N° 807 07/02/2023 Alors que la guerre en Algérie arrive à son terme du fait de la victoire du peuple algérien sur l'impérialisme français qui l'a contraint à accepter l'indépendance1 , les partisans de l'Algérie française font tout pour empêcher ce processus et sèment la terreur fasciste sur le territoire algérien et français.
Sous le couvert de l'Organisation de l'Armée Secrète (OAS), ces factieux assassinent en Algérie et en France des algériens et des français luttant pour l'indépendance de l'Algérie.
Le 7 février 1962, une charge de plastic est déposée sur un rebord de fenêtre au domicile du ministre des Affaires culturelles, André Malraux.
Des éclats de verre blessent cruellement une fillette de quatre ans, Delphine Renard. L'émotion est immense et les syndicats2 , soutenus par le PCF et le PSU appellent les citoyens à se rassembler place de la Bastille, à Paris, dès le lendemain soir, jeudi 8 février 1962.
La manifestation est interdite par le Ministre de l'intérieur Roger Frey et c'est le préfet de police Maurice Papon3 , qui s'est déjà illustré dans la répression sauvage d'une manifestation d'algériens du 17 octobre 1961 qui organise la répression de la manifestation.
Le bilan est terrible, on dénombre huit victimes. Certaines sont mortes étouffées ; dans d'autres cas, le décès est dû à des fractures du crâne sous l'effet de coups de matraque reçus. Ce sera encore la cause d'un neuvième décès, intervenu, plusieurs mois plus tard, à l'hôpital, des suites de ces blessures. Toutes les victimes étaient syndiquées à la CGT et, à une exception près, membres du Parti communiste :
• Jean-Pierre Bernard, 30 ans, dessinateur aux PTT ;
• Fanny Dewerpe 31 ans, secrétaire ;
• Daniel Féry, 15 ans, apprenti ;
• Anne-Claude Godeau, 24 ans, employée aux chèques postaux ;
• Hippolyte Pina, 58 ans, maçon ;
• Édouard Lemarchand, 40 ans, employé de presse ;
• Suzanne Martorell, 36 ans, employée à L'Humanité ;
• Raymond Wintgens, 44 ans, typographe ;
• Maurice Pochard, employé de bureau, 48 ans, décédé le à l'hôpital à la suite de ses blessures.
Si à la suite d'interminables démarches et commémorations, la station de métro Charonne porte désormais la mention Place du 8 février 1962, la reconnaissance de ce crime odieux comme un crime d'État n'a jamais été reconnu malgré les sempiternelles déclarations des chefs de l'État successifs sur la nécessaire réconciliation franco-algérienne et de ce point de vue, Macron n'en est pas avare!
C'est pourquoi, nous soutenons l'initiative du Comité Vérité et Justice pour Charonne4 pour que soit enfin reconnu le crime de Charonne comme un crime d'État.
1 https://www.sitecommunistes.org/index.php/france/politique/2074-1962-2022-le-3-decembre-celebrons-ensemble-la-victoire-du-peuple-algerien-sur-l-imperialisme-francais
2 Le texte d'appel est signé des organisations syndicales CGT, CFTC, UNEF, SGEN, FEN et SNI. Le PCF, le PSU et le Mouvement de la paix sont associés à l'appel.
3 En 1998, il est condamné à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l'Humanité concernant des actes d'arrestation et de séquestration, lors de l'organisation de la déportation des Juifs de la région bordelaise vers le camp de Drancy, d'où ils sont ensuite acheminés vers le camp d'extermination d'Auschwitz, commis quand il était secrétaire général de la préfecture de Gironde, entre 1942 et 1944
4Comité Vérité et Justice pour Chatonne, 263 rue de Paris, case 455, 93514 Montreuil