N° 796 24/11/2022 Macron suit la feuille de route tracée par le capital en respectant le rythme qu’il lui a fixé. E. Borne fait passer à coup de 49-3 le Projet de Budget pour 2023 et celui du financement de la Sécurité Sociale.
Le Fonds Monétaire International (FMI) dans son rapport annuel consacré à la France incitent le gouvernement à accélérer le rythme de réduction des dépenses publiques, des réformes « structurelles » de l’assurance chômage, des retraites, de l’éducation nationale, à « rationaliser » les effectifs de la fonction publique, etc… toutes recommandations déjà en œuvre dans le programme de Macron et de son gouvernement.
Le 15 novembre la réforme de l’assurance chômage a été voté, sans coup férir par 210 voix pour et 140 contre, les syndicats dénoncent une réforme scandaleuse, les représentants des cinq confédérations ont réaffirmé leur totale opposition à la réforme de l’assurance chômage lors de la dernière séance de concertation de lundi.
Les chômeurs perdent sur toute la ligne, le patronat est gagnant, Dussopt l’a clairement dit « [la réforme] permet d’apporter une réponse efficace aux difficultés de recrutement des entreprises », elle a en plus l’avantage de réaliser plusieurs milliards d’économie, l'Unédic, qui gère le régime d'assurance chômage, prévoit un excédent de 4,4 milliards d'euros en 2022, un solde positif de +4,2 milliards en 2023 et 2024. La hausse des recettes du régime d'assurance chômage s'élèverait à 44 milliards en 2022, 45,2 milliards en 2023 et 46,8 milliards en 2024, selon les projections chiffrées de l’Unédic, en 2025 la France compterait mécaniquement 300 000 chômeurs indemnisés de moins.
A peine sorti de la réforme de l’assurance chômage, Dussopt, ministre du travail, est chargé de mettre en musique la partition écrite par Macron pour la réforme des retraites.
Ils veulent moduler au gré des objectifs de rentabilité du capital l’assurance chômage, l’âge de départ à la retraite, le montant des pensions. Réformer l’assurance chômage, les retraites, c’est s’attaquer à des conquêtes sociales du monde du travail contre le capital. La protection sociale est un enjeu permanent d’affrontement de classes, le MEDEF et le gouvernement veulent liquider l’ensemble des acquis sociaux imposés au capitalisme par les luttes. La régression sociale ne se négocie pas, elle se combat.
Faire payer le peuple, c’est la logique du capitalisme.
Avec l’inflation, l’augmentation des loyers, des prix de l’énergie, le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire augmente, la pauvreté explose. En 2021, 2 à 4 millions de personnes avaient recours à l’aide alimentaire La Direction générale de la cohésion sociale estime que 7 millions de personnes sont aujourd’hui en situation de précarité alimentaire, 60% d’entre eux vivent dans l’extrême pauvreté - c’est-à-dire avec la moitié du seuil de pauvreté, soit 551 euros. Dans le budget des Français, l’alimentation arrive en troisième position, après le logement et l'énergie, postes incompressibles, « pour les 20 % des ménages les plus modestes en France, la nourriture, c’est 35 % du budget1 » . Selon l’Insee, les trois quarts des personnes demandant de l’aide sont des femmes, 40 % d’entre elles élevant seule un ou plusieurs enfants, 20% sont des jeunes entre 15 et 25 ans, « Les Restos du cœur » enregistrent une hausse de 25% du nombre d’enfants. Selon l’Insee, un tiers des bénéficiaires de l’aide alimentaire (32%) « déclarent se coucher souvent en ayant faim ». Les deux tiers de ceux qui ont des enfants déclarent réduire régulièrement leur part au profit de leurs enfants.
Si l’augmentation des prix est une réalité, les prestations sociales et les salaires eux n’augmentent pas, les revenus réels baissent, des milliers de personnes sont jetées dans la précarité, dans la misère.
Cette situation est la même non seulement en Europe mais aussi dans le monde. David Beasley, directeur du Programme alimentaire mondial, alerte les dirigeant mondiaux sur la menace de famine concernant des centaines de millions de personnes. Le nombre de personnes au bord de la famine s’élève actuellement à 345 millions.
Pendant la même période les dividendes atteignent des records historiques. Janus Henderson2 à réviser à la hausse ses prévisions de 30 milliards de dollars pour la fin de l'année. Elle s'attend désormais à ce que les actionnaires des grandes sociétés cotées perçoivent un montant record de 1.560 milliards de dollars sur l'ensemble de 2022.
C’est aux milliardaires de payer les conséquences de la crise dont ils sont responsables. Ce ne sont seulement des augmentations de salaires, des prestations sociales, des Bourse, des pensions qu’il faut exiger, c’est de la totalité des dividendes dont il faut s’emparer.
Les luttes se développent en Europe et dans le monde3 de plus en plus fortes, de plus en plus dures, de plus en plus longues, pour des augmentations de salaires, pour des embauches, pour l’amélioration des conditions de travail, contre l’augmentation des prix.
Seule la lutte les fera plier. Le capitalisme est l’entrave au développement de la société, il ne se développe qu’en exploitant les peuples toujours davantage. Il faut le détruire et le remplacer par une société nouvelle qui réponde aux besoins de tous : le socialisme. Pas d’autre solution possible.
1 Thierry Pouch, économiste des Chambres d’agriculture.
2 Janus Henderson est un groupe de gestion d'actifs mondial anglo-américain
3 Cf. hebdo n° 796, Là et ailleurs.