759-09/03/2022 L'actualité tragique de la guerre en Ukraine focalise toute l'attention sur le déroulement des opérations militaires, sur le calvaire qu'elles font vivre aux populations civiles avec déjà des centaines de morts,

des milliers de blessés, de nombreuses destructions et plus de deux millions de réfugiés qui s'ajoutent aux huit millions d'ukrainiens qui ont immigré pour cause de crise économique dans leur pays, crise générée par l'oligarchie au pouvoir qui a fait main-basse sur le pays à la suite de la dissolution de l'URSS, en détruisant la propriété sociale à leur profit exclusif. S'y ajoute les nouvelles restrictions aux libertés imposées par le pouvoir en Russie tandis qu'une crise économique d'une ampleur sans précédent se profile en Ukraine comme en Russie qui va plonger des pans entiers de la population dans une profonde misère. Nous avons dans deux articles précédents qualifié la nature de cette guerre comme une guerre au sein du système impérialiste(1) et nous avons ajouté que les conséquences pèsent et pèseront lourd et pendant longtemps pour les nations et les peuples(2). Les faits confirment ces appréciations et analyses. Les puissances impérialistes se font la guerre et se sont les peuples qui paient(3) . Il ne suffit pas cependant de s'en tenir à des analyses et à des constats, aussi justes soient-ils sur la nature de cette guerre, il faut dans l'immédiat mener la lutte politique et créer le rapport de force pour faire cesser au plus vite le conflit en exigeant que la Russie mette fin à son agression contre l'État souverain qu'est l'Ukraine, tandis que les USA, l'OTAN et l'UE doivent cesser de leur côté de se servir du peuple ukrainien comme de la chair à canon pour assurer leur domination en Europe. Nul ne peut nier le rôle joué par les USA et l'UE pour soutenir les forces qui en Ukraine, en s'appuyant sur des éléments fascistes militarisés, ont éliminé par la terreur les forces progressistes et tout particulièrement le Parti Communiste(4) .
Si la guerre en Ukraine mobilise l'attention, c'est qu'il y a la perception que ce conflit, dont les prémices datent de la fin de l'URSS, est en fait la face apparente d'un conflit plus profond et plus large qui peut conduire à un embrasement généralisé. Nous ajouterons que ce conflit concerne tout le système capitaliste dans la guerre permanente que se livrent les monopoles pour le contrôle des ressources naturelles, des voies de communications et de la force de travail afin de s'assurer les profits maximum. Ce conflit s'exacerbe au fil du temps, marqué qu'il est par des guerres de natures diverses: guerres économiques, blocus, cyberguerre, terrorisme, dislocation des États comme ce fut le cas en Irak, en Libye, en Yougoslavie...Dans tous les cas, l'extension du rôle de l'OTAN dans ces interventions est flagrante.
Pour analyser la situation présente, il faut mesurer que nous sommes rentrés dans une étape nouvelle du développement capitaliste avec une concentration des monopoles qui s'est accentuée. La fusion du capital financier, commercial et industriel est devenue la règle à l'échelle de toute la planète, ainsi en 2021, 5 815 milliards de dollars d’opérations fusions/acquisitions ont été comptabilisées, soit une hausse colossale de 63 % sur 2020.
À cette étape, le partage du Monde, de ses ressources et des zones d'influences est plus que jamais à l'ordre du jour. Il concerne tous les continents, l'Asie, l'Europe, l'Amérique, l'Afrique. L’impérialisme français répond également à l’influence croissante de nouveaux concurrents dans la région, comme la Chine et la Russie. Dans le système capitaliste, ce repartage qui ne peut pas se faire sans tension et sans guerre conduit à des antagonismes accrus entre les plus grandes puissances capitalistes. L'analyse de tous les conflits en cours le montre. Chercher une autre origine à ces conflits, c'est vouloir délibérément cacher que la cause des guerres prend sa racine dans le système lui-même, dans son besoin d'accroître sans cesse les profits et d'accumuler toujours plus de capital.
Les sanctions économiques, sont un élément de la guerre que se mènent les puissances impérialistes. Avec les sanctions elles entendent redistribuer les cartes en affaiblissant leurs concurrents en accroissant leur marché. C'est une des armes utilisées contre la Russie par les USA et l'UE. Au premier titre de ces sanctions, nous trouvons, sans surprise celles concernant la circulation du capital et l'énergie. L’affrontement économique a toujours été une dimension majeure des grands conflits militaires. C’est encore plus vrai dans une économie capitaliste mondialisée.
Rappelons que si l’économie russe ne représente que 1,8 % du PIB mondial, elle est un gros fournisseur d’énergie : elle assure 13 % de la production mondiale de pétrole, c’était près de 20 % à la fin des années 1980 et 17 % de la production mondiale de gaz, c’était 30 % à la fin des années 1980. Bien que largement en baisse, son poids reste important et représente un élément clé de l’affrontement économique en cours(5) (en ce qui concerne la France, ses intérêts en Russie et en Ukraine ne sont pas négligeables(6)).
Deux puissances, la Russie et la Chine n’acceptent pas la domination des USA. La Chine puissance capitaliste en plein développement entend prendre toute sa place dans la compétition internationale pour la domination des marchés et l’appropriation des sources énergétiques et minières. Elle est l’ennemi désigné des USA ce dernier organise sa stratégie avec comme impératif son affaiblissement. Ils lui disputent sa puissance par des sanctions économiques lourdes et l'organisation en Asie d'une structure militaire avec le Japon, l'Australie et ...le Royaume Uni. Les pays de l'UE, dans le cadre d'une OTAN dominée par les USA leur ont emboîté le pas, en faisant à leur tour de la Chine l'ennemi désigné et en augmentant de manière substantielle leurs budgets militaires.
La Russie n’a pas la puissance économique de la Chine, mais elle a des réserves pétrolières, gazières et minières considérables. Elle est une puissance militaire du niveau des USA. Depuis 1991 les USA n’ont eu de cesse malgré leurs promesses de rapprocher l’OTAN au plus près des frontières de la Russie pour accroître sa pression militaire sur ce pays. Jusqu’au coup d’État de 2014 qui a vu l’éviction de l’oligarque Ianoukovitch, l’Ukraine était dans la sphère d’influence de la Russie. Depuis elle a basculé dans le camp occidental. La Russie n’a pas cessé de réclamer la neutralisation de l’Ukraine. Les USA ont répondu par une fin de non recevoir. La Russie qui considère que l’Ukraine doit faire partie de la fédération de Russie a décidé d'imposer ce point de vue en l’envahissant.
Ce faisant la Russie a fournit aux États de l’UE le prétexte imparable de renforcer leurs puissances militaires au service des USA dans le cadre de l’OTAN. L’Allemagne a ainsi décidé d’augmenter considérablement ses dépenses d’armement, afin de jouer à l’avenir un rôle militaire prépondérant en Europe mettant fin à ce qui lui était interdit depuis 1945.
Ainsi le conflit militaire en Ukraine n'est que la partie émergée d'un affrontement plus vaste entre la puissance dominante, économiquement et militairement que sont les USA et ses alliés (qui ont choisi d'en être les vassaux) et toutes les puissances économiques et militaires qui s’opposent à cette domination.
Les peuple n'ont rien à attendre de bon de tout cela.
Leurs luttes solidaires contre l'impérialisme, sa dénonciation comme fauteur de guerre doivent être leur boussole. Dans l'immédiat, nous les appelons à se mobiliser pour mener la bataille politique en exigeant un cessez le feu immédiat et l'ouverture de négociations. Avec les peuples ukrainien et russe disons stop à la guerre et à son engrenage vers un conflit généralisé.

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(1)https://www.sitecommunistes.org/index.php/monde/europe/1784-ukraine-la-logique-d-escalade-militaire-en-cours-c-est-celle-des-affrontements-au-sein-de-l-imperialisme
(2)https://www.sitecommunistes.org/index.php/monde/europe/1787-ukraine-stop-a-cette-guerre-dont-les-consequences-pesent-et-peseront-lourd-et-longtemps-pour-les-nations-et-les-peuples
(3)https://www.sitecommunistes.org/index.php/france/politique/1791-les-imperialistes-se-font-la-guerre-ce-sont-les-peuples-qui-paient
(4)Selon la Fédération Mondiale de la Jeunesse Démocratique Mikhaïl et Oleksandr Kononovitch, dirigeants de la Jeunesse Communiste sont actuellement détenus et menacés d’exécution par un groupe fasciste à Kiev
(5)https://www.sitecommunistes.org/index.php/le-parti/comite-national/1793-rapport-au-comite-national-du-05-mars-2022
(6)La Russie, accueille 700 entreprises françaises employant 200 000 salariés avec quelque poids lourds comme La Société Générale (2 millions de clients), LVMH, Hermès, Auchan, Renault (Lada), etc., Engie participe au projet de livraison de gaz Nord Stream 2 que l’Allemagne a finalement bloqué. Un quart de ses réserves d’hydrocarbures sont en Russie et l’entreprise Total entend avec la Russie exploiter le gaz de l’Arctique, mais Total dépend aussi du financement des banques américaines, 30 % de ses actionnaires sont des fonds US, dont le premier d’entre eux BlackRock. Les banques françaises sont les premières détentrices étrangères d’actifs en Russie avec 25 milliards de dollars (3 milliards en 2012).
En Ukraine, 160 entreprises françaises sont présentes avec 50 000 salariés. On y trouve encore Auchan et Décathlon, Renault et Peugeot, des banques (Crédit Agricole, BNP Paribas), de l’agroalimentaire (Bel, Lactalis, Bongrain, Danone), TotalEnergies.