N° 910 28/01/2025 Les media ont essentiellement retenu du sommet de Davos l'intervention faite en visio-conférence depuis Washington par le nouveau Président des États-Unis Donald Trump. Pour l'essentiel, les media s'emploient à focaliser sur la personnalité, la brutalité et le cynisme de Trump plutôt que d' analyser les causes qui motivent l'accentuation des tendances lourdes de la politique états-uniennes. Cette démarche à l'avantage, comme c'est le cas avec Netanyahou de ne pas soulever la question des causes profondes des politiques menées et dans le cas de Trump de disjoindre le personnage de sa fonction de représentant et dirigeant de l'État impérialiste le plus puissant de la planète, investi de la tâche de défense et de développement des intérêts du capitalisme américain. Car au-delà de la forme, ce qui est au centre du débat c'est la question vitale pour cette puissance impérialiste d'assurer les conditions du maintien de son hégémonie aujourd'hui contestée par l'émergence de nouvelles puissances où le capitalisme se développe activement et tout particulièrement en Asie. Ces nouvelles puissances au sein du système impérialiste entendent à leur tour jouer un rôle de premier plan dans les institutions internationales jusque-là au service quasi exclusif des États-Unis et donner à leur champions monopolistes les moyens de dominer la concurrence exacerbée que se livrent les grands groupes capitalistes avec leurs États dans le monde. Ce sont ces réalités et elles seules qui motivent l'orientation politique des États-Unis.
Dans son intervention le président des États-Unis a interpellé les grands groupes capitalistes présents à Davos, quintessence du capitalisme mondial, d'une manière très directe : " Soit vous venez fabriquer aux États Unis et vous bénéficierez de la fiscalité la plus faible de la planète, soit vous voulez produire ailleurs, et alors vous aurez des tarifs douaniers ". Cet appel concerne en premier lieu les grandes entreprises localisées en Europe qui du fait de la guerre en Ukraine, subissent des hausses drastiques du coût de l'énergie. Cette injonction, accompagnée d'aides massives au travers de l'Inflation Reduction Act[1] mis en place par l'administration précédente, ainsi que les projets de financement massifs dans le domaine de l'Intelligence Artificielle, jouent le rôle d'aimant des investissements vers les États-Unis. Ainsi sans attendre les mesures de Trump, Les entreprises européennes ont investi pratiquement autant dans l'économie américaine que sur le sol européen. Ainsi, en 2024, les entreprises de l'Union européenne ont réalisé 26% de leurs investissements industriels aux États-Unis contre 29% seulement dans l'Union européenne. Il y a tout à parier que le futur proche soit celui d'une accélération de ce processus affaiblissant encore les économies des pays de l'Europe et diminuant ainsi leurs capacités concurrentielles face à une Chine et des États-Unis à l'offensive. Clairement, le Président des États-Unis entend montrer qui dirige et pour quels intérêts, en ayant le regard fixé sur l'adversaire qualifié de systémique qu'est à ses yeux la Chine. Dans les mesures d'affaiblissement annoncées pour ses concurrents capitalistes, il y a eu aussi l'injonction faite à l'Opep+ de réduire le prix des hydrocarbures : " Je vais demander à l'Arabie Saoudite et l'Opep de baisser le coût du pétrole, je suis d'ailleurs franchement surpris qu'ils ne l'aient pas fait avant l'élection. Ne pas le faire n'était pas franchement une preuve d'amour. Si le prix était plus bas, la guerre en Ukraine se serait aussitôt terminée. " Si cette déclaration a eu pour conséquence une légère baisse du prix du baril de près de 1 % à 78,31 dollars, il y a loin, là aussi d'un résultat probant. Biden avait aussi poussé pour une baisse des prix à laquelle l'Opep+ a répondu par une baisse coordonnée de la production qui a permis de maintenir les cours.
Face à ces injonctions dont la réalisation marquerait de graves difficultés pour les pays de l'Europe, le moins que l'on puisse dire c'est que les réactions sont plutôt celles de vassaux éconduits que de nations défendant leurs intérêts vitaux. Dans l'ensemble, selon le New York Times : “De nombreux responsables européens ont adopté un ton conciliant envers M. Trump”, Mais certains ont aussi “souligné qu’ils comptaient protéger leurs intérêts”. Ces différences d'approches, au demeurant fort modestes, rendrons encore plus difficile une riposte coordonnée des États européens et donc peuvent contribuer à amplifier le caractère de vassalisation qui se manifeste déjà aujourd'hui et tout particulièrement dans les questions de défense où l'appartenance à l'OTAN est plus que jamais caractérisée par la domination États-unienne. Le secrétaire général de l'OTAN ne vient-il pas de déclarer que l'Europe devra financer les armes que les États-Unis fournissent à l'Ukraine sans que cela entraîne la moindre réaction ?
Dans cette situation où s'exacerbent les contradictions au sein même de l'impérialisme, la lutte nationale et internationale pour combattre et abattre le capitalisme est plus que jamais à l'ordre du jour. Les travailleurs n'ont en effet rien à attendre et tout à perdre de se mettre à la remorque de leur propres exploiteurs capitalistes qui les entraînent dans des conflits qui ne sont pas les leurs. La collaboration de classe et le dialogue social ne sont que des pièges pour faire accepter une politique de vassalisation à l'impérialisme dominant et d'affrontement de ce dernier avec les puissances qui dans le cadre du capitalisme en contestent la domination. Au contraire, il convient de rassembler, d'unir la classe révolutionnaire, celle qui n'a que sa force de travail à vendre. Pour cela, et c'est incontournable, il faut un parti révolutionnaire de lutte de classe agissant sur ce terrain au plan national et international. C'est l'objectif que nous nous fixons en tant que Parti Révolutionnaire Communistes.