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747-16/12/2021 Depuis plusieurs mois, la question des salaires revient en force dans l’espace social et politique.

Elle est même considérée selon les sondages d’opinion comme la préoccupation majeure des français et à fortiori des salariés. Selon un récent sondage ODOXA, 45 % des sondés place cette question en tête pour l’élection présidentielle, suivie par celle de la santé, 80 % estiment que le pouvoir d’achat a diminué et 94 % pensent que depuis le confinement les prix ont augmenté. Une autre mesure de cette réalité est donnée par l’augmentation du nombre et de la durée des conflits sociaux se rapportant aux salaires. De plus, les salaires et surtout leur faiblesse incitent de nombreux salariés, en particulier dans les services et la restauration, à chercher des emplois moins contraignants et mieux rémunérés, d’où il résulte sur les patrons une pression à l’augmentation des salaires. Patronat et gouvernement s’emploient à circonscrire l’incendie en serrant la vis. Roux de Bézieux proclame : « les hausses salariales généralisées ne sont pas soutenables pour l’économie » et le gouvernement rejetant la demande unanime des fédérations de fonctionnaires continue le blocage du point d’indice qui détermine la rémunération de millions de fonctionnaires, comme il continue à bloquer les pensions des retraités. Dans le même temps, il tente de diminuer la pression revendicative en octroyant des miettes comme le chèque énergie de 100 euros, tandis que la hausse des prix va le contraindre à une augmentation du SMIC de 0,9 %.
Pourquoi, aujourd’hui, cette irruption de la question salariale ? Pendant des années, la politique du patronat et du pouvoir a amené une forte hausse du chômage entraînant une concurrence accrue entre les salariés sur l’emploi et tout particulièrement pour les jeunes avec à la clé un chantage liant emploi et salaire. Dans le même temps, il y a eu une relative stabilité des prix des biens et des marchandises liée à la réimportation de marchandises de pays à bas coûts salariaux.
Les deux phénomènes ayant un lien profond dans un contexte où l’emploi, en particulier industriel, a été largement liquidé par les délocalisations vers les pays à bas prix de la force de travail, ce qui a augmenté le chômage et gonflé les profits des monopoles capitalistes. Ce qui a permis aussi de contenir la hausse des prix dans les pays les plus riches diminuant ainsi la pression sur les revendications salariales(1) .
Mais aujourd’hui, la reprise d’une forte inflation remet en question cet équilibre et entraîne une réaction légitime des salariés à vouloir préserver leur pouvoir d’achat voire à l’augmenter tant les bas salaires sont légions et que ceux de beaucoup de professions en particulier en début de carrière en sont rendus au niveau, ou même au dessous du SMIC. Par exemple, dans la fonction publique, un technicien de catégorie B est embauché seulement à 10 euros de plus que le SMIC et l’on peut parler de smicardisation de pan entiers de salariés qualifiés.Cette reprise de l’inflation que nombre d’économistes jugeaient comme passagère et limitée s’installe dans le paysage économique. Pour l’Union Européenne elle est estimée sur un an à plus de 4% et à 2,8 % pour la France, ce qui est du jamais vu depuis longtemps. Ce phénomène touche aussi les USA avec un inflation de 6,8 %. Nous en avons déjà analysé les causes essentielles(2) et tout particulièrement dans le secteur de l’énergie(3). Compte tenu de cette inflation l’INSEE dans sa note du 14 décembre estime que le pouvoir d’achat des salariés : « pourrait reculer de 0,5 % lors des six prochains mois ». Les conséquences de cette poussée inflationniste dans le monde sont encore difficiles à évaluer au plan macro économique mais elles constituent un facteur d’inquiétude sur la solidité d’une reprise que d’aucun, notre gouvernement en tête, glorifiait comme solide et effaçant une récession majeure liée aux politiques de confinements adoptées face à la pandémie de Covid 19. Sont ainsi posées les questions des taux d’intérêts, aujourd’hui très bas, dont l’augmentation renchérirait le remboursement des énormes dettes contractées par les États ce qui pourrait avoir comme conséquence un renforcement des politiques d’austérité au détriment des salariés.
On le voit, la période qui s’ouvre est remplie d’incertitudes et devrait se caractériser par une hausse des conflits de classe autour de la question des salaires. Notre parti met en avant la légitimité des revendications salariales , il estime qu’il faut porter le SMIC à 2.100 euros, et montre qu’il est possible tout de suite de répondre aux revendications des salariés. Dans le même temps, il nous faut démêler les fils du pourquoi de cette situation. Qui en est responsable si ce n’est le système même d’exploitation du travail salarié par le capital. Nous montrons qu’une autre logique de développement de la société est possible ; une logique sans exploitation de l’homme par l’homme, une logique de coopération de tous ceux qui produisent les richesses et qui de ce fait doivent diriger le pays.

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(1) John Smith, l’impérialisme au XXIe siècle, 2019, Éditions critiques.

(2) https://www.sitecommunistes.org/index.php/france/economie/1630-le-capitalisme-responsable-d-une-situation-mondiale-qui-s-aggrave

(3https://www.sitecommunistes.org/index.php/france/economie/1601-la-hausse-des-prix-de-l-energie-a-une-cause-fondamentale-la-dereglementation-le-marche-unique-europeen-de-l-energie-et-les-privatisations

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