771-02/06/2022 Le Forum économique mondial à Davos, comme chaque année a réuni l’élite économique, les milliardaires, les chefs d’entreprise, politiciens, journalistes les plus influents du monde, à noter cette année l’absence de la Russie et de la Chine.

Pour cette édition 2022, le ton des débats reflétait la menace qui pèse sur l’économie mondiale. Alors que le slogan était « Travailler ensemble, restaurer la confiance », le FMI a sonné l’alerte et lance un appel d’urgence. Il avertit que le monde est confronté au plus grand défi depuis la seconde guerre mondiale. Il ajoute que la guerre entre la Russie et l’Ukraine superpose une crise à une autre, « dévastant des vies, freinant la croissance et faisant grimper l’inflation ». The Economist titrait en première page sur « La catastrophe alimentaire qui s’annonce ». Le journal notait que la guerre pouvait conduire à une famine de masse, alors que la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie affecte les ménages du monde entier. Andrew Bailey, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, a évoqué une pénurie alimentaire mondiale potentiellement « apocalyptique », déclarant que la Grande-Bretagne sera confrontée à de puissants chocs d’inflation. Robert Habeck, le vice-chancelier allemand, lors du Forum, a expliqué : « Je crains vraiment que nous entrions dans une récession mondiale avec un effet énorme... sur la stabilité mondiale. ». Jerome Powell, président de la Fed lors d’une conférence d’une presse a déclaré que son objectif était entre autres de « faire baisser les salaires » pour contenir l’inflation, qui est à son plus haut niveau depuis quarante ans. Il s’est plaint à cette occasion du fait que les travailleurs ont trop de pouvoir sur le marché du travail et qu’« ils n’acceptent pas les emplois mal payés et assortis de peu de droits ». Il appelle à "discipliner" la classe ouvrière par le biais du marché du travail. L’économiste Michael Hudson a travaillé aux côtés de l’ancien président de la Fed Paul Volcker, lui rappelle que « l’inflation est causée par les monopoles d’entreprises, pas par le travail ». « L’inflation est l’excuse que les gouvernements de droite utilisent pour tenter de réduire le niveau des salaires, en faisant des augmentations de salaires la cause de l’inflation. En 1980, le dirigeant de la FED Paul Volcker avait augmenté les taux d’intérêts de 20% pour provoquer une récession qui réduisait les embauches et permettait d’arrêter les gains de salaires des années 1970 ».
« Nous sommes confrontés à une confluence potentielle de calamités » concluent le FMI. Il exprime son objectif : ne pas répondre à la situation. Discours d’autant peu crédible tant ses politiques participent activement à affamer le monde, mais la description de la situation globale en dit long sur la situation.
S’adressant au Forum économique mondial de Davos, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré, en versant des larmes de crocodiles, son inquiétude nouvelle pour les «pays fragiles et les populations vulnérables», ceux qui «souffriront le plus» de la hausse des prix alimentaires. Elle a exhorté les milliardaires présents à fournir «au Programme alimentaire mondial l’approvisionnement dont il a cruellement besoin» pour atténuer la menace d’une famine massive.
Le capital ne partage pas les richesses il y a six mois, le président du Programme alimentaire mondial des Nations unies, David Beasley, avait lancé un «appel ponctuel aux milliardaires pour aider à lutter contre la famine». Il avait expliqué que si les personnes les plus riches du monde faisaient don de seulement 6,6 milliards de dollars sur leur richesse collective de 13.100 milliards de dollars, la faim dans le monde pourrait être éliminée en 2022 et des millions de vies sauvées. Six mois plus tard, dans un monde moderne aux progrès technologiques époustouflants, 4,5 millions d’êtres humains sont morts, sans que les médias capitalistes n’en disent mot.

La véritable source de la famine de masse et de la faim dans le monde est le capitalisme.
«Les entreprises et les dynasties de milliardaires qui contrôlent une grande partie de notre système alimentaire voient leurs profits exploser», peut-on lire dans le rapport Oxfam. David MacLennan, PDG de Cargill et Brian Sikes, directeur d’exploitation de la société étaient présent à Davos, elle est l’une des quatre sociétés qui contrôlent plus de 70 pour cent du marché mondial des produits agricoles. La richesse combinée de la famille Cargill a augmenté de 14,4 milliards de dollars, suffisamment pour nourrir deux fois les affamés du monde entier. À l’autre bout de la chaîne alimentaire, les supermarchés américains Walmart ont versé 16 milliards de dollars aux détenteurs de ses titres. Au cours de l’année écoulée, les bénéfices du secteur de l’énergie ont augmenté de 45 %… Les milliardaires du secteur du pétrole, du gaz et du charbon ont vu leur fortune augmenter de 53,5 milliards de dollars. Le même tableau se dessine dans l’industrie pharmaceutique, où la pandémie a entraîné la création de 43 nouveaux milliardaires…
Les politiques des États capitalistes et des organisations internationales révèlent de plus en plus ouvertement leur objectif de s’attaquer aux emplois et aux salaires partout dans le monde pour maintenir et étendre l’exploitation capitaliste. Le capital est prêt à sacrifier des vies à l’infini plutôt que de céder la plus infime fraction de sa richesse. Joe Biden a déclaré à maintes reprises que l’objectif du gouvernement américain était de garantir une «guerre longue et douloureuse» et la flambée des prix alimentaires est en grande partie une réaction aux sanctions imposées par les États-Unis. Comme l’a déclaré le ministre égyptien des Affaires étrangères «des millions de personnes vont mourir» dû à la prolongation de la guerre. Selon un rapport du Groupe Eurasia, se sont déjà 400 millions de personnes qui sont tombées dans l’insécurité alimentaire en seulement 90 jours, portant le total à 1,6 milliard de personnes. Si la guerre se poursuit, les prix alimentaires mondiaux augmenteront de 45 pour cent cette année, une hausse sans précédent.
Les inégalités sociales massives et l’injection constante d’argent sur les marchés financiers pour les multinationales ont créé une inflation galopante qui augmente le coût de tous les produits et biens de première nécessité.

L’inquiétude à Davos c’est la mobilisation et la lutte des travailleurs.
Le capitalisme doit aujourd’hui aller de plus en plus loin dans l’exploitation et vite. Il impose l’austérité aux peuples, c’est vrai dans tous les pays. D’un côté le capital exploite pour le profit, de l’autre les peuples qui souffrent de cette exploitation et qui luttent. C’est vrai en France comme partout dans le monde.
David Beasley, directeur du Programme alimentaire mondial, a récemment averti qu’on assistait « déjà à des émeutes et à des protestations en ce moment même – au Sri Lanka, en Indonésie, au Pakistan, au Pérou. On a déjà vu des dynamiques déstabilisantes au Sahel, au Burkina Faso, au Mali, au Tchad. Ce ne sont là que les signes de choses à venir». Des protestations de masse éclatent en Iran où une hausse de 300% des produits alimentaires à base de farine a provoqué des manifestations et des grèves. Les manifestations et les grèves se poursuivent au Sri Lanka, au Pérou et dans d’autres pays. En Tunisie, la principale confédération syndicale est contrainte d’appeler à une grève générale. Les travailleurs de la santé de la province du Cap oriental, en Afrique du Sud, se sont mis en grève sans l’aval des syndicats, motivés par la hausse du prix des denrées alimentaires. Les chauffeurs de bus de Cordoba, en Argentine, ont lancé une grève sauvage contre la hausse des prix des denrées alimentaires et du coût de la vie en général. Les bagagistes de Copenhague ont lancé une grève sauvage contre l’augmentation du coût de la nourriture et d’autres produits de première nécessité. Grève sans préavis des travailleurs de plusieurs plates-formes pétrolières et gazières en mer du Nord, qui réclament des hausses de salaire massives. En Grande-Bretagne, les travailleurs sont aux prises avec une inflation de 9% et une hausse record de 54% de la facture de gaz et d’électricité. Selon un sondage Ipsos, 85% des Britanniques s’inquiètent de l’impact de la hausse du coût de la vie dans les six prochains mois.
Dans ce contexte explosif, la lutte est une lutte politique contre toute la classe capitaliste et les gouvernements à son service. La situation faite aux peuples résulte de l’existence même du capitalisme et de ses objectifs pour assurer son développement. C’est pour quoi il faut lutter contre ses méfaits jusqu’à l’abattre et changer de société

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