Gantry 5

 

Le 9 avril, après bien des difficultés, les pays de l'Union Européenne (UE) sont finalement parvenus à un accord sur ce qu’ils ont appelé : une réponse économique commune face à la crise liée à la pandémie du Covid19. Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a salué un "excellent accord". La Confédération Européenne des Syndicats, son Président L. Berger (secrétaire général de la CFDT) se sont aussi réjouis de cet accord.

Quel est le contenu de cet accord et que signifie-t-il ? Le montant de l’intervention de l’UE est de 540 milliards d’Euros, ce qui ramené au Produit intérieur Brut de l’UE (15.000 milliards en 2017) en représente environ 3 %. Son affectation est divisée en trois parties :
      • le soutien aux entreprises, avec 200 milliards d'euros de prêts pour les petites et moyennes entreprises, accordé par la Banque européenne d'investissement (BEI);
      • le soutien au chômage partiel, à hauteur de 100 milliards.
      • Pour le reste, un accès au Mécanisme Européen de Solidarité (MES) qui a pour but de fournir une aide financière aux États membres en période de crise. La conditionnalité de ce mécanisme a été réduite à la condition "minimale" : que ces fonds soient employés dans la lutte contre la pandémie.
Ces mesures à minima et sur fond d’un contenu de l’accord suffisamment flou pour que chacun puisse le présenter comme un succès et tout particulièrement la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal qui réclamaient la création d’une forme mutualisée d’emprunt baptisé d’ « Eurobons » et que les Pays -Bas comme l’Allemagne refusent.
Ces mesures s’ajoutent aux décisions de la banque Centrale Européenne de rachat d’obligations pour un montant de 1.050 milliards d’Euros que l’on peut assimiler à l’injection dans les circuits financiers de nouvelles liquidités. Les spéculateurs l’ont d’ailleurs bien compris et cette mesure a redonné des couleurs aux marchés boursiers qui avaient chuté lourdement à l’annonce des décisions de confinement qui se sont traduites par un recul marqué de la production.
Toutes ces dispositions accompagnent celles prises par la plupart des pays de l’UE pour « amortir » le chômage et la faillite de nombreuses très petites, petites et moyennes entreprises confrontées brutalement à un manque de liquidités. Les pays qui n’ont pas adopté de telles mesures, par exemple les USA, voient leur chômage grimper en flèche laissant sur la carreau des dizaines de millions de salariés.
Ces injections de liquidités sous forme de soutien au chômage partiel et aux entreprises marquent-il un infléchissement qui serait social dans la politique du capital en Europe ? Certains le pensent et le disent en allant jusqu’à profiter de la crise pour proposer un « jour d’après » fédéral pour l’Europe. Or, une évidence s’impose : toutes ces mesures nationales et européennes ont pour objectif principal de mettre sur les « starting blocks » les grandes firmes capitalistes européennes au moment où la concurrence mondiale capitaliste va devenir encore plus féroce pour regagner des marchés et concentrer et recomposer le capital. Dans ce sens, les États, comme la BCE et la Réserve Fédérale des USA (FED) sont prêts à racheter des actions d’entreprises, voire à faire passer des entreprises momentanément sous contrôle public pour les « booster » et leur donner les moyens de rétablir leurs profits et de réaliser des grandes opérations de fusions acquisitions pour éliminer des concurrents. Dans toutes ces opérations c’est entre autre l’emploi qui va trinquer et passé le soutien au chômage partiel, le terrain sera libre pour le patronat!
Qui va payer l’addition ? La réponse a été donnée par le président du Medef : « il faudra [au moment de la reprise économique] bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés ». Car du point de vue du capital il ne fait aucun doute que ce sont les salariés qui vont la payer ! S’ils avancent à pas relativement feutrés, pour le moment, c’est qu’ils n’ont pas oublié que l’avant Covid19 c’étaient les luttes de masse contre la réforme des retraites, que pendant le confinement, c’est à la fois le professionnalisme de tous ceux qui font marcher la Nation mais qui refusent d’aller au « casse pipe » et se battent contre les responsables de la situation et que les jours d’après ce sera l’exigence de voir les revendications satisfaites et nous ajouterons : comment les satisfaire sans s’attaquer à la domination du capital !

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