Gantry 5

 

     Depuis plusieurs mois les personnels médicaux et paramédicaux des services d’urgence des hôpitaux sont en grèves illimitées contre la dégradation des conditions de travail, pour la création de postes, contre la politique du gouvernement qui livre les urgences aux cliniques privées. Le nombre des urgences en grève ne cesse d’augmenter et aujourd’hui c’est plus de 70 services qui sont en lutte dans toute la France.
     Un urgentiste du CHU de Nantes nous a fait part de son point de vue. Extraits :

« Dans tous les services, les revendications portent sur : des recrutements de personnels médicaux et paramédicaux à la hauteur des besoins, une reconnaissance financière, des lits d’hospitalisation en nombre suffisant pour poursuivre les soins dans un service adapté.
Les urgences ne sont que la partie immergée de l’iceberg et constituent le symptôme d’une structure qui va mal avec un accueil qui se dégrade faute de personnels et de lits en nombre suffisants. La logique comptable, l'efficience budgétaire, a au fil des années, supplantées les valeurs de l'hôpital public. Depuis que nos politiques ont mis le nez dans le fonctionnement de la sécurité sociale, en fait. […] 30 années de déconstruction, savamment organisé par nos gouvernements successifs, quel que soit leur étiquette. Une politique au service de qui ?
     L’hôpital devient un centre de "producteur de soins", où tout doit être "coté", pour adapter les recettes à l'activité. Les cliniques ont très bien compris, ce système, en se concentrant sur les activités rentables, efficientes, elles abandonnent la permanence des soins, les "mauvais-patients", ceux non lucratifs au service public. […].
Le système est à bout de souffle, se morcèle de toute part. Pourtant, les chiffres sont clairs : en aval, les recours aux urgences ont doublé en l'espace de 20 ans, avec 21.2 millions de recours aux urgences en 2016. En amont, 100 000 lits d'hospitalisation ont été fermés sur 20 ans. Vous appelez ça un progrès ?
     Mme Buzyn à l'arrogance de prétendre que son projet de loi "Ma Santé 2022" résoudra les problèmes, via l'implication des médecins libéraux et la suppression du numérus clausus. Mais vaste blague, Mme Buzyn ! A aucun moment n'est abordée la problématique des lits, dont les suppressions ne font que se poursuivre. Le rouleau compresseur continue dans sa lancée... Et les soignants s'épuisent. Durée de vie professionnelle d'un urgentiste : 10 ans. Pour un infirmier : 7 ans. Qui peut encore croire que notre système de santé se porte bien ?
     La vraie réflexion à engager, c'est celle du financement des hôpitaux publics, de la permanence des soins, d'un accueil hospitalier à la hauteur de notre démographie.
Madame Buzyn, dans l'intérêt de notre population, voulez-vous qu'on continue à soigner ? A accueillir ? A remplir notre mission ? Alors écoutez-nous. Et répondez à nos demandes. (Florian Vivrel "Jeune" urgentiste à Nantes et Saint-Nazaire)

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