N° 795 17/11/2022 Le gouvernement veut aller vite et avancer au pas de charge pour imposer les réformes inscrites au programme du capital que Macron suit à la lettre : à l’agenda de cette semaine : la réforme de l’assurance chômage, la réforme des retraites, Prime de Partage de la Valeur » (PPV), etc.
Réforme assurance chômage (1). Mardi, les députés ont voté majoritairement en faveur du Projet de loi pour réformer l’assurance-chômage. La durée des indemnisations pourrait baisser de 15 à 25 % pour tous dès 2023, un abandon de poste sera considéré comme une démission. Le gouvernement a toute liberté pour décider, par décret, du mode de calcul du montant et de la durée d’indemnisation.
« Durcir les règles de l’assurance chômage pour arriver au pleine emploi » c’est le leitmotiv de Macron, de Le Maire, de Dussopt. Il suffit de comparer le nombre d’emplois disponibles et le nombre de chômeurs, pour démonter leur affirmation. Les chiffres donnés par la Dares(2) pour le second trimestre indiquent qu’« il y avait 362 800 emplois vacants pour 5 152 100 personnes inscrites à Pole emploi », chiffres auxquels il faut ajouter 1,9 millions de personnes qui ne sont pas indemnisées, on est très loin du « plein emploi » de Macron. L’objectif de la réforme de l’assurance chômage c’est de faire 6 à 8 milliards d’économies, d’adapter son fonctionnement aux exigences du marché du travail, de contraindre les chômeurs à accepter n’importe quel emploi alimentaire, de mettre à la disposition du patronat une main-d’œuvre sous payée. Le chômage est inhérent au mode de production capitaliste, un des éléments de surexploitation des travailleurs qui lui permet de gonfler ses profits.
Réforme des retraites Le Sénat a fait le forcing et a mis un coup de pression sur le gouvernement en votant un amendement au projet de loi de finance de la sécurité sociale qui prévoit une accélération la réforme Touraine et propose d’allonger la durée de cotisation, et le report à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite. Propositions qui sont la copie conforme du programme de Macron rappelé par la première ministre mardi, devant l’Assemblée nationale « Je vous le confirme, il y aura une réforme des retraites. Et oui cette réforme entrera en vigueur à l’été 2023… pour assurer l’équilibre des régimes de retraite, nous allons devoir travailler un peu plus longtemps ». Le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans générerait 10 milliards d’économies par an. Des économies qui permettront de financer des mesures voulues par l'exécutif comme la baisse des impôts de production, la transition écologique, etc… 66% des français sont contre le projet de réforme des retraites du gouvernement et 48% sont tout à fait contre. Ce qui explique la prudence du gouvernement, qui a abandonné le passage en force de la réforme en l’intégrant au projet de loi de financement de la sécurité sociale, et en organisant trois cycle de « concertation » sur la réforme des retraites avec le ministre du travail Dussopt et le Medef, la CPME et l'U2P, côté patronal, et les confédérations syndicales CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, ainsi que l’UNSA, la FSU, et le FNSEA. En espérant trouver des compromis dans la crainte de voir se renouveler les luttes de 2019 dans un contexte où les mouvements sociaux se multiplient pour les augmentations de salaires.
Prime de partage de la valeur ajoutée La semaine dernière à la demande de l'exécutif, les trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P) et les cinq confédérations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC) se sont retrouvées au siège du Medef, pour ouvrir une négociation interprofessionnelle afin d'établir le calendrier de négociations sur le partage de la valeur, la phase de discussion commencera le 21 novembre. Bruno Le Maire avait affirmé que « le meilleur partage de la valeur doit être le grand chantier de la majorité » ajoutant que « le dividende salarié, c'est le profit de tous ». Avec la flambée des prix de l’énergie, le coût du carburant qui augmente, la valses des étiquettes de l’alimentation, les journées de manifestations et de grèves qui ont pour mot d’ordre la hausse des salaires, ce n’est pas de cela dont il s’agit mais bien d’un ensemble de mesures qui ne touche pas fondamentalement au prix de la force de travail et qui sont camouflées sous le terme de rémunérations. Depuis le début de la crise de l’énergie, les entreprises ont répercuté les hausses sur les prix sans rogner sur leurs marges et les augmentations de salaires en moyenne n’ont pas dépassé 3,7%. La seule réponse à la pression qui monte, la colère qui grandit, à l’inquiétude des fins de mois qui se termine le 15, la seule réponse du gouvernement est de rebaptiser la « Prime Macron » en « Prime de Partage de la Valeur ». Il ne calmera pas la colère par des mesures dictées par le capital et négociées avec les syndicats de collaboration de classe. Ce n’est pas dans les salons du Medef, ni dans les séances de l’Assemblé nationale que l’on obtiendra une augmentation des salaires, des pensions, des bourses, mais dans la lutte économique sociale et politique contre le capital pour lui prendre l’argent qu’il vole aux travailleurs seuls créateurs de richesses
De l’argent il y en a. Selon le rapport trimestriel de Janus Henderson publié le 16 novembre, la crise énergétique a entraîné une forte hausse des dividendes au cours du troisième trimestre. La hausse des dividendes pétroliers a entraîné une augmentation de 7% des dividendes mondiaux, qui ont atteint 415,9 milliards de dollars, un record pour le troisième trimestre. Pour l'ensemble de l'année, Janus Henderson prévoit que les dividendes atteindront 1.560 milliards de dollars dans le monde, représentant une hausse de 8,3% par rapport au record de 2021. « En France, les dividendes ont atteint un montant record de 57,5 milliards d'euros en 2021 et l'année en cours s'annonce aussi généreuse ».
Selon les Nations Unies, 10 % de la population mondiale, soit 734 millions de personnes, vivent encore aujourd'hui dans l'extrême pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 1,90 dollar par jour.
L’enjeu de la riposte c’est de mettre la lutte des classes au centre de l’activité politique Ce sont les travailleurs qui créent toutes les richesses dont les capitalistes s’accaparent, seules les luttes permettront de créer un rapport de force qui permettra de s’en emparer pour qu’elles profitent à tous, plutôt qu’à une minorité d’exploiteurs.
Combattre l’hégémonie économique et idéologique du capital sur la société pour construire une société dans laquelle les hommes et les femmes cesseront d’être exploités, voilà l’enjeu du combat de classe.
(1) Cf. Rapport du Comité National du 24 septembre 2022
(2) .Direction de l’animation de la recherche et des études statistiques