754-01/02/2022 L'Union des Industries et des Métiers de la métallurgie (UIMM), qui est la première fédération industrielle française vient à son tour, après le Mouvement des Entreprises de France (MEDEF),
de donner sa feuille de route aux candidats à l'élection présidentielle. Il s'agit de quinze propositions qui constituent un ensemble cohérent pour, selon l’UIMM, mener le combat pour la compétitivité et la réindustrialisation de la France(1). En réalité toutes ces mesures constituent un plan pour liquider les conquêtes sociales, faire baisser le prix de la force de travail et augmenter les profits capitalistes. Qu'on en juge! L’UIMM place en premier le financement de la protection sociale. Elle estime qu'il faut clarifier ce qui relève de la solidarité de l'assurantiel et cela en soulignant que la solidarité ne doit pas être supportée par les entreprises. Traduit en français cela signifie d'en finir avec le système de protection sociale basé sur la richesse produite par le travail. Pour l’UIMM il s'agit d'un allégement des cotisations employeurs(2) de 17 milliards d'Euros. L’UIMM demande une poursuite de la baisse des impôts de production de 35 milliards d'Euros, baisse déjà engagée par le pouvoir actuel à hauteur de 10 milliards d'Euros. L’UIMM réclame la réforme des retraites, celle engagée par le gouvernement actuel, avec un relèvement de l'âge de départ de 62 à 65 ans accompagné d'une sous indexation du montant des retraites de 1% par rapport à la hausse des prix. L’UIMM veut aussi la suppression de la contribution sociale de solidarité qui représente aujourd'hui un montant de 3 milliards d'Euros. Pour mieux contrôler la formation des salariés, l’UIMM exige que l'enseignement professionnel sorte du champ de l'éducation nationale pour être sous le contrôle du ministère de l'industrie.
Les candidats à l'élection présidentielle seront conviés à un grand oral le 9 mars devant mille patrons. Beaucoup de ces candidats n'ont pas attendu cette date pour donner satisfaction au patronat. Macron, comme l'avaient fait ses prédécesseurs Hollande, Sarkozy, Chirac et Mitterrand a continué à donner satisfaction aux revendications patronales, d'autres comme Pécresse le Pen et Zemmour ont déjà donné quitus, d'autres enfin, tentent de colorer leur démarche en se drapant dans le social et l'écologie sans pour autant s'attaquer au capitalisme, ce qui est évidemment ne peut mener qu'au maintien de l'ordre social dirigé par ce même capital.
La route semble donc libre pour une nouvelle étape de liquidation des conquêtes sociales et de reculs pour les salariés. On peut alors se poser la question du pourquoi d'une si intense agitation politicienne? Le pourquoi, c'est que les classes dirigeantes ont besoin de constituer autour d'elles un bloc suffisamment large pour être en mesure de faire passer le programme du patronat et cela n'est pas évident dans une situation où la confiance des salariés vis-à-vis de leurs représentants politiques est au plus bas comme en témoigne l'abstention et le vote blanc lors des derniers scrutins. De plus les luttes sociales qui se développent sur les salaires, du fait d'une inflation qui rogne chaque jour un peu plus le pouvoir d'achat, ne permettent pas d'ignorer cette question et l'on mise au centre de la lutte des classes. Une réorganisation des forces politiques est donc à l'ordre du jour. Ce phénomène n'est pas particulier à la France et il montre même déjà des limites dans des pays, comme l'Italie, qui ont pris de l'avance dans ce domaine. La récente élection d'un nouveau Président de la République à Rome en est l'illustration. Les forces politiques y ont été dans l'incapacité d'élire un nouveau Président et le fragile équilibre obtenu avec la constitution d'un gouvernement d'union nationale mené par un banquier européen (3) a obligé à reconduire le Président sortant(4) qui était démissionnaire.
Alors, nous objectera-t-on il n'y a rien à faire. Au contraire, tout montre que les forces du capital craignent par dessus tout le développement des luttes sur les salaires, l'emploi, les conditions de travail, les libertés...Ces luttes sont utiles et nécessaires, nous devons travailler à les faire converger dans un puissant mouvement social unitaire. Notre Parti Révolutionnaire COMMUNISTES pose la question des luttes immédiates pour la satisfaction des revendications et met en même temps en avant la lutte politique pour faire reculer les prétentions capitalistes. Nous résumons notre démarche en une formule: Lutter jusqu’à abattre le capitalisme et construire le socialisme.
(1)La production manufacturière représente aujourd'hui 10% du PIB et l'on doit cette chute aux très nombreuses délocalisations menées par les entreprises au cours des deux dernières décennies vers les pays à bas coût de la main-d’œuvre
(2)Rappelons que ces cotisations employeurs sont de la richesse produite par le travail salarié et qui est reversée sous forme d'un salaire socialisé, comme le sont d'ailleurs les cotisations salariées.
(3) Mario Draghi, est un économiste, banquier. Vice-président pour l'Europe de Golman Sachsde 2002 à 2005, il est gouverneur de la Banque d'Italie de 2006 à 2011, puis président de la Banque Centrale Européenn de 2011 à 2019.
(4) Sergio Mattarella. Il est Président de la République italienne depuis 2015.