Gantry 5

 

768-12/05/2022 La guerre engagée par la Fédération de Russie sur le territoire de l'Ukraine ne cesse de s'élever en intensité. Nous avons clairement condamné cette agression contre un pays souverain et qualifié cette guerre comme un affrontement au sein du système impérialiste(1).

Dans cette guerre qui apparaît de plus en plus comme un affrontement par procuration entre les USA et la Fédération de Russie, tous les aspects de la guerre moderne sont mis en mouvement et tout particulièrement celui des sanctions économiques avec l'objectif d'affaiblir un des protagonistes, mais aussi de modifier les conditions mêmes d'existence des marchés et des échanges entre pays capitalistes.
Ainsi, le G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) veut imposer un embargo total au pétrole russe et aux produits dérivés et annonce des sanctions économiques de nature à tarir les finances de la Russie, le nerf de la guerre selon eux. Cette décision "va porter un coup dur à la principale artère irriguant l'économie de Poutine et le priver des revenus dont il a besoin pour financer sa guerre", affirme l'exécutif américain qui a décidé, par ailleurs, de porter à 40 milliards de dollars de soutien militaire à l’Ukraine. C'est une somme énorme à comparer au budget militaire de la France qui s'élève à 41 milliards en 2022.
« Avec toutes ces mesures, nous privons l’économie russe de sa capacité à se diversifier et à se moderniser », a déclaré Von der Leyen. «Nos sanctions vont certainement effacer 15 ans de progrès économique en Russie" et "nous allons étouffer (sa) capacité à croître pour des années », a déclaré Joe Biden. Des déclarations qui illustrent clairement que la guerre menée sur le plan économique via les sanctions ont non seulement l’objectif de « provoquer l’effondrement de l’économie russe » comme l’affirmait Bruno Le Maire au moment de leurs mises en place, mais aussi et surtout d’affaiblir l’économie et l’Etat russe à long terme face aux puissances occidentales avec l'espoir de pouvoir mettre à terme la main sur ou de contrôler, une partie des richesses de la Fédération de Russie.
Quels engagements exactement a pris chacun des membres du G7, à savoir l'Allemagne (qui en a la présidence cette année), le Canada, les Etats-Unis, la France, l'Italie, le Japon, et le Royaume-Uni ?
Les Etats-Unis ont d'ores et déjà interdit l'importation d'hydrocarbures russes. Ils n'en étaient pas de grands consommateurs, le Royaume-Uni, très en pointe dans l'aide militaire à l'Ukraine et dans les sanctions n’est pas dépendant du gaz naturel russe qui ne représente que 4 % de l’approvisionnement du pays et 8 % de la demande britannique en pétrole. Washington fait pression sur les pays européens, qui pour l’instant n’ont pas suivi car beaucoup sont largement dépendants des hydrocarbures russes, à l’instar de l’Allemagne ou de la Finlande. Rappelons que l’Union européenne est dépendante de la Russie à 40% pour le gaz et à plus de 25% pour le pétrole.
Cet embargo fait craindre une nouvelle hausse généralisée du prix du carburant au niveau mondial et ouvre la voie à des discussions tendues entre certains Etats membres, dont une partie est très dépendante du pétrole russe. Tous ces éléments font craindre l’éclatement d’une sorte de « choc pétrolier » qui pourrait affecter l’économie mondiale et qui s'ajouterait aux pénuries alimentaires déclenchées par la guerre et le profond bouleversement du commerce dans les deux grandes régions productrices mondiales que sont l'Ukraine et la Russie.
Le 27 avril la Russie a interrompu ses livraisons de gaz à la Pologne et la Bulgarie au motif que ces deux états veulent payer leurs factures à Gazprom en euros conformément contrat et non en roubles comme l’exige le Kremlin depuis le 1er avril. Les deux pays sont dépannés par leurs voisins mais pour éviter de nouvelles coupures. La Commission européenne a proposé un embargo progressif de l’UE sur le pétrole et les produits pétroliers achetés à la Russie. La présidente de la commission Ursula Von der Leyen déclare : « Nous renoncerons progressivement aux livraisons russes de pétrole brut dans les six mois et à celles de produits raffinés d’ici à la fin de l’année ». Mais l’arrêt progressif des achats européens présente une exemption pour la Hongrie et la Slovaquie. Ces deux pays, enclavés et totalement dépendants des livraisons par l’oléoduc Droujba, pourront continuer leurs achats à la Russie en 2023, a précisé un responsable européen. La Bulgarie, la Hongrie et la République tchèque souhaitent bénéficier de la même dérogation. L’unité affichée doit être maintenue, du moins en apparence : il y aura donc quelques petits « arrangements » entre capitalistes à prévoir tels que double compte euros/roubles. Cette opération s’effectue avec la Gazprombank russe qui, elle, n’est pas affectée par les sanctions européennes alors que cette fois-ci la grande banque Sberbank est exclue du réseau Swifft, plateforme de messagerie sécurisée permettant des opérations cruciales comme des ordres de transferts de fonds entre banques.
Les achats de gaz et pétrole s’effectueront donc avec d’autres pays, en particulier les Etats-Unis et nul ne semble sourciller devant la perspective d’importer massivement du gaz de schiste obtenu par facturation hydraulique : il faut sauver les profits des multinationales de l’énergie ! L’autre source d’approvisionnement le Moyen-Orient. Ils verraient la demande augmenter significativement et pour le moment personne ne sait s’ils seront en mesure d’assurer cette hausse, ils chercheront à profiter de la situation pour maintenir des prix de pétrole au plus haut possible et malgré les pressions des USA, les principaux pays pétroliers et gaziers du Golfe entendent maintenir les accords de production avec la Russie, accords qui leur donne précisément les moyens de maintien des cours actuels. Du côté de la Russie, elle cherchera à remplacer la demande européenne par celle de ses clients asiatiques, elle a déjà un contrat de trente ans avec la Chine et l’Inde est aussi sur les rangs. Elle n’est pas inquiète pour l’avenir et Gazprom continue d’engranger de juteux bénéfices qui croissent avec la montée des cours accentuée par l’annonce des sanctions.
Comme on voit la politique de sanctions de la part des puissances occidentales n’apporte aucune perspective réjouissante pour les travailleurs et les classes populaires à travers le monde. Elles impactent et menacent les conditions de vie de l’ensemble de classes populaires au niveau international. Cela ne peut en aucun cas garantir la fin de la guerre ni même la fin du régime autoritaire en Russie. Au contraire, l’OTAN, l’UE et les puissances impérialistes en conflit sur le dos de l'Ukraine deviendront de plus en plus agressives mettant en danger la vie de millions de personnes à travers le monde.
Nous ne pouvons compter que sur les luttes des peuples pour arrêter le bras belliciste des puissances impérialistes et exiger la paix et le respect de la souveraineté des États. Les puissances impérialistes ne peuvent être combattues que par la lutte des peuples contre la guerre et par la lutte politique pour ouvrir une perspective révolutionnaire et avancer vers la construction d’une société qui ne soit pas dominée par une logique de grande puissance basée sur la recherche sans fin du profit et de l'appropriation privée des ressources. C'est à ce combat que nous appelons les travailleurs de notre pays!

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(1)https://www.sitecommunistes.org/index.php/monde/europe/1825-le-combat-des-peuples-pour-imposer-l-issue-a-la-guerre-en-ciblant-le-veritable-responsable-le-capitalisme