Gantry 5

 

France

Luttes. Renault. Après une journée de grève le 29.05 et une manifestation le 30 les syndicats de l’usine de Maubeuge ont été reçus, avec la direction, au ministère de l’économie. Il fallait au plus vite éteindre le début d’action.

Comme à son habitude B. Lemaire n’a pas été avare de phrases creuses sur l’avenir du site. Il annonce l’ouverture d’un dialogue technique et social pour un projet qui devra garantir à long terme, au- delà de2023, l’emploi et le niveau d’activité industrielle. La CFDT s’est déclarée satisfaite de la reprise du dialogue social.
A Choisy (Val de Marne) ou la fermeture est officielle les salariés sont en grève reconductible depuis le 2.06. Au Mans débrayage le 30.05.
La garantie de l’Etat pour le prêt de 5 Mds a été signée. L’État accepte la suppression de 4.600 emplois. Quelle qu’en soit la forme qu’ils prendront, ils seront à tout jamais perdus en France.
Hôpital. Poursuite des rassemblements et manifestations dans de nombreux hôpitaux le mardi. Préparation de la journée du 16.06
Chimie. Appel de la fédération CGT à participer aux côtés des hospitaliers à la journée du 16.06.
Poste. (Thionville, Moselle) Débrayage le 30.05 contre les projets de la direction de revoir l’organisation du travail qui se traduirait par une charge supplémentaire pour les postiers.
Val d’Oise Manifestation le 3.06 devant la préfecture à Cergy et rappel des revendications (salaire, temps de travail) de la CGT.
Patronat. Pendant que certains discourent sur le « jour d’après » le patronat est à l’œuvre. Il organise une vaste recomposition de l’appareil productif avec le soutien de l’Etat (Air France, Renault) qui fait de nouveaux cadeaux sous prétexte d’emploi des jeunes. Il organise une baisse des salaires, (une campagne se dessine pour qu’une plus grande généralisation de l’intéressement remplace la hausse des salaires, pour pallier à la disparition de toute forme de protection collective). Sous prétexte d’embauche des jeunes le président du Medef Roux de Bézieux demande l’exonération des cotisations sociales et une prime de 10.000 euros par embauche. Macron vient de lui donner satisfaction en accordant des primes de 5.000 à 8.000 euros lors de la rencontre gouvernement-patronat-syndicats du 4.06. De son côté le président de l’organisation patronale « Croissance plus » revient à la charge pour la suppression des impôts « d’entreprise » qui alimentent les caisses des collectivités locales. Les cadeaux obtenus par le patronat ne lui suffisent pas. Il en réclame toujours plus. Dans le cadre de la casse du code du travail, une ordonnance a créé « l’accord de performance collective » qui peut, dans le cadre d’un accord avec les « partenaires sociaux », remplacer un plan social. (Voir article dans l’hebdo). L’avantage de ce système par rapport au PSE c’est qu’il ne comporte aucun engagement patronal et qu’il n’est pas limité dans sa durée. Le Code du travail est en lambeaux mais il reste encore une protection collective : les conventions collectives de branche. Sous le prétexte de facilité d’embauche des précaires, un article des « Echos » (29.05) suggère que les entreprises qui embaucheraient de tels salariés soient dispensées du respect des obligations contenues dans la convention. Tous précaires. De son côté le gouvernement apporte son aide à ces restructurations. Sur RTL (2.06) B. Lemaire confirme un plan de relance pour moderniser notre outil productif. E. Philippe rassure les multinationales et les invite à poursuivre leurs investissements en France. Il leur assure que les acquis en matière d’attractivité depuis 2017, ne seront pas remis en cause. De plus la baisse des impôts sur les sociétés et le capital, les crédits d’impôt-recherche seront maintenus. Comme depuis toujours, le « jour d’après » sera celui de la lutte de classe.
Réunion à l’Élysée. A part l’annonce de la subvention à l’embauche d’apprentis tous les autres sujets sont renvoyés à de nouvelles rencontres avec les ministres. L’augmentation des salaires, la diminution du temps de travail n’ont pas été abordés. Une réunion pour faire semblant de tenir compte des avis des uns et des autres, surtout de ceux qui vont dans le sens souhaité par le pouvoir et le patronat.
Santé. Le secteur privé de la santé a parfaitement compris le discours d’E. Philippe lors de l’ouverture du « Ségur de la santé » Le président des établissements de santé privé note qu’il a parlé de réformer l’hôpital et non l’hôpital public. De son côté le directeur général de Ramsay (premier groupe d’hospitalisation privé en France) déclare « je me réjouis qu’on parle d’un Ségur de la santé et non de l’hôpital public ». Ils espèrent bien s’approprier le maximum d’argent de la Sécurité Sociale pour accroître leurs profits au détriment de l’hôpital public et de la santé de la population.
Presse Le journal « l’Equipe » prenant prétexte de l’arrêt des événements sportifs annonce qu’il va demander des « efforts » aux salariés. Si ces « efforts » ne sont pas acceptés la direction menace de supprimer 1/3 des emplois. Pour l’instant les syndicats dénoncent une stratégie de choc. C’est peu.
Le Parisien (groupe " les Echos" ) annonce sans plus de précisions pour l’instant sa volonté de revoir son organisation et le travail de sa rédaction.
Suppressions d’emplois. PicWicToys (jouets) annonce la fermeture de trois entrepôts et de 21 magasins sur 63 soit 447 suppressions d’emplois sur 1237. Dans le Nord Verywear (prêt à porter) et NCN (bâtiment) sont placés en redressement judiciaire avec poursuite de l’activité pendant 6 mois. Elles représentent 933 emplois. Avec les précédentes annonces c’est une nouvelle saignée d’emplois qui s’annonce dans le département. Dividendes. Alors qu’il refuse de régler les contrats d’assurances envers les commerçants qui ont souscrit une assurance pour perte d’activité Axa annonce la distribution de 1,7 Md de dividendes. 1,7 md est mis de côté pour être, éventuellement, versé en fin d’année.
Ventes d’armes. Elles représentent 8,3 Mds à l’exportation en 2019 en baisse de 8% par rapport à 2018. Cette baisse n’est pas due à un changement de politique de vente d’armes mais à la fin de plusieurs contrats (l’Egypte, l’Inde, le Qatar). L’augmentation des ventes est toujours un objectif qui a été rappelé par la ministre de la défense.

Monde

Amazone. Si les médias ont rendu compte de la lutte des syndicats d’Amazone en France menée pour la défense de la santé des salariés qui ont imposé la fermeture des plates formes, ils ont fait l’impasse sur celles menées ailleurs. En Espagne, même situation à la suite de l’intervention
syndicale de la CCOO. Aux USA, où il n’existe pas de représentation élue des salariés et où Amazone empêche par tous les moyens l’implantation d’un syndicat, les salariés ont mis sur pied des groupes informels qui ont mené plusieurs mouvements de grève en particulier à Chicago et à New York. Amazone y a répondu par le licenciement de trois salariés considérés comme des « meneurs ».
UE . A noter la prise de position du secteur EDF de Paris à propos du soutien des syndicats DGB (Allemagne) et des cinq confédérations françaises et la signature par Martinez. Elle critique tant sur la forme (pas de consultation des organismes dirigeants de la CGT) que sur le fond le soutien de ces syndicats au plan de l’UE qui va accorder 750 Md au capitalisme européen.Sa prise de position se termine en rappelant les fondamentaux de la CGT : en tant que syndicat de lutte de classe elle doit se battre plus que jamais pour la destruction du capitalisme et le changement radical de société où les richesses produites exclusivement par le peuple doivent lui revenir totalement.
La réunion des syndicats des Bouches du Rhône, l’Union Fédérale des travailleurs de l’État, l’UD du Cher, le comité régional des Pays de Loire condamnent aussi cette signature et demandent que la confédération la retire.
Politique agricole commune (PAC) Les organisations professionnelles s’inquiètent de la baisse de 8% (31 Mds) du budget européen 2021-2027 en euros constants (qui tiennent compte de l’inflation). On est loin des annonces de « plan vert » qui serait au cœur de la politique agricole de l’UE. Ce budget est la conséquence des pressions exercées par les pays de l’Europe du nord qui demandent une diminution des sommes consacrées à la PAC contrairement à la France et à d’autres pays du Sud.
Chine-USA. La tension entre les deux pays se poursuit. Après les accusations de Trump sur l’origine
du Corona virus et ses critiques sur les décisions de la Chine vis-à-vis de Hong Kong la Chine agite la menace d’un embargo sur les terres rares (dont les prix flambent) et sur la diminution des achats chinois de soja et de porcs US. Menaces réelles ou intimidation ?

Le plan de relance de l'Union européenne : Un plan capitaliste contre les travailleurs
La commission européenne propose un plan dit « de relance » de 750 milliards d'euros. Sur cette somme empruntée entre 2021 et 2024 par l'émission d'eurobonds sur les marchés financiers 250 milliards seront prêtés, 500 milliards (en fait 433 milliards) seront transférés par le canal du budget européen aux États membres les plus touchés par le Covid-19. Ces sommes sont à mettre en rapport avec le budget de l'UE de l'ordre 1100 milliards d'euros qui lui est abondé par les États membres. Cette proposition n'est généreuse qu'en apparence. Car les prêts sont une aide plus que relative pour les États déjà fortement endettés. Les remboursements devront commencer à partir de 2028. Et surtout les 433 milliards de subventions seront conditionnées à des plans d'investissements et à des réformes de structure dont on sait qu’elles seront des outils de la restructuration et de la concentration capitaliste au détriment des salariés. Les plans d'investissements devront satisfaire aux objectifs du « Green deal » et de la transition énergétique définie par l'UE sous forme d'aides aux entreprises privées. Les réformes de structure qui sont la Bible des forces dominantes sont responsables de la faillite des États à répondre à la crise sanitaire du Covid en particulier en liquidant et/ou privatisant les services publics. Comme quoi du point de vue du capital, « le jour d'après » ne peut que ressembler comme deux gouttes d'eau au jour d'avant. Pour accroître la compétitivité des entreprises européennes dans la concurrence mondiale accrue notamment avec les entreprises US et asiatiques, il est impératif pour elles de se débarrasser de tout ce qui limite le profit du capital : les droits sociaux des salariés sont donc particulièrement visés, comme le sont les salaires, de nombreuses entreprises jouant le chantage de l’emploi contre des baisses de salaire ! Le remboursement de cet emprunt se fera par les États membres à partir de 2028 en fonction de leurs contributions au financement de l'Union et non pas en fonction de la part qu'ils en auront reçu. Ce principe dit de solidarité se heurte à la réalité de la dette de chaque État. Autrement dit, ceux qui sont les moins endettés ne veulent pas payer pour les autres. Pour faire admettre son plan et contourner l'opposition des Pays Bas, de l'Autriche, de Suède et du Danemark, la Commission européenne a été très généreuse dans la répartition des aides avec les pays d'Europe centrale et orientale qui ont été moins affectés par le Covid que les pays du sud de l'Europe. Ainsi l'Espagne et l'Italie particulièrement touchés ne sont qu'à la 8e et 12e place dans le tableau des aides financières directes. La France 18e estime que les 39 milliards qui lui sont alloués constituent un minimum. Les négociations vont être particulièrement serrées entre les États membres. La validation du plan requiert l'accord unanime des chefs d'État et de gouvernement ainsi que l'approbation du parlement européen et des parlements nationaux afin d'être opérationnel en 2021.
Il s'agit donc d'un plan de financement des entreprises européennes via leurs États sur un axe déjà définis par l'UE (transition numérique et énergétique), conditionné à des réformes de dérégulation du travail avec l’objectif de passer à une phase nouvelle de restructurations et de concentration du capital dans le cadre des affrontements au sein de l’impérialisme et tout particulièrement entre les deux puissances que sont les USA et la Chine.
Les réactions à ce plan, en général favorables et soulignant un pas nouveau dans la « solidarité » européenne, sont très significatives de la tendance à formaliser la super structure étatique et anti-démocratique européenne. Cette voie qui a été rejetée il y a quinze ans avec le NON au référendum sur la constitution européenne, est de plus en plus la forme imposée par le capital en Europe pour réguler et défendre ses intérêts. En France, les forces politiques soutiennent ce plan même si certaines, comme le PCF y ajoutent une critique sur le refus d’une nouvelle austérité : mais ce plan peut-il signifier autre chose ? Tandis que le groupe socialiste au parlement européen affirme dans un communiqué : « La délégation de la gauche sociale et écologique accueille favorablement la proposition franco-allemande de fonds de relance doté de 500 milliards d’euros ». Prétendre que l’Europe peut être sociale, c’est oublier délibérément qu’elle est une construction impérialiste au service des monopoles capitalistes. Sa structure, son organisation son idéologie sont entièrement construites pour le capital et contre les salariés. Au plan syndical, c’est une belle unanimité au soutien qui s’exprime. Dans une déclaration commune, les syndicats DGB allemands et les cinq confédérations françaises approuvent le plan : La confédération syndicale allemande DGB et les cinq centrales françaises CFDT, CFTC, CGT, FO et Unsa appellent, dans une déclaration commune, à une « convergence économique, fiscale et budgétaire des États membres de l’Union européenne » et demande une stratégie de relance qui aille « au-delà des 500 milliards d’euros annoncés par la France et l’Allemagne ». Elles vont même plus loin en réclamant : « Dans ce cadre, l’initiative franco-allemande pour la relance européenne, présentée par le président français et la chancelière allemande le 18 mai, doit se concrétiser par la modernisation des modèles économiques européens, en plaçant la transition écologique au cœur de la nouvelle stratégie de croissance de l’Union européenne (UE). C’est une revendication de longue date du syndicalisme européen, nous ne pouvons que nous en féliciter. » Cet engagement dans le sillage des gouvernements allemands et français met les organisations syndicales à la remorque de la stratégie du capital. Pas étonnant que cette déclaration suscite des remous dans la CGT qui se traduisent par l’expression d’un désaccord de plusieurs fédérations professionnelles et territoriales. Pour notre part nous alertons les salariés sur le contenu de ce plan pour plus d’exploitation et moins de démocratie. Nous disons que sans la lutte de classe contre le capital, pour l’abattre, il est illusoire de penser que le « salut » viendra de la « solidarité » au sein du capital européen ! Lutte de classe ou collaboration de classe : il faut choisir et pour nous le choix est clairement fait!

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