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776-07/07/2022  Au terme d’un discours de politique générale de 90 minutes devant l’Assemblée nationale, la Première ministre a déroulé la méthode et les priorités de son gouvernement.

Une prise de parole sans grande surprise au niveau économique : Élisabeth Borne a repris les grandes lignes du programme présidentiel fixé par le patronat : accélérer les réformes capitalistes.
*Mettre à disposition du patronat une main d’œuvre "bon marché" et flexible en baissant les indemnités chômage. C'est le sens de la transformation de Pôle emploi en "France Travail", et de la réforme du RSA. Au niveau de l’enseignement, l’objectif des "prochaines années" est de "former un million de jeunes dans les métiers d’avenir, dont la moitié dans le numérique". Un décret du 29 juin confirme que les employeurs recrutant des apprentis et des salariés peuvent continuer à bénéficier d’une subvention de l’État de 5.000 euros pour les moins de 18 ans ou de 8.000 euros, si plus de 18 ans : un cadeau de 5,2 milliards d’euros d’aides versés aux employeurs ; en 2021, au premier semestre, plus de 870.000 personnes étaient en contrat d’apprentissage dans le secteur privé,
*Une baisse des impôts de production, cette suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) devrait représenter un cadeau de près de 8 milliards d’euros pour les entreprises.
* Une "nouvelle loi de programmation militaire", sera mise en œuvre pour l’industrie de la défense (hebdo 775), de grands profits en perspective…
*La réforme des retraites n’est pas enterrée : "Oui, nous devrons travailler progressivement un peu plus longtemps."
* Nationalisation d’EDF : pour mieux la privatiser, la dépecer.
Élisabeth Borne a insisté, tout au long de son propos, sur sa volonté de "bâtir ensemble". C’est-à-dire associer "plus que jamais" les partenaires sociaux aux futures réformes, mais aussi trouver "des majorités de projet", texte par texte, dans l’hémicycle.
Pour LR , son Président, Olivier Marleix l’objectif est de se maintenir coûte que coûte dans l’opposition : « le devoir de rester une alternative aux Français », tout en restant ouvert à un soutien sur certains textes. Ni "compromission" avec le gouvernement, ni "blocage stérile" et surtout un appui aux exigences du patronat!
La majorité envisage une alliance avec le Rassemblement National qui se dit prêts à voter le texte sur le pouvoir d'achat, comme de nouvelles mesures autoritaires et liberticides par exemple : « un texte qui permette d’expulser plus facilement les délinquants étrangers ». C'est ce que rapporte L’Express. Le RN peaufine désormais son rôle « d’opposition constructive » comme l’indiquait Marine Le Pen. Eric Coquerel (NUPES) au poste de président de la Commission des finances a rassuré « je compte aussi faire en sorte que cette commission continue d’être un lieu où on débat plus du fond que de forme ou du buzz » il a réfuté toute « chasse aux sorcières » en référence à la lutte contre l’évasion fiscale… Tous donnent des gages au patronat.
La macronie cherche à incarner son « gouvernement d'action » autour de la « Loi pour le pouvoir d'achat ». Elle est présentée ce 7 juillet au Parlement. Les mesures annoncées ne promettent que des miettes, pour calmer la colère sans toucher aux profits du patronat.
La liste annoncée par le gouvernement est bien loin du compte. Parmi les mesures annoncées figurent la revalorisation des prestations sociales de 4%, des prestations versées par la CAF à hauteur de 5%, des allocations au logement à 3,5% (assorties d’une « limitation » de la hausse des loyers à 3,5%), du point d’indice des fonctionnaires à hauteur de 3,5%, auxquelles s’ajoutent la prolongation du bouclier tarifaire sur l’énergie et un « chèque alimentation » d’un montant de 100 € versé à 9 millions de foyers. Le "prime transport" assouplie, les règles de l’intéressement simplifiées. Les entreprises, le dernier exemple en est la SNCF, s'appuient sur cette politique pour limiter les hausses de salaires et organiser ainsi la baisse du prix de la force de travail.
Ces revalorisations ne couvrent même pas l’inflation annuelle ; en juin, estimée à 5,8%, elle devrait atteindre les 7% à la fin de l’année, ce qui se traduit en une perte de salaire réel soit une diminution du niveau de vie pour les travailleurs. Le gouvernement annonce garantir le pouvoir d’achat pour les fonctionnaires ; la réalité c’est une baisse réelle de traitement de 2,25 à 3,75% qu’acte le gouvernement après une baisse de 18% en dix ans. D’après les chiffres cités par Les Échos, 7 branches professionnelles sur 10 comptaient, au 17 juin, au moins un coefficient inférieur au salaire minimum dans leurs grilles de rémunération…
La logique de ce projet de loi : avancer quelques mesures palliatives, très ponctuelles et limitées dans le temps, sans toucher aux salaires. Un moyen de préserver en totalité les profits des entreprises, d’ailleurs records cette année pour un grand nombre d’entre elles. TotalEnergies a réalisé 16 milliards de profits en 2021 et déjà 5 milliards sur le premier trimestre 2022. Engie a engrangé des profits records de 3,7 milliards l’an dernier. Le logisticien CGA-CGM, (transporteur de conteneurs) a fait 18 milliards de profits en 2021 et en a déjà encaissé 7,2 milliards au premier trimestre 2022…. Que ce soit les céréaliers, les fabricants d’acier et de béton ou encore les multinationales pétrolières, les laboratoires, l’automobile…. tous voient leurs profits exploser.
La colère se cristallise de plus en plus sur la question des salaires, pour lesquels les grèves se multiplient.
La vague de grèves pour les salaires touche entreprise par entreprise de nombreux secteurs, à l’image du secteur aéroportuaire, de l’énergie, des services précarisés, SNCF, Hôpital public,…elle témoigne bien de la question centrale des salaires et de la nécessité vitale de leurs augmentations.
Ce n'est pas dans les couloirs de l'assemblée que nous aurons satisfaction! Seul le rapport de force, par la lutte, les manifestations permettra d’arracher ces mesures d’urgence. Dans une note de son blog, Jean-Luc Mélenchon fixe le cap stratégique après les législatives : attendre les prochaines élections, en pariant dans le meilleur des cas sur une dissolution de l’Assemblée dans quelques mois ou quelques années. La NUPES commence sa « guérilla parlementaire » autour de ses propositions sur le pouvoir d’achat, cette réponse institutionnelle laisse à penser que la perspective législative est le seul moyen de lutter contre la politique du capital. Ce n'est pas notre point de vue!
C’est sur le terrain de la lutte des classes, en s’affrontant au patronat et au gouvernement que l’on obtiendra satisfaction. L’heure est plus encore à la construction de luttes convergentes, d’un "tous ensemble" pour un grand mouvement sur les salaires, les conditions de travail. Les augmentations de salaires ne peuvent être arrachées que par les lutte ; les salaires doivent être payés sur les profits des entreprises. Ce n’est pas par décret, par des amendements, des discussions à l’Assemblée Nationale qu’on impose des avancées sociales. Ce sont les luttes massives, déterminées et elles seules qui imposeront les conquêtes sociales... La lutte sociale et la lutte politique sont indissociables pour créer un rapport de force en faveur des travailleurs et du peuple, pour lutter contre le capital jusqu’à l’abattre, changer radicalement de politique et construire une société enfin débarrassée de l’exploitation capitaliste.
C’est ce combat que le Parti Révolutionnaire Communistes vous propose. Rejoignez ce combat.

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