvelle mouture du pouvoir du capital, peut-on s'inscrire dans la problématique gauche-droite ? À gauche, la bataille du leader-ship est féroce mais ne peut mener qu'à un ripolinage de la social-démocratie pour une fois de plus tromper les travailleurs, Quant à la droite, elle suce la roue du RN en espérant que son usure la remettra en selle. Il n'y a rien à attendre de tout cela pas plus que d'un rassemblement anti-RN au nom de la lutte anti-fasciste. La seule voie difficile mais efficace, c'est celle de la construction d'un parti révolutionnaire de lutte de classe capable par ses analyses et son organisation de mener le combat pour le renversement révolutionnaire du capitalisme et ouvrant la voie vers une société socialiste. C'est ce combat que nous menons avec le Parti Révolutionnaire Communistes. Partagez-le avec nous !