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N° 841 13/12/2023 Rubrique Internationale:  Mandela dix ans déjà ! Investiture de Javier Milei. Resserrement des liens entre les États du Sahel
Mandela dix ans déjà !
Le 5 décembre s'éteignait Nelson Mandela, il fut le dirigeant incontesté du Congrès National Africain (ANC) et membre du Parti Communiste Sud Africain. La revue Jeune Afrique lui rend  hommage en rappelant ce que fut sa vie de combat  contre l'apartheid en Afrique du Sud et ses qualités de chef d'État[1]. Le dixième anniversaire de sa disparition a été l'occasion d'un vibrant hommage à ses qualités de lutteurs infatigable et de dirigeant politique. Cet engagement pour la liberté et l'égalité, il l'a payé de 27 années de prison dont 17 dans le terrible bagne de Robben Island, au large du Cap. Aujourd'hui Mandela est devenu une icône que s'emploient à dépolitiser les media capitalistes. Malgré cela, il reste pour beaucoup en Afrique du Sud et dans le Monde un symbole de la lutte opiniâtre contre la domination coloniale et l'apartheid.
La situation en Afrique du Sud est loin d'avoir tenu les promesses attendues par la masse des travailleurs et si une bourgeoisie noire a émergé, elle a les caractéristiques de sa classe, celle d'exploiter férocement les salariés. Ainsi, la nation arc-en-ciel est-elle, selon la Banque mondiale, le pays le plus inégalitaire du monde. Un pays où les Blancs (7% de la population) gagnent encore trois fois et demi plus d’argent que les Noirs. Le taux de chômage y atteint 32%, et même 46% chez les 15-34 ans. Des millions de Sud-Africains vivent sans eau courante, les pannes d’électricité sont fréquentes, et peuvent durer plusieurs heures par jour en raison des défaillances d’Eskom, la compagnie nationale. Dix ans après la mort de Mandela, l’Afrique du sud se porte mal. Et les héritiers politiques de Mandela ont leur part de responsabilité.
Cette situation entraîne des luttes importantes dans les secteurs miniers et dans les townships où se concentre la misère et qui désignent un quartier pauvre et sous-équipé réservé aux non-Blancs, notre Communistes-Hebdo s'est fait l'écho de ses  luttes. Pour autant, le nom de Mandela représente encore celui de l'espoir d'une vie meilleure et de la libération des opprimés en Afrique du Sud et partout dans le Monde. C'est pourquoi l'hommage à Mandela a été profondément marqué par la guerre menée par Israël contre le peuple palestinien qui refuse de courber l'échine face à la colonisation et à l'état d'apartheid qui en résulte.
Les commémorations du dixième anniversaire de la disparition de Nelson Mandela ont pris une dimension particulière en Afrique du Sud le 5 décembre. La famille de "Madiba" a invité des hauts responsables du Hamas, marquant ainsi un événement où la guerre à Gaza a occupé une place significative. Il en est ainsi de l'invitation faite par le petit-fils de Nelson Mandela, pour qui la création d'un État palestinien représentait "la grande question morale de notre époque", de hauts responsables du Hamas. Cet événement a souligné l'engagement de Mandela envers la cause palestinienne, un sujet qui continue d'être d'une grande importance et de résonance mondiale.
La présence des responsables du Hamas a mis en lumière la situation actuelle à Gaza et la persistance du fait colonial et d'apartheid. Cet événement, où la famille Mandela a choisi d'inviter des représentants du Hamas, a offert un espace de réflexion sur l'héritage de Nelson Mandela et sur les questions de justice, de liberté et de droits fondamentaux pour tous, des valeurs défendues avec conviction par l'ancien président sud-africain tout au long de sa vie.
 
Investiture de Javier Milei, pour le Parti Communiste d'Argentine : "pas une minute de trêve pour le gouvernement ultralibéral et néofasciste de Milei. "
Dimanche 3 décembre, le nouveau Président élu d'Argentine Javier Milei a été officiellement investi dans ses fonctions. S'il avait abandonné sa tronçonneuse au profit d'un costume cravate, son orientation politique a été, sans surprise, largement confirmée : super austérité, liquidation des services publics et alignement sur l'impérialisme états-uniens. Bien entendu, son programme sur la dollarisation de l'économie attendra, un peu...beaucoup ; personne ne sait sauf ses sponsors capitalistes qui le guident dans ses pas de nouveau président à leur service. Ses premières fréquentations sont éloquentes à ce sujet. Son premier voyage a été chez son nouveau maître à Washington où il  a rencontré le 28 novembre des proches conseillers du président américain Joe Biden. À notre connaissance le débat n'a pas porté sur la technologie de la tronçonneuse mais sur les moyens les plus efficaces de mettre en œuvre une politique de super-austérité en se prévenant des mouvements sociaux qu'elle risque de générer. Rappelons quand même le puissant mouvement des Piqueteros[2] qui dans les années 1990 ont ébranlé le pouvoir en bloquant des routes et des centres de production. Le Parti Communiste d'Argentine a décidé de ne pas attendre pour combattre et Javier Milei et le parlement réactionnaire élu à la solde tous deux des capitalistes[3].  Il qualifie  le projet de Milei de "néocolonial " visant : " au pillage des ressources naturelles et des biens communs de notre patrie." Pour le PCA : " Le fer de lance de la résistance doit être la classe ouvrière et le mouvement ouvrier dans ses diverses expressions, aux côtés des étudiants, du mouvement féministe et des diversités, et de tous les secteurs attaqués par la politique, articulant les luttes pour la défense de plus d'un siècle et la moitié des conquêtes et des droits gagnés pour notre peuple."
Les personnalités présentes à l'investiture sont venues signifier leur soutien à cette politique d'austérité et d'allégeance au maître étasuniens. Nommons-les : Le brésilien ex-président Bolsonaro était là flanqué du social-démocrate chilien G. Boric, du hongrois V. Orban et de l'ukrainien V. Zelensky.
Pour notre part, nous apportons notre soutien au peuple argentin dans les luttes qu’il ne manquera pas de développer pour sortir l’Argentine de cette situation de mise sous tutelle directe du capital US.
 
Resserrement des liens entre les États du Sahel
Fin d’un accord de coopération, renforcement d’un autre
Les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont approuvé le projet de créer une fédération unissant les trois pays d’Afrique de l’Ouest, dans le but de relever des défis communs.
La décision a été annoncée dans une déclaration commune publiée dimanche 3 décembre, à l’issue d’une réunion de deux jours à Bamako, la capitale du Mali, axée sur les projets de développement de la nouvelle Alliance des États du Sahel (AES).
Les dirigeants militaires des trois anciennes colonies françaises ont signé la charte de l’AES en septembre, acceptant de s’entraider en cas d’agression extérieure ou de menaces intérieures contre leur souveraineté. 
Ces États étaient auparavant membres de l’accord du G5 Sahel soutenu par Paris, aux côtés du Tchad et de la Mauritanie. Le Mali a quitté le G5 le 15 mai 2022, le Burkina Faso et le Niger ont fait de même le 2 décembre, juste après la réunion de Bamako. La Mauritanie et le Tchad, dans un communiqué commun, ont annoncé mettre en route le processus de dissolution de l’ancienne alliance patronnée par la puissance coloniale.
Les ministres des Affaires étrangères des trois pays du Sahel ont tenu leur première réunion de jeudi à vendredi et se sont mis d’accord sur des « mesures appropriées », notamment des protocoles pour mettre en œuvre l’accord AES.
 
Elargissement des compétences de l’AES 
Créée en septembre dernier, l’AES n’avait qu’une vocation de défense commune. La réunion de Bamako a permis d’étoffer le contenu de cet accord.
"Les ministres ont recommandé d'encourager la participation des élus, des femmes, des jeunes et de la société civile aux initiatives de l'AES ", selon le communiqué commun. Ils ont en outre souligné l'importance de la diplomatie et de la défense pour élargir leur intégration politique et économique.
Auparavant, les ministres des Finances des pays avaient proposé de créer un fonds de stabilisation et une banque d'investissement pour l'AES, ainsi qu'un « comité chargé de poursuivre les discussions sur les questions d'union économique et monétaire ». »
 
Présence de la Russie
Par ailleurs, les liens du Mali avec la Russie se resserrent. Une délégation de haut niveau, dirigé par un vice-ministre de la défense a rendu visite au président malien Assimi Goïta. Le ministre malien des Finances, Alousseni Sanou, a déclaré que le lancement d'une compagnie aérienne qui exploiterait des liaisons entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger avait été discuté lors de la réunion avec des responsables russes.
 
Dénonciation d’accords avec la France
Par ailleurs, le 5 décembre, les dirigeants du Mali et du Niger ont annoncé conjointement qu’ils dénonçaient les accords de non double imposition avec la France. Ces accords empêchent les deux États d’imposer les entreprises françaises qui sont implantées dans leur pays. De même, la France ne peut imposer les entreprises maliennes et nigériennes implantées en France. Mais, il y en a beaucoup moins, et certainement de moindre taille. Ce sont donc les États du Sahel qui sont perdants en cette affaire. Les accords cesseront dans un délai de trois mois.
 
En conclusion
Le resserrement des liens entre ces trois pays dont les dirigeants ont décidé de rompre avec la puissance coloniale ne peut être qu’une bonne chose. Le Parti Révolutionnaire Communistes salue et saluera les efforts faits par les peuples du Sahel et d’ailleurs, pour gagner leur indépendance totale vis-à-vis de la France, puissance coloniale. Nous regardons avec intérêt le rapprochement des trois pays, leur chemin vers l’autosubsistance économique.
Reste le rôle de la Russie. Il est important de diversifier les partenariats économiques, pour les trois pays. Dans un monde redevenu totalement capitaliste depuis 1990, il est difficile de trouver un pays socialiste ; les partenariats se font donc avec des puissances hostiles au bloc occidental. L’aide militaire de la Russie a permis la reprise de Kidal, importante ville du nord du Mali, sur les fascistes islamistes, alors que l’armée française butait dessus depuis des années. Néanmoins, comme la France, la Russie est une puissance impérialiste, c’est toute la limite de ce partenariat. Les peuples africains ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour s’émanciper.