La tragédie qui a frappé récemment le Liban et son cortège de désolations n’étaient pas le but des deux visites de Macron à Beyrouth mais son prétexte. En effet, la diplomatie française en échec en Syrie et effacée en Libye pensait trouver par sa présence dans un pays en crise et traumatisé le moyen de remettre un pied à l’étrier dans la région.

Macron a joué la partition du peuple contre les gouvernants corrompus et haïs du peuple tout en se gardant de prendre position sur la question brûlante de la Palestine qui pourtant conditionne en grande partie les évolutions politiques au Liban. Il a donné des conseils et sommé les politiciens libanais de trouver une solution pour résoudre la crise politique qui paralyse le Liban depuis des années. Cette prise de position n’a pas convaincu les forces politiques progressistes qui y ont vu, à juste titre, une ingérence dans les affaires intérieures du pays et une volonté de contribuer à la consolidation de l’ordre existant. L’échec récent de la constitution d’un nouveau gouvernement montre d’ailleurs à quel point le système politique est sous l’effet de forces extérieures combinées à ceux de la bourgeoisie libanaise. Finalement, la position française de donneur de « leçons démocratiques » sonne aussi creux que les déclarations visant à dédouaner en permanence l’attitude du gouvernement israélien dans sa volonté d’annexion complète de la Palestine.
Pour la Biélorussie, la position de la France était connue dès avant l’élection présidentielle. Loukachenko devait céder la place à une équipe capable de conduire la Biélorussie dans le giron de l’Union Européenne et à terme de l’OTAN. Mais en affirmant aujourd’hui que le Président élu doit partir, en faisant de la Lituanie, une des têtes de pont de l’impérialisme US, il s’ingère grossièrement dans les affaires intérieures d’un pays souverain.
Cette volonté d’intervenir est la marque du rôle que la France joue dans le dispositif impérialiste en Europe. Avec l’Allemagne, elles entendent soumettre les peuples à leur diktat. Elles ont joué ce rôle en Ukraine et en Yougoslavie en accélérant la décomposition de ces États pour en faire des semi-colonies pourvoyeuses de main-d’œuvre qualifiée bon marché. Aujourd’hui affaiblir la Biélorussie permettrait d’avancer encore plus vers l’Est les frontières de l’OTAN et ouvrir de nouveaux marchés et territoires pour les multinationales.

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