Gantry 5

 

Les familles sont durement éprouvées après l’effondrement d’un pont à Gênes, en Italie. Aurait-on pu éviter ce drame ?

Cette catastrophe avait été annoncée il y a 15 ans, des experts avaient recommandé la démolition du pont… et en 2012 ils avaient proposé de construire une deuxième autoroute… Le projet a été repoussé par le mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, qui est aujourd’hui au pouvoir, il affirmait que « le pont était en excellent état »... De même récemment le ministre des transports (mouvement 5 étoiles) a donné un avis défavorable sur le projet d’une bretelle de contournement de ce pont. La responsabilité de ce drame est évidente et bien politique.

Dans ce désastre, ni les uns ni les autres ne payeront leur attitude irresponsable. L’état a la responsabilité de vérifier les conditions de sécurité des routes et de s’assurer que les concessionnaires effectuent les travaux d’entretien, mais comme en France les services publics ont de moins en moins de moyens. La politique de privatisation et de sous-traitance généralisée est une aberration qui aboutit au drame. La société chargée de ce pont est aussi responsable des dommages provoqués. Alors peut-on se contenter d’un simple mouvement de boycott de la marque United Colors of Benetton (propriétaire de l’infrastructure) comme le suggèrent plusieurs mouvements de contestation ? Non.

Il faut frapper plus fort et s'en prendre à ces puissances financières, à l'accumulation de richesses considérables dans les mains de ces sociétés privées. Le groupe Atlantia, contrôlé par la famille Benetton, a présenté en 2017, selon l’AFP, un chiffre d’affaire de prés de 6 milliards d’euros, dont 1,2 milliards de bénéfices.

Et en France, une telle catastrophe peut-elle survenir ?

Sans le contexte du drame de Gênes, un rapport inquiétant sur l'état du réseau routier français remis au gouvernement aurait pu passer incognito! Il jette une lumière crue sur l'état des routes, des tunnels et des ponts français. Notre réseau routier est malade ce rapport tire la sonnette d'alarme

Ce rapport précise que «sur les 12 000 constructions gérées par l'Etat, un tiers nécessite des réparations». Il précise également que dans «7% des cas (840 ponts), les dommages sont plus sérieux, présentant à terme un risque d’effondrement». A ce constat national il faut ajouter les ponts qui ne figurent pas dans le rapport et qui sont gérés par les collectivités territoriales,  soit un total de 200 000 ponts en France.

Le rapport remis au gouvernement explique que 6% des ouvrages gérés par le gouvernement pourraient être mis «hors service» d'ici deux décennies si l'Etat ne réagit pas !

Depuis plusieurs années, face aux restrictions budgétaires, les travaux d'entretien courant sont au mieux décalés ou espacés, au pire annulés faute à un désengagement de la part de l'État. La moitié des chaussées et un tiers des ponts présentent des dégradations exigeant des réparations. Les experts chiffrent à 1,3 milliard par an pendant vingt ans les sommes à consacrer au revêtement de nos routes et à la solidité de nos ponts et tunnels…

La France n’entretient plus son réseau, si aucun plan d'investissement massif n'est lancé dans les prochaines années, alors d'ici 2037, 60 % du réseau routier sera «très dégradé». Tous les gouvernements successifs ont réduit les budgets consacrés à l’entretien des routes et des ponts, notamment la loi (loi LRL) de 2004 relative aux transferts de compétences au profit des collectivités territoriales dans le domaine des grands équipements et infrastructures (relire article 290). La détérioration va encore s’accélérer.

Dans le même temps les sociétés d’autoroutes privées s’enrichissent ! Où va l'argent des péages ? Pourquoi les tarifs augmentent-ils chaque année ?

Quand on analyse les bilans des sociétés d’autoroutes, on constate que, d'année en année, leurs bénéfices sont toujours plus ahurissants. Mais qui profite réellement de cette manne?

* Plus de 25% de bénéfices! Un bon des dividendes perçus par les actionnaires en 2016 (+41%).

* Le principal réseau, Vinci Autoroutes (ASF, Cofiroute, Escota et Arcour), affiche des bénéfices en hausse sur un an de 28,5% (1,75 milliard d'€) et des dividendes en progression de 88,5% (près de 4 milliards d'€ !)...
* Le groupe Atlantia (a qui appartient le pont de Gènes) est chargé en France de la gestion de l’A10. Cette société est connue également pour avoir racheté l’aéroport de Nice pour 1,7 milliards d’euros, il avait déjà acquis l’aéroport de Cannes, de St Tropez. Il détient également le réseau routier Sanef qui gère les axes du Nord et de l’est de la France. En mars 2018 il a pris 15% du capital de Getlink (ex Eurotunnel), elle détient aussi la partie italienne du tunnel sous le Mont Blanc.

A l’heure où ces profits considérables sont réalisés, que les richesses créées sont toutes accaparées par le capital, les multinationales en veulent toujours plus et exigent que toute la société française soit soumise au profit.

Les travailleurs ne disposent que de la lutte pour les stopper, leur arracher le pouvoir économique et politique.

L’avenir du transport et des infrastructures ne peut pas être laissé dans les mains des capitalistes qui n’hésitent à mettre en cause notre santé et la vie des automobilistes, des voyageurs, pour la recherche du profit maximum. L'actualité ne cesse hélas de le prouver. Il faut s’attaquer à la cause de l’aggravation de cette situation : le capitalisme qui domine notre société dont Macron est le fidèle serviteur et à sa politique de privatisations tous azimuts qui menace la sécurité de nos infrastructures routières.

Le réseau routier doit faire l’objet d’une politique nationale répondant aux besoins de la population. Il doit être totalement propriété du peuple, débarrassée de toute intervention capitaliste en nationalisant sans indemnité les sociétés.

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